La dernière année fut remplie de changements pour plusieurs et encore plus pour moi.

Le 6 janvier dernier, après une longue semaine de négociation (ainsi que peu de sommeil), le lock-out se termina avec une entente de 10 saisons qui devrait assurer une stabilité que la LNH avait grandement besoin. Plusieurs partisans, et avec raison, étaient frustrés de ce deuxième arrêt de travail en huit ans et plusieurs autres se demandaient comment les deux parties avaient pu se rendre là. Malheureusement, ce n'était pas aussi simple que ça pouvait paraître. Bien que plusieurs d'entre vous me diront que le partage 50/50 était inévitable, c'est plutôt le processus qui s'est avéré plus ardu que prévu. Je me rappellerai toujours de la phrase que Don Fehr nous a répétée à quelques occasions « On sait quand un lock-out commence mais on ne sait jamais quand il se terminera ». L'important dans toute cette histoire est que le conflit est terminé, que les partisans continuent à encourager leurs favoris et que la LNH est en meilleure santé qu'elle ne l'a jamais été.

De mon côté, la fin du lock-out était le début d'un long questionnement sur ma carrière. J'étais très heureux du dénouement puisque je savais que j'aurais bientôt des réponses au sujet de mon futur comme joueur de hockey, mais je trouvais difficile d'aller patiner avec mes anciens coéquipiers au complexe Bell de Brossard ne sachant pas si je faisais tout ça pour rien. J'ai toujours apprécié les joueurs de m'avoir inclus dans leur session d'entraînement précédent le camp puisque j'étais le seul à ne pas faire partie de l'équipe. Je sentais que je n'avais pas ma place et j'allais cesser d'y aller jusqu'à ce que Brian Gionta, en bon capitaine et ami, m'appelle pour me dire de continuer à me présenter puisque j'étais un des leurs.

Cette semaine passa et les joueurs se préparaient pour leur camp d'entraînement, et je n'avais toujours pas de contrat. Le samedi 12 janvier, veille de l'ouverture des camps, j'étais à l'aréna de Beauharnois en compagnie de Francis Bouillon pour regarder nos garçons en tournoi lorsque mon téléphone sonna et Lou Lamoriello m'invita au camp des Devils. J'ai quitté le soir même pour le New Jersey et j'ai participé au camp de Devils qui s'est poursuivi pendant un mois et demi. Lamoriello a été incroyable avec moi et me donnait l'heure juste tous les jours. Il tentait de compléter un échange qui ne s'est jamais matérialisé. De plus, l'équipe se retrouvait au premier rang à ce moment et il n'y avait aucune blessure. Après ces 5-6 semaines, j'ai dit à Lou que je ne pouvais plus attendre et surtout faire attendre ma famille, donc je suis revenu à Montréal pour sérieusement étudier toutes les options qui s'offraient à moi. J'avais reçu plusieurs offres de contrats à deux volets ainsi que plusieurs offres en Europe.

J'avais déjà pris la décision que c'était un contrat à un volet dans la LNH ou la retraite. Pas que je me trouvais trop bon pour les autres offres (loin de là même), mais j'avais décidé avec mon épouse qu'à mon âge et à ce stade de ma carrière, je n'étais pas prêt à suivre ce chemin. J'avais passé assez de temps dans la Ligue américaine tout au long de ma carrière. La journée où j'en ai fait l'annonce sur Twitter en affichant mes patins accrochés, j'ai ressenti un énorme soulagement puisque je pouvais maintenant arrêter de me casser la tête et passer à autre chose. Mon épouse est la première a m'avoir mentionné que mon humeur a changé suite à cette annonce.

Pour un athlète professionnel, ce n'est jamais facile de s'admettre, et non d'admettre, que c'est fini. C'est Mathieu Darche que je devais convaincre et non les autres personnes. J'ai adoré jouer au hockey et je me considère honoré d'avoir eu l'occasion de jouer et de terminer ma carrière avec la meilleure organisation du hockey, les Canadiens de Montréal.

Par la suite, j'ai eu la chance de pouvoir rester près du hockey en me joignant à l'équipe de RDS à titre d'analyste (et non journaliste). Je rejoins mon collègue et ancien coéquipier Marc Denis en disant que j'ai aussi retrouvé un bel esprit d'équipe chez RDS. Je le rejoins aussi quand, dans sa chronique de ce matin, il mentionne que nous ne sommes pas des « joueurnalistes » et que ce serait une insulte à ceux qui en font leur profession depuis plusieurs années. Je ne rapporte pas la nouvelle, je la commente.

Depuis ce temps, je travaille aussi chez Delmar International à titre de directeur au Développement des Affaires et j'en suis des plus heureux. J'utilise finalement mon diplôme obtenu de l'Université McGill en mai 2000. Je suis aussi très heureux de continuer à travailler et contribuer à RDS. Bien que mon rôle d'analyste n'est pas mon emploi à temps plein, je le fais avec ma pleine attention et mon plus grand plaisir.

Je vous écris rapidement ce résumé de ma dernière année pour vous souhaiter mes meilleurs voeux en 2014 et vous dire que plusieurs choses peuvent changer en un an. Plusieurs bonnes choses arrivent à ceux qui s'y préparent et qui y mettent les efforts. Mon année 2013 avait débuté avec un deuil à faire et s'est terminée avec deux emplois qui me passionnent autant que ma carrière de joueur de hockey. Sans oublier mes fonctions d'entraîneur des équipes novice et atome de mes deux garçons.

Bonne et heureuse année à tous et merci de me lire. Au plaisir de partager avec vous tout au long de 2014!!!