Bobrovsky : à la gloire de Dieu
SUNRISE – Sergeï Bobrovsky a gardé les buts comme un Dieu samedi soir en lever de rideau de la finale de la coupe Stanley.
Ses 32 arrêts, dont six, huit, peut-être même dix peuvent être qualifiés de vols, lui ont permis de blanchir Connor McDavid, Leon Draisaitl et les Oilers 3-0 pour permettre aux Panthers de prendre les devants 1-0 dans le cadre de la grande finale qui se poursuivra lundi en Floride.
Cette grande performance n'a fait qu'accentuer la renommée du gardien russe. Une renommée qui le laisse toutefois de marbre.
« Je joue pour la renommée de Dieu et non pour la mienne. Sans lui, je ne suis rien », que Bobrovsky a lancé à la meute de journalistes qui l'entouraient dans le vestiaire des Panthers après le match.
Comme plusieurs de ses compatriotes, Sergeï Bobrovsky est très pieux. S'il est impossible de déterminer l'impact que sa foi a pu avoir sur sa performance exceptionnelle, il est très facile d'avancer que les dieux du hockey s'étaient rangés derrière lui et ses coéquipiers des Panthers.
Dès les premiers instants d'un match que les Oilers venus d'Edmonton ont amorcé avec vitesse, force et cohésion alors que les Panthers étaient sur les talons, désorganisés et dépassés, Bobrovsky a réalisé le premier de ses nombreux gros arrêts aux dépens Zach Hyman, le meilleur franc-tireur de la Ligue depuis le début des séries.
Quelques instants plus tard, les Panthers prenaient les devants 1-0 à la suite d'un bel échange amorcé par Sam Reinhart et poursuivi par Sacha Barkov qui a offert une occasion de marquer à Carter Verheaghe qui ne l'a pas ratée.
Le ton était donné.
Au fil d'un barrage de 12 tirs au cours du seul premier tiers, Bobrovsky s'est ensuite dressé devant Connor McDavid et Leon Draisaitl qui ont totalisé 10 tirs cadrés au cours du match.
En plus d'être frustrés à plusieurs reprises par des arrêts sensationnels du gardien qui était en état de grâce, les Oilers ont bousillé des occasions en or en ratant la cible sur des tirs de l'enclave. Le vétéran Corey Perry a aussi privé son équipe d'un but en stoppant une rondelle qui allait glisser derrière la ligne des buts avec la lame de son patin.
« Les dieux du hockey changent parfois l'allure des matchs. On ne méritait pas vraiment de gagner le sixième match contre Dallas, mais on ne méritait pas de perdre le match de ce soir », philosophait le capitaine des Oilers.
Prêt à tout
C'était seulement la troisième fois des séries que les Panthers accordaient 32 tirs au cours d'une rencontre alors qu'ils affichaient, avant la première partie de la finale, une moyenne de 24,5 tirs accordés par rencontre.
C'était aussi la troisième fois seulement qu'ils obtenaient moins de tirs que leurs adversaires. Ils avaient d'ailleurs encaissé des revers – 3-1 aux mains du Lightning en première ronde et 2-1 aux mains des Rangers en finale de l'Est – lors des deux premières occasions.
Questionné sur le fait que son gardien avait su tirer avantage du fort début de match des Oilers pour se mettre dans le coup et qu'il s'était démarqué en dépit du nombre plus élevé de tirs affrontés qu'à l'habitude, Paul Maurice a assuré ne pas être le moindrement surpris. « Bob est dans une classe à part. Il est dans la Ligue nationale depuis longtemps et il a affronté toutes les situations. Il est capable d'être solide lorsqu'il fait face à des barrages comme c'est arrivé ce soir et est tout aussi efficace lorsqu'il est moins occupé. »
Améliorations à apporter des deux côtés
Aussi bon soit Sergeï Bobrovsky, les Panthers seraient très mal avisés d'accorder autant d'occasions de marquer lors du deuxième match de la finale et des autres qui suivront.
Car les Oilers, avec leur force de frappe, finiront assurément par percer le gardien des Panthers. Que ce soit à forces égales ou en attaque massive, bien que les as des supériorités numériques depuis le début des séries ont été blanchis en trois occasions samedi.
« Nous avons beaucoup de choses à améliorer », a d'ailleurs convenu l'entraîneur-chef Paul Maurice.
Matthew Tkachuk l'a aussi souligné au terme de la victoire par jeu blanc – Bobrovsky et les Panthers avaient aussi blanchi les Rangers 3-0 lors du premier match de la finale de l'Est – des Panthers qui se sont offert l'avance pour la première fois en trois présences en finale de la coupe Stanley.
« Peu importe la manière dont tu gagnes, c'est toujours plaisant de savourer une victoire. Nous en avons arraché pas mal pour gagner, mais on l'a fait. Et nous prendrons les moyens pour être meilleurs lors du prochain match », que le fougueux ailier droit a assuré.
Dans le camp des Oilers, il n'y a pas grand-chose à changer sur l'aspect offensif du premier match.
Mais en défensive, il faudra se resserrer.
Surtout dans le cas du duo Cody Ceci – Darnell Nurse qui a été pitoyable bien trop souvent lors du premier match.
Quand une équipe se bute à un gardien qui jouit de l'appui des dieux du hockey, comme c'était le cas samedi avec Bobrovsky, il est essentiel d'être imperméable en défensive. Il est tellement difficile de marquer qu'il ne faut pas en plus laisser l'adversaire prendre les devants.
C'est pourtant ce que le duo Ceci-Nurse a fait samedi.
Il a été victime du bel échange des Panthers sur le premier but, mais il s'est rendu coupable de deux erreurs sur le but qui a permis à la Floride de doubler son avance. Premier responsable : Ceci a perdu la rondelle derrière le but. Deuxième responsable : Nurse qui a bien mal réagi à la suite du revirement et a mal paru en étant incapable de compliquer le travail de Sam Bennett qui a facilement repéré Evan Rodrigues dans l'enclave.
Le troisième responsable est Evander Kane qui, avec un repli défensif des plus mollasson, a laissé filer Rodrigues dans l'enclave d'où il a marqué sans être le moindrement ennuyé.
Ce trio d'erreurs est impossible à pardonner en saison régulière. Imaginez en grande finale de la coupe Stanley.
Il sera intéressant de voir si l'entraîneur-chef des Oilers, Kris Knoblauch secouera sa brigade défensive en y ramenant Vincent Desharnais qui ratait un quatrième match consécutif samedi.
Dans le cadre d'un match au cours duquel son vis-à-vis a volé la vedette, Stuart Skinner, malgré le revers, a semblé très à l'aise devant son filet. Il a stoppé 15 des 17 tirs affrontés – le troisième but a été marqué dans un filet désert – et ne peut être blâmé sur l'un ou l'autre des deux premiers buts des Panthers.
« Lors de matchs comme celui de ce soir, tu ne peux faire autrement qu'être impressionné par la qualité de la performance de ton adversaire », a convenu le gardien des Oilers.
Entre les lignes
- En écoulant sans ennuis les deux attaques massives des Panthers, les Oilers ont maintenant écoulé, avec succès, les 30 derniers avantages numériques de leurs adversaires...
- Les Panthers ont passé plus de temps à tenter de rejoindre les Oilers pour leur soutirer la rondelle que de temps en plein contrôle du disque. Résultat : les Panthers ont distribué 63 mises en échec. C'est 28 de plus que le nombre de coups d'épaule assénés par les Oilers...
- Les partisans des Panthers ont passé une partie du match à scander avec fierté « USA! USA! USA! » lors du match. Je veux bien croire que les Oilers viennent du Canada et qu'il n'avaient pas le moindre Américain en uniforme samedi soir. Mais dans le camp des Panthers, on n'en compte que trois – Matthew Tkachuk, le vétéran Kyle Okposo et le gardien réserviste Anthony Stolarz. Il y avait donc plus de Canadiens (6) et de Finlandais (4) et autant de Suédois (3) et des Russes (3) que d'Américains au sein de la formation officielle des Panthers samedi soir. Pas de quoi scander des USA à tue-tête en guise de célébrations dans les gradins du Amerant Bank Arena...