À la manière de mon collègue Mario Tremblay, il me fera plaisir de me mettre dans la peau de Claude Julien tout au long de la série finale pour vous faire part de mes analyses après chaque rencontre.

Les Bruins ont perdu de manière crève-coeur dans les dernières secondes de la troisième période. Julien n'a pas dû être négatif en entrant dans la chambre des joueurs après la rencontre, bien au contraire.

Ses Bruins n'ont pas été déclassés par les Canucks - comme en témoigne les 36 tirs contre 34 en faveur de Boston - et ils ont démontré une belle profondeur sur chacun de leurs quatre trios. Mais Roberto Luongo a été excellent, une excellence jumelée à l'incapacité de l'avantage numérique des Bruins de profiter de leurs opportunités. Une histoire qui se répète encore une fois...

Julien doit vraiment apporter des changements à son jeu de puissance et cela commence par une diminution du temps de glace de Mark Recchi. Mercredi, pendant que l'attaquant de 43 ans était employé par le pilote des Bruins lors d'un cinq contre trois, je cherchais Nathan Horton et Patrice Bergeron sur la patinoire. Il n'était tout simplement pas là! Et pourtant, en matière de buts importants, on peut dire que Horton a fait plus que sa part depuis le début des présentes séries.

Je ne comprends pas l'entêtement de Julien à utiliser à profusion Recchi. La direction des Bruins, ou du moins les assistants de Julien, devraient lui dire : «Écoute, Claude, ça fait combien de parties consécutives que Recchi est tenu à l'écart de la feuille de pointage?»

On n'a qu'à voir l'expression faciale de Recchi lorsqu'il retourne au banc pour comprendre qu'on lui en demande trop, qu'il a de la difficulté à suivre le rythme. Il a la bouche grande ouverte et il cherche son air. On voit qu'il tire de la patte, mais on dirait qu'il n'y a que le personnel d'entraîneurs des Bruins qui ne s'en rendent pas compte.

Je suis d'avis que cet entêtement pourrait coûter la série aux Bruins, d'autant plus que certains vétérans de l'équipe doivent se demander ce qu'un homme dans la quarantaine peut bien apporter de plus qu'eux sur l'attaque à cinq.

Dans mon plan de match, j'enverrais Recchi - il n'a pas obtenu un tir au but en 15:38 de jeu lors du premier match - évoluer quatre à cinq minutes par match sur la quatrième ligne et j'amènerais Michael Ryder ou Tyler Seguin jouer en compagnie de David Krejci et Milan Lucic. Lors de ce premier duel contre les Canucks, Seguin n'a joué que pendant 6:21 et Ryder, 14:07. C'est loin d'être suffisant.

Une autre chose que je ferais si j'étais Julien, ce serait de retourner Chara au point d'appui au lieu de le laisser devant le filet. Ça fait quelque temps que cette stratégie ne fonctionne pas, et l'entraîneur-chef des Bruins gagnerait à retourner Lucic devant le but et de frapper plus le filet. C'est d'ailleurs un des gros problèmes des Bruins en avantage numérique : ils tentent trop souvent des lancers sur réception au lieu de frapper le filet.

Il reste que Julien a dû être satisfait de ce premier match de la finale disputé sur la route. Il doit aussi tirer satisfaction dans le fait qu'il a eu à certains moments les Canucks exactement là où il le voulait, blanchissant au passage l'avantage numérique de Vancouver à six occasions.

Le résultat du match aurait pu aller d'un côté comme de l'autre au gré des excellentes prestations de Tim Thomas et de Luongo. Le gardien des Canucks, qui a reçu la première étoile, sera-t-il aussi bon tout au long de la finale? Ça reste à voir...

En terminant, je vous invite à aller lire ce qu'avait à dire Mario Tremblay sur le premier match de la série. Il s'est mis dans la peau d'Alain Vigneault.

*Propos recueillis par Guillaume Rivest