PALM BEACH – Parmi les équipes coincées par la faible évolution du plafond salarial, il y a des clubs, comme le Lightning de Tampa Bay, qui aspirent aux grands honneurs et il y en a d’autres, comme le Canadien, qui procèdent à une refonte. 

Ainsi, la réalité dans laquelle Julien BriseBois, le directeur général du Lightning, est bien différente de celle de Kent Hughes. Pendant que BriseBois recherche des économies intéressantes pour conserver son puissant noyau, Hughes veut se débarrasser de contrats plombés et hérités de l’ancien régime. 

Avant la date limite des transactions, BriseBois a encore sorti un lapin de son chapeau en procédant à l’acquisition de Brandon Hagel des Blackhawks de Chicago en retour deux choix de première ronde (2023 et 2024). 

Les moins férus du volet financier du hockey ont sursauté pendant que BriseBois se frottait les mains. Il venait d’ajouter un excellent joueur avec un contrat (3 ans à 1,5 million) encore meilleur pour la situation du club. 

« Oui, on a échangé deux autres choix de première ronde, mais Hagel est le deuxième plus jeune joueur de notre club, il est à peine quelques mois plus vieux que Cal Foote. C’est un actif qui va participer à nos succès pour plusieurs années. C’est une transaction moins commune à cette période de l’année, car on a plutôt ajouté un jeune bien établi », a commenté BriseBois au RDS.ca à la conclusion de la réunion des directeurs généraux en Floride. 

Certains observateurs ont été surpris que BriseBois puisse s’adjuger un tel atout. Quand on connaît les risques associés à une sélection en première ronde, la sécurité qui accompagne Hagel vaut cher. 

« Non, on n’était pas surpris (d’y arriver). On cherchait dans ce sens, on voulait ajouter un élément à notre formation pour les séries. On parlait à tout le monde en se concentrant davantage vers les vendeurs. Chicago était dans ce contexte et j’avais un grand intérêt pour Hagel. Les Hawks ne voulaient pas l’échanger à moins d’obtenir une compensation avantageuse à leur avis », a indiqué le DG. 

BriseBois a déjà prouvé par le passé qu’il était nullement attaché à ses choix de première ronde. Même après deux conquêtes de la coupe Stanley, il n’est pas prêt à regarnir cette banque. 

« Tant et aussi longtemps qu’on va aspirer de manière légitime à la coupe Stanley, on va prendre des décisions qui vont augmenter nos chances de le faire. C’est ça notre business, on prend des décisions dans ce sens », a convenu le dirigeant fort respecté. 

Sans trop avoir de question précise à lui poser à ce sujet, on a voulu savoir comment il se sentait pour les équipes, comme le Canadien, qui doivent rebâtir leur club en ayant partiellement les mains liées par un plafond qui stagne. Sans la pandémie, la marge de manœuvre de ces clubs ne se serait pas évaporée. 

« J’en ai assez à gérer avec mes propres défis, a-t-il rétorqué en souriant. Chaque organisation est dans une phase respective et elles comportent toutes des défis. »

Pas une question de manipulation selon BriseBois

Mardi, BriseBois savait que l’attention serait tournée vers lui lorsque le sujet de conserver le plafond salarial en séries serait abordé. Mais il vit bien avec cette réalité considérant que son Lightning a conservé le trophée emblématique.  

BriseBois n’avait pas besoin qu’on lui fasse un dessin, il comprenait que le retour de Nikita Kucherov en éliminatoires a provoqué une onde de choc. La grande portée de celle-ci s’explique sans doute car ce triomphe est survenu contre le Canadien et son marché passionné. 

« Si on n’avait pas remporté la coupe Stanley, je ne serais pas le poster boy. Mais j’aime mieux avoir gagné, surtout en sachant que des situations comme celle-ci sont survenues plusieurs fois. En 2015, on jouait contre Chicago en finale, et il y avait eu l’exemple de Patrick Kane. Les Hawks ont gagné et ça ressemblait à Kucherov. Il y a 32 clubs et ça arrive », a-t-il rappelé.  

Puisque ça ne date pas d’hier que des équipes de la LNH dépassent le plafond salarial en séries. Mais cette fois, les critiques n’ont pas été totalement dissipées au fil des mois. 

« On en a parlé, mais il y avait un consensus que le système actuel est excellent. Il existe depuis 2005 et ce n’est pas parfait. Si on peut l’améliorer, on devrait considérer les options », a-t-il admis.  

Selon lui, les intentions des équipes ne sont pas malveillantes. 

« Ce n’est pas tant une question que les clubs cherchent à manipuler les blessures à long terme. Beaucoup est relié au fait que le plafond salarial n’a pas augmenté et que les équipes avaient des obligations contractuelles à respecter. Cette réalité a exercé énormément de pression sur tout le monde. 

« Il n’y a pas si longtemps, quand on bâtissait des équipes, on se gardait une marge de manœuvre pour rappeler des joueurs. Mais la plupart des clubs, cette année, ont été au-dessus du plafond à un certain point », a témoigné le dirigeant issu du milieu du droit. 

En fin de compte, BriseBois comprend que l’exemple de Kucherov sera souvent utilisé dans les prochaines années. Mais il ne demande qu’à ce qu’on trouve un scénario pour que le plafond salarial soit viable en séries. 

« J’aimerais qu’on me présente les alternatives et qu’on décide ensuite. Peut-être que le meilleur système est celui dont on dispose déjà », a conclu BriseBois.