DENVER (AP) - Par nécessité mais par choix aussi, l'Avalanche du Colorado a apporté plusieurs changements importants à la recette qui a fait son succès sur la patinoire et auprès de ses partisans depuis que l'équipe est à Denver.

Dans le contexte de la nouvelle LNH, l'Avalanche n'a guère eu d'autre choix que de se départir de Peter Forsberg et Adam Foote. La décision d'embaucher Brad May, un joueur honni dans l'affaire Todd Bertuzzi-Steve Moore, est une autre histoire, toutefois.

Mais s'il faut résumer les 17 derniers mois de l'équipe, il faut parler de ces transactions. L'équipe, aspirante aux plus grands honneurs année après année, est maintenant devenue un point d'interrogation. Surtout aux yeux des amateurs de hockey du Colorado, qui se demandent de quoi aura l'air la formation qui a remporté deux fois la coupe Stanley en neuf saisons, et pourquoi on a embauché un joueur comme May.

"C'aurait été une claque au visage si on avait engagé l'autre gars, a souligné le directeur général Pierre Lacroix. Son nom n'est pas Todd Bertuzzi. C'est Brad May."

Lorsqu'il s'alignait avec les Canucks de Vancouver, May avait déclaré - supposément à la blague - que la tête de Moore aurait dû être mise à prix à cause de ce qu'il avait fait à Markus Naslund. Bertuzzi avait même appuyé les propos de son coéquipier, par ses mots et ses actions - on sait tous comment.

May et Bertuzzi doivent d'ailleurs assurer leur défense, présentement, dans une poursuite civile intentée à Denver.

Bertuzzi sera de retour au jeu avec les Canucks, tandis que May se retrouve dans l'uniforme qui lui faisait auparavant honte.

May a été hué à ses premiers matchs préparatoires à Denver, mais les amateurs ont graduellement été charmés par son style frondeur.

Les joueurs de l'Avalanche insistent: sa présence ne sera pas une distraction.

"Je l'ai déjà dit, je me sens mal pour ce qui est arrivé à Steve, a déclaré le capitaine Joe Sakic. Mais ce n'est pas Brad qui l'a fait. Je suis certain qu'il se sent mal lui aussi."

Mais la question la plus pressante dans l'entourage de l'équipe, c'est de savoir si Pierre Turgeon, 36 ans et Patrice Brisebois, 34 ans, réussiront à bien s'intégrer à leurs nouveaux coéquipiers. Essentiellement, ce sont eux qui ont remplacé les postes laissés vacants par Forsberg et Foote. Ni l'un ni l'autre ne prétend toutefois être du même niveau que leurs prédécesseurs.

"Je ne suis pas Peter Forsberg, ça, nous le savons", a affirmé Turgeon.

Même s'il a été choisi quatre fois au sein des équipes d'étoiles, la récolte de points de Turgeon a chuté de moitié au cours des trois dernières saisons, passant de 30 buts et 52 passes en 2000-01, avec les Blues de St. Louis, à 15 buts et 25 aides en 2003-04 avec les Stars de Dallas.

Sauf qu'il était le meilleur joueur disponible selon ce que l'Avalanche était en mesure de se permettre financièrement, tout en respectant le plafond salarial.

Avant, Lacroix était fier de pouvoir présenter une formation pouvant aspirer aux plus grands honneurs année après année, peu importe le contexte. Le directeur général se dit toutefois heureux de ce qu'il a accompli cette année, affirmant que l'équipe a autant de profondeur que par les années passées.

Sauf qu'il est clair que l'Avalanche ne regorge pas autant de talent qu'à son dernier match officiel, en demi-finale d'association contre les Sharks de San Jose.

Les vraies questions, ce sont: quelles sont les équipes qui ont le plus profité du contexte de la nouvelle LNH? Et se sont-elles améliorées davantage que le Colorado?

"Je pense que l'équipe qui aura la meilleure chimie et qui jouera le mieux collectivement aura l'occasion de remporter le plus grand nombre de matchs, a déclaré l'attaquant Andrew Brunette. Je ne pense pas que les équipes puissent se payer le luxe, maintenant, d'avoir plus de trois joueurs vedettes."