TORONTO - Les 30 directeurs généraux de la LNH ont beaucoup parlé, échangé et rouspété mardi dans les bureaux de la LNH à Toronto. Ils ont parlé des bagarres, des dégagements hybrides, du déroulement des séries éliminatoires et d’une multitude de petits éléments qui déplaisent aux uns et chicotent les autres.

Si l’on se fie aux réactions de Steve Yzerman, toutes ces paroles ne devraient pas se traduire par de grands changements. Car à la question qu’est ce que vous avez le plus apprécié de votre journée de discussions, le directeur général du Lightning de Tampa Bay a répondu : « le lunch » !

Apôtre de la non-violence et ouvertement en faveur de l’abolition des bagarres, Yzerman a esquissé une moue lorsque RDS lui a demandé s’il sentait que sa croisade visant l’abolition des bagarres gagnait du terrain.

« On a beaucoup parlé, mais bien honnêtement, je n’ai pas senti une réelle volonté de changements sur ce point », a mentionné Yzerman.

Yzerman ne doit toutefois pas baisser la tête ou les bras. Car bien que sa croisade ne se traduit pas encore par de grands changements, les bagarres et leur abolition sont à l’ordre du jour de toutes les réunions des DG depuis deux ou trois ans. C’est ça de gagné si l’on considère qu’on ridiculisait tous ceux qui osaient remettre les bagarres en question il y a cinq ans à peine.

S’il est clair que l’abolition des bagarres n’est pas pour demain, ou même après demain, les directeurs généraux ont toutefois ouvert la porte à une modification des règles régissant les bagarres impliquant les gardiens. Il faut dire que la polémique associée à l’assaut de Ray Emery, des Flyers, aux dépens de Brayden Holtby, des Capitals, a moussé l’importance de se pencher sur cette question.

Marc Bergevin et ses homologues réfléchiront donc au cours des prochains mois sur la pertinence d’imposer des sanctions à l’endroit des gardiens qui quitteraient leur zone défensive pour livrer un combat à l’autre bout de la patinoire. Ils partageront leurs réflexions en mars prochain afin de déterminer de l’à-propos de resserrer les règles régissant les bagarres impliquant les gardiens.

« Je ne suis pas contre les bagarres, mais je suis en faveur de la sécurité des joueurs. Je ne crois pas que les bagarres soient une épidémie dans le hockey d’aujourd’hui. Dans le cas des gardiens, c’est différent. Je sais que ça n’arrive pas souvent, mais je ne voudrais certainement pas perdre les services de Carey (Price) dans une bagarre de gardiens qui n’est pas nécessaire », a indiqué Bergevin.

Victoire de Holland

De toutes les propositions avec lesquelles les directeurs généraux ont jonglé hier, celle de doubler la durée des prolongations semble être la seule qui passera des mots aux actes. Peut-être même dès la saison prochaine.

Si tel est le cas, le directeur général des Red Wings de Detroit, Ken Holland, pourra crier victoire. Opposé aux tirs des barrages depuis que la LNH les a imposés après le lock-out de 2004-2005, Holland revient à la charge depuis trois ans pour que la prolongation passe de cinq à dix minutes. À défaut de pouvoir obtenir l’abolition des tirs de barrage, Holland pourrait diminuer leur fréquence puisque les cinq minutes additionnelles amélioreraient les chances de marquer un but gagnant.

S’il est clair que la prolongation sera allongée et qu’elle pourrait l’être dès l’an prochain, les modalités ne sont pas encore établies.

S’étendra-t-elle sur sept, huit, dix minutes? Jouera-t-on à quatre contre quatre pendant les cinq premières minutes et à trois contre trois pour les cinq dernières si elle dure 10 minutes? C’est loin d’être acquis.

« Si on peut diminuer les fréquences des fusillades ce sera déjà une victoire. Quant aux modalités, on aura l’hiver pour en parler », a mentionné Ken Holland à sa sortie des bureaux de la LNH.

Directeurs généraux des Blues de St Louis et du Lightning de Tampa Bay, Doug Armstrong et Steve Yzerman voient d’un bon œil une prolongation de dix minutes. Mais d’un moins bon œil, le fait de jouer à trois contre trois.

« La fusillade ne respecte pas les normes normales du hockey qui demeure un sport d’équipe. Mais le jeu à trois contre trois est loin d’être fréquent. J’ai des réserves sur ce point », a indiqué Armstrong.

« J’aime l’aspect spectaculaire des tirs de barrage. Les partisans aussi. Mais comme directeur général, je n’aime pas l’idée de voir l’issue d’un match crucial en fin de saison être déterminée par une fusillade. C’est pour cette raison que je serais favorable à une prolongation de 10 minutes tout en maintenant les tirs de barrage en cas d’égalité au terme de cette prolongation doublée. Mais le jeu à quatre contre quatre me semble suffisamment spectaculaire. Je jouerais à quatre contre quatre durant les 10 minutes », a ajouté Yzerman.

Directeur général des Devils du New Jersey, Lou Lamoriello a proposé que les équipes changent de côté après les cinq premières minutes en prolongation.

L’implication de la plupart des DG dans l’élaboration des paramètres de cette prolongation plus longue est un signe évident de la victoire imminente de Ken Holland.

Une proposition concrète de changement de règlement sera sans l’ombre d’un doute élaborée lors de la prochaine réunion des directeurs généraux en mars prochain. Cette proposition n’aura ensuite qu’à être approuvée par l’association des joueurs et entérinée par les gouverneurs pour entrer en vigueur dès la saison prochaine.

Dégagements hybrides et séries

Comme je vous l’indiquais mardi matin, les dégagements hybrides sont dans la LNH pour y rester. Non seulement font-ils l’unanimité aux quatre coins du circuit, mais il semble que les Suédois considèrent la possibilité de les adopter dans leurs ligues professionnelles.

Les dirigeants de la LNH tiennent toutefois à ce que les paramètres de l’application de ces dégagements soient resserrés.

« Il y a des ajustements à apporter. Il arrive trop souvent que des courses pour des rondelles libres soient écartées par les juges de lignes qui sifflent au lieu de nous donner la chance de poursuivre nos attaques », a indiqué le directeur général du Canadien.

Comme plusieurs de ses homologues, Marc Bergevin croyait que l’instauration des dégagements hybrides se traduisait depuis le début de la saison par une surmultiplication d’arrêts de jeu.

Il n’en est rien.

« Les responsables de la LNH nous ont présenté des relevés qui réfutent mes prétentions. On va suivre l’application des dégagements hybrides, mais dans l’ensemble c’est positif. »

Bien qu’on soit encore à des mois des premières séries éliminatoires depuis la refonte des divisions et associations, quelques directeurs généraux ont remis en question le déroulement des séries. Des doléances qui ont été vite balayées du revers de la main.

« Des directeurs généraux contestent le fait qu’un club qui se qualifie à titre de meilleur deuxième dans une division pourrait se retrouver dans l’autre division selon son nombre de points à sa fiche. C’est une réalité. Mais c’est connu depuis l’ébauche du projet de refonte des divisions. On va au moins traverser les séries une fois avant de faire des changements », a indiqué Colin Campbell, vice-président de la LNH.

Les trois premières équipes de chaque division accèdent aux séries.

Derrière ces six équipes de tête, les deux clubs affichant les meilleures moyennes de réussite seront invités en série. Ces équipes pourraient être de l’une ou l’autre des deux divisions. Peut-être de la même.

Même dans l’éventualité où la logique serait respectée et que les quatre équipes de chaque division accédaient aux séries, l’équipe affichant la pire fiche des deux derniers clubs invités affronterait l’équipe affichant le meilleur dossier. Même si cela devait entraîner un changement de division.

D’où les doléances de certains DG qui dénoncent le fait que la volonté de mousser les rivalités au sein de chacune des divisions serait minée par les permutations de ces clubs. Des clubs qui resteraient ensuite dans la division opposée pour la durée des séries.

Je sais, c’est compliqué. On en reparlera donc le printemps prochain lorsqu’on frappera aux portes des séries.