MONTRÉAL – Au moment d’entamer la saison actuelle, Alexandre Carrier n’avait joué que cinq matchs dans la LNH. Quatre mois plus tard, il a été employé, en séries, pendant 35 minutes à la droite de Roman Josi lors d’un troisième match contre les Hurricanes de la Caroline. 

Voilà une fascinante évolution pour un défenseur qui a dû s’armer de patience durant un passage de quatre saisons dans la Ligue américaine de hockey. 

De retour au Québec depuis une semaine, Carrier parvient à mieux réaliser le saut qu’il a effectué en 2021. Avant d’être capable de parler du positif, le patineur originaire de Varennes devait d’abord encaisser l’élimination en première ronde. 

Alexandre Carrier« Personne ne nous voyait en séries deux mois avec le déclenchement donc c’était quelque chose d'extraordinaire d’y accéder. Mais c'était un sentiment amer aussi parce que ça faisait tellement longtemps qu'on était en mode « séries ». On savait qu'on avait une bonne équipe et qu'on pouvait se rendre loin », a réagi Carrier alors que les Predators ont échappé les cinquième et sixième parties en prolongation. 

Le droitier de 24 ans mérite tout de même de passer l’été avec un sourire accroché au visage. Les dirigeants de l’équipe ont pris soin de lui rappeler avant de le laisser rentrer au pays. 
 
« Je m'attendais à des réunions positives et ça s’est très bien passé. Par contre, ils m'ont dit que je devais devenir encore plus fort. J'ai changé d'entraîneur physique l’été passé et on a déjà vu une grosse différence cette année », a-t-il raconté. 

La clé de son ascension réside toutefois du côté psychologique. 

« Mentalement, j’étais rendu ailleurs. C’était ma cinquième année professionnelle, j'étais vraiment prêt. En plus, j'ai eu ma chance, on m’a confié de grosses minutes. C'est plus facile de montrer ce que tu peux accomplir en jouant 20 minutes. Autrefois, je jouais 10 à 12 minutes si j’étais chanceux », a expliqué le choix de quatrième ronde en 2015. 

Carrier a donc obtenu l’occasion recherchée d’exposer son arsenal. 

« Mais le sentiment du devoir accompli n’a duré qu’une journée. Je sais que j’ai beaucoup de travail à faire cet été pour rester dans la LNH et y prendre plus de place. J'ai hâte que ma quarantaine soit finie », a noté le numéro 45. 

Le droitier de cinq pieds onze pouces et 180 livres a hérité de la confiance des entraîneurs en prouvant qu’il pouvait remporter régulièrement les batailles individuelles pour la rondelle. 

« L’été passé, je m’étais dit que je devais y arriver si on m’en donnait la chance. J'étais vraiment content d’y parvenir. J'ai réalisé que, physiquement, j'étais vraiment plus proche que je pensais », a exprimé celui qui est heureux de passer la quarantaine avec sa copine contrairement à celle en solitaire, l’an dernier, dans le sous-sol de ses parents. 

En séries, les entraîneurs des Preds lui ont témoigné tout un compliment en le préférant à Dante Fabbro.  

« C'est sûr que c'est une belle marque de confiance surtout que, quelques semaines plus tôt, je m'étais blessé à une cheville et j'ai manqué un mois d’action. Mais il faut que je donne crédit aussi à mes coéquipiers. En séries, j’ai joué avec Josi et avant ça avec (Mattias) Ekholm », s’est-il empressé de souligner. 

« Pendant mes 10 premiers matchs de l’année, j’essayais de ne pas faire d'erreur. Je voulais jouer comme je le fais dans la Ligue américaine, mais je faisais quand même attention. Tandis qu’en séries, je savais que les entraîneurs me faisaient confiance, je me sentais à l'aise puis je savais que j'étais capable de produire et d’aider l'équipe », a ajouté celui dont le frère Samuel a été repêché en 2010. 

Cet élan l’a mené à une utilisation de 35 :01 lors du troisième match qui s’est conclu par un triomphe en deuxième prolongation. Il a d’ailleurs été complice du but gagnant de Matt Duchene. 

« C'était cool. Tous mes chums et ma famille m’écrivaient. En même temps, j'étais assez brûlé après, je me préparais pour le match suivant. La série ne s’est pas conclue en notre faveur, mais on a fait un bout de chemin intéressant », a réagi celui qui possède un contrat qui s’annonce économique pour Nashville pour les deux prochaines saisons. 

Alexandre Carrier et Mathieu OlivierCarrier savoure encore plus sa chance

A posteriori, Carrier - qui a compté son premier but cette saison - ne peut qu’être emballé du revirement de situation. L’attente dans la Ligue américaine était devenue pesante mentalement. 

« J’avais joué deux matchs à ma première année, je n’avais que 20 ans. Personne ne s’attendait à ça surtout pour un choix de quatrième ronde. Après, je n’ai peut-être pas réalisé à quel point c'était difficile d'avoir ces opportunités. L’année suivante, peut-être que j'ai trop tenu pour acquis les choses. Je me suis rendu compte que je devais travailler encore plus fort et je suis redevenu le joueur que j'étais auparavant », a avoué Carrier. 

« Vu que ç’a pris tout ce temps-là avant d'avoir une vraie chance, ça rend le résultat final encore mieux », a-t-il jugé. 

Il ne reste qu’à voir si Carrier poursuivra son ascension avec Nashville. Le repêchage d’expansion de Seattle vient compliquer la donne pour plusieurs équipes. Quelques observateurs vont jusqu’à croire que les Predators pourraient protéger cinq défenseurs.  

« Ça ne me rend pas très nerveux. Si je me couche le soir en pensant à ça, je ne me concentre pas sur les bonnes choses. Je ne te mentirai pas, ce sera quand même intrigant à suivre. J'aimerais rester à Nashville, les entraîneurs m'ont fait confiance et voilà ce que je souhaite », a conclu Carrier qui possède désormais des preuves concrètes de son potentiel.