MONTRÉAL - Sans défiler une série d'anecdotes pouvant en faire la preuve, David Perron reconnaît que Ken Hitchcock n'était pas l'entraîneur-chef le plus facile à côtoyer. Mais ça n'empêche pas le fait que l'attaquant originaire de Sherbrooke lui voue beaucoup d'estime, au point où il affirme avoir été secoué par son licenciement, le 1er février.

« Je pense que j'ai été l'un des gars les plus ébranlés quand il a été congédié, a avoué Perron après la séance d'entraînement matinale de l'équipe, samedi au Centre Bell.

« C'est un entraîneur qui est très difficile, tout le monde sait ça. Il y a des moments où ce n'est pas toujours beau et d'autres où c'est mieux, a déclaré Perron, qui avait joué sous les ordres de Hitchcock pendant presque deux saisons complètes à compter de l'automne 2011.

« En tant que joueur, tu le sais quand tu ne connais pas un bon match, et parfois, il a des façons particulières de te le faire savoir. Il savait exactement sur quel bouton appuyer. C'est vrai qu'il pouvait souvent appuyer sur le même bouton et ce n'est pas toujours évident de composer avec cela. Mais ça te fait travailler sur toi-même et en bout de ligne, ça amène du positif. »

Perron, qui totalise 11 buts et 30 points en 55 matchs, a notamment apprécié comment Hitchcock a réagi lorsqu'il a accepté de revenir avec les Blues à titre de joueur autonome au cours de l'été.

« Il m'a appelé et je lui ai parlé plusieurs fois, car il voulait être sûr que je connaisse mon rôle. Il m'avait dit que je jouerais en désavantage numérique, en avantage numérique, et c'est exactement ce qui est arrivé jusqu'à maintenant cette année. Honnêtement, je ne suis pas sûr que j'aurais pu avoir ce temps d'utilisation et ce rôle-là ailleurs. Je suis content parce que ce qu'on m'a dit, c'est vraiment ce qui s'est passé. »

Perron commence à être un habitué des changements d'entraîneurs en pleine saison, lui qui a vécu une situation semblable il y a un peu plus d'un an avec les Penguins de Pittsburgh. Il sait à quel point de telles décisions peuvent être désolantes pour ceux qui écopent, mais il réalise aussi que les joueurs doivent continuer à avancer.

« On est déçu quand ça arrive, parce que nous avons laissé tomber quelqu'un. Mais d'un autre côté, il faut tourner la page le plus rapidement possible et se mettre à travailler pour celui qui arrive. Et je pense que ç'a été bénéfique qu'il (Mike Yeo) connaisse la situation de l'équipe, étant donné qu'il était assistant-entraîneur toute la saison. Ça va bien jusqu'à maintenant, et on verra la suite. »

Attitude différente

Le remplacement de Hitchcock par Yeo, qui devait d'abord survenir au début de la prochaine saison, a rapporté des dividendes jusqu'à maintenant puisque les Blues ont remporté quatre de leurs cinq rencontres depuis le 2 février.

Au coeur d'un périple de cinq matchs à l'étranger, la formation du Missouri a gagné ses trois premières sorties et signé des victoires contre deux rivaux du Canadien, les Sénateurs d'Ottawa et les Maple Leafs de Toronto au cours des derniers jours.

Ce rendement a permis aux Blues de se hisser au troisième rang de la section Centrale, bien que la bataille pour une place dans les séries éliminatoires ne fasse que commencer.

En seulement cinq matchs, Perron a été à même de constater que Yeo qui, à 43 ans, est de 22 ans le cadet de Hitchcock, n'affiche pas le même comportement que son célèbre prédécesseur.

« Pour son âge, il a beaucoup de prestance. Hitchcock était un peu plus passif derrière le banc, à part sa voix! Mike se promène plus, il parle plus aux gars, il donne des tapes sur les épaules quand ils reviennent au banc. De ce côté-là, c'est rafraîchissant, c'est sûr », admet Perron.

Sans critiquer son prédécesseur, Yeo pense que ce volet du boulot d'entraîneur est important.

« Beaucoup d'entre nous croient que le rôle d'un entraîneur consiste à apporter des correctifs, souligne Yeo. C'est une partie de notre travail, mais une autre partie est aussi de reconnaître l'effort des joueurs et ce qu'ils font de bien. Ça aide à bâtir notre programme, notre jeu sur la patinoire. J'essaie de penser à cet aspect. »

Conscient de ses différences philosophiques avec Hitchcock, Yeo n'a toutefois pas caché son admiration pour son ancien patron.

« Je suis vraiment chanceux d'avoir pu travailler avec 'Hitch' et d'apprendre certains points qui ont fait de lui un entraîneur-chef si exceptionnel. Je peux facilement comprendre pourquoi il a connu tant de succès, que ce soit au niveau de sa stratégie et surtout de sa préparation. Pour le reste, j'essaie de rester qui je suis. J'ai confiance en mes habiletés. J'ai beaucoup appris de 'Hitch', mais tout ce que je peux faire, c'est d'être moi-même. »