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Duclair : le duc de la détermination

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LAS VEGAS - À l'image de ses coéquipiers des Panthers et leurs adversaires des Golden Knights, Anthony Duclair espère avoir la chance de soulever la coupe Stanley.

Ça viendra peut-être.

Cela dit, peu importe l'issue de la finale qui se poursuivra, lundi soir, au T-Mobile Arena – les Panthers tenteront alors de venger le revers de 5-2 encaissé en lever de rideau de la série samedi – la présence de Duclair en grande finale représente déjà un exploit en soi.

Un exploit qui honore et récompense la détermination affichée par le Lavallois de 27 ans au fil des dernières années pour surmonter les épreuves qui auraient facilement pu l'empêcher de se rendre à quatre victoires de la coupe Stanley.

Un exploit qu'il s'est permis de savourer samedi dans le cadre de sa préparation menant à son tout premier match de finale de la coupe Stanley en carrière.

« Je me suis permis de savourer ce premier match plusieurs fois », a lancé Anthony Duclair avec un large sourire de satisfaction accroché au visage.

« Un match de hockey demeure un match de hockey. Mais en arrivant à l'aréna, je me suis assuré de prendre le temps de réaliser où j'étais rendu. Pendant ma préparation dans le vestiaire et aussi pendant la période d'échauffement, j'ai dû me pincer quelques fois pour m'assurer que je ne rêvais pas. Que j'étais vraiment en finale de la coupe Stanley. »

Duclair est bel et bien rendu en grande finale. Et bien que lui et ses coéquipiers aient encaissé un revers lors du premier match, Duclair a inscrit un but important. Un but qui créait l'égalité 2-2 avec 11 secondes seulement à écouler en période médiane.

Duclair revendique quatre buts et 10 points en 16 matchs disputés depuis le début des séries. 

Il a raté un match. Le quatrième de la série contre les Bruins en première ronde. Et ce n'est pas parce qu'il avait été blanchi lors des trois premières rencontres qu'il a été laissé de côté.

« J'étais pas mal magané », que Duclair a tenu à préciser lors de la journée médiatique de vendredi.

Parcours dangereusement sinueux

La question méritait d'être posée. Car elle reflétait justement l'allure de la carrière difficile jonchée d'épreuves de toutes sortes qu'a connue Duclair depuis qu'il a quitté les Remparts de Québec pour faire le saut vers la LNH.

Et je ne fais pas seulement référence ici à la blessure au tendon d'Achille qui a hypothéqué sa saison. Qui aurait pu hypothéquer sa carrière.

Je fais surtout référence au parcours dangereusement sinueux et accidenté qu'il a suivi entre sa sélection en troisième ronde (80e sélection) par les Rangers de New York en 2013 et son arrivée à Las Vegas avec les Panthers de la Floride jeudi dernier.

Un parcours au fil duquel il a changé de club cinq fois. Cinq clubs avec lesquels il n'a pas toujours été en mesure de se tailler une place bien à lui. Que ce soit à New York, où les Rangers l'ont échangé après 18 rencontres seulement, en Arizona, à Chicago et Columbus où il n'a pas fait que passer et à Ottawa où les Sénateurs ont, comme bien d'autres, perdu espoir de le voir devenir le joueur annoncé. Le joueur attendu.

Rappelez-vous les commentaires de John Tortorella qui, alors entraîneur-chef des Blue Jackets de Columbus, avait expliqué sa décision de rayer Duclair de sa formation lors d'un match au Centre Bell parce qu'il se demandait si « Duclair savait vraiment jouer au hockey ou voulait vraiment s'astreindre aux sacrifices nécessaires pour rester dans la LNH ».

Vous aviez oublié les critiques acerbes de Tortorella à l'endroit de Duclair?

Le principal intéressé ne les a pas oubliés lui. Mais Anthony Duclair s'empresse ensuite d'ajouter qu'il garde de très bons souvenirs de son année passée à Columbus. Il s'empresse d'insister sur le fait qu'il garde même de bons souvenirs de John Tortorella et de ses entraînements très exigeants.

« Quand j'ai entrepris ma réadaptation pour revenir au jeu après ma blessure au talon gauche, mon entraîneur m'a dit que ce sera très difficile. Que je devrais travailler très fort. Je lui ai répondu que ce ne serait jamais aussi difficile qu'un camp d'entraînement dirigé par John Tortorella », que Duclair a lancé en riant vendredi dernier à l'aube de la finale.

Un tremplin nommé Zito

Anthony Duclair a d'autres raisons que les souvenirs d'un camp d'entraînement difficile pour apprécier son séjour à Columbus.

Car c'est là qu'il a croisé Bill Zito.

Alors adjoint au directeur général Jarmo Kekalaïnen, Zito a pris le temps de découvrir Anthony Duclair. De le comprendre. Dès ce moment, il a été convaincu qu'il valait la peine d'investir du temps, de l'argent et de la confiance en Anthony Duclair. Que ces investissements rapporteraient.

D'où sa décision, une fois directeur général des Panthers, de profiter de la présence de Duclair sur le marché des joueurs autonomes pour l'attirer dans le sud de la Floride.

« Pas une seconde! Je savais que je prenais la bonne décision », répond Bill Zito quand on lui demande s'il a hésité avant d'offrir un contrat à Anthony Duclair.

« En m'approchant de " Duc " à Columbus, je pouvais jouer le rôle du " good cop " parce qu'il avait déjà d'autres gars sur son dos. Mon ancien rôle d'agent a pris le dessus. J'ai pu prendre mon temps. J'ai pu discuter avec Anthony. J'ai pu l'encourager. Et j'ai vite compris que pour réussir, Anthony avait besoin de se retrouver dans des circonstances favorables. Il avait besoin d'être entouré de positif. C'est un gars comme ça. Et je savais que je pouvais lui offrir, en Floride, ce dont il avait besoin », raconte Zito avec un brin de fierté.

Ce que Zito pouvait offrir de favorable et de positif à Duclair dépassait les paramètres presque tropicaux de la Floride; la sécurité financière d'un contrat de 9 millions $ répartis sur trois ans, un contrat qui viendra à échéance le premier juillet; l'absence de pression extérieure alors que les Panthers jouent dans une presque complète indifférence médiatique.

« Je pouvais lui offrir une équipe en progression et surtout un joueur comme Aleksander Barkov qui est une plus grande vedette dans sa vie privée que sur les patinoires », assure Zito.

Complicité positive de Barkov

Anthony Duclair confirme sans hésiter l'effet positif que Barkov a eu sur lui comme hockeyeur et comme personne. « C'est l'un des trois meilleurs joueurs de hockey au monde. C'est le genre de gars qui sait te mettre en confiance. »

Le Lavallois s'est occupé du reste. Car le principal intéressé devait aussi faire sa part pour restaurer l'image qu'il projetait autour de la LNH. L'image qu'il avait laissée dans les villes où il avait fait escale.

Il l'a fait. Sur la glace bien sûr, mais aussi dans la gestion de sa carrière alors qu'il a décidé de prendre le complet contrôle du volet affaires de sa carrière.

« J'étais bien conscient qu'il se disait beaucoup de choses sur mon compte et j'ai décidé que j'étais le mieux placé pour parler directement aux directeurs généraux et leur expliquer quel joueur je suis. Bill a été le premier à me contacter. J'ai parlé à plusieurs autres clubs, mais il est vite devenu clair que je voulais faire du sud de la Floride l'endroit où j'allais m'installer pour de bon », explique Duclair qui semble vraiment avoir pris la bonne décision.

Car les Panthers et la Floride semblent aller comme un gant au joueur de hockey et à l'homme sous l'équipement.

« Ça n'a pas toujours été facile, mais j'ai été chanceux de pouvoir toujours compter sur l'appui inconditionnel de ma famille. Cela a été très important. »

Quand on souligne à Duclair qu'il mérite des félicitations pour avoir maintenu le cap dans ce parcours jonché de tempêtes alors que bien d'autres auraient pu se laisser dériver, il se dresse sur sa tête, se bombe un peu le torse de satisfaction avant d'échapper : « merci, je l'apprécie! »

Sa plus belle récompense, Duclair a commencé à la savourer samedi avec son accession à la finale de la coupe Stanley. Il ne lui reste qu'à soulever le gros trophée pour compléter son ascension et se retrouver au sommet du hockey.