La jeune sensation des Flyers, Carter Hart,  pourrait égaler la marque de huit victoires consécutives pour un gardien avant l’âge de 21 ans qu’a établi Jocelyn Thibault avec les Nordiques de Québec en 1995 lorsque son équipe accueillera la pire équipe de l’association de l’ouest, et 29e au classement général, les Kings de Los Angeles, jeudi soir.

Ce qu’il risque d’accomplir relève de l’exploit alors qu’il ne se dresse pas devant la cage d’une équipe de premier plan, mais bien entre les poteaux pour une équipe qui montrait le pire dossier de toute la LNH il y a un mois, après avoir procédé à un ménage en règle, montrant la porte au directeur général, à l’entraîneur-chef et à certains de ses lieutenants les plus fidèles; pas la situation optimale pour amorcer sa carrière. Ou peut-être l’était-ce?

Pression en moins, Hart a été en mesure de prendre toute la place au sein d’une équipe qui avait alors utilisé pas moins de sept, oui sept, gardiens de but depuis le début de la saison. Les prouesses du jeune cerbère de 20 ans ne devraient pas nous surprendre outre mesure lorsque l’on suit attentivement le monde des hommes masqués. Après tout, il a représenté le Canada à de multiples reprises dont deux fois aux Championnats mondiaux juniors, goûtant à l’euphorie d’une médaille d’or à sa dernière tentative comme gardien titulaire. Il a remporté le titre de gardien de l’année dans la WHL pendant trois saisons consécutives alors qu’il évoluait pour les Silvertips d’Everett, raflant le même titre pour toute la LCH en deux occasions. Bref, il a toujours été considéré comme un espoir de premier plan, le gardien d’avenir à Philadelphie. Voilà que protégé par nul autre que la dernière gloire des Flyers devant le filet, Ron Hextall, on n’allait pas précipiter le développement du diamant brut qu’il représentait. Ironique aujourd’hui de constater que de retarder l’entrée dans la LNH de celui qui risque fort de sauver la saison et la face du club de hockey aura accélérer la sortie de celui qui bâtissait avec patience la banque de jeunes espoirs de l’organisation.

Regardons ensemble les atouts qui font le succès de Carter Hart. À première vue, impossible de ne pas remarquer qu’il a le gabarit de l’emploi et que sa couverture de l’espace pour un jeune gardien est considérable. Sa technique est à point sans être parfaite. Évidemment, comme la grande majorité des gardiens de sa génération, il a appris à un jeune âge à utiliser la bonne jambe pour récupérer et il a dans son coffre à outils toutes les positions de base nécessaires pour anticiper le prochain jeu ou pour effectuer les arrêts. Ensuite, il possède toutes les qualités athlétiques nécessaires  pour pouvoir sortir de la zone de confort que procure une bonne technique. Le meilleur exemple de ce phénomène s’est produit lors de son arrêt le plus spectaculaire de sa plus récente prestation de 41 arrêts face aux Canucks pour frustrer Nikolai Goldobin.

ContentId(3.1307183):Flyers : arrêt désespéré de Carter Hart contre Nikolay Goldobin (LNH)
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Remarquez aussi comment il est en mesure de garder le contact visuel avec la rondelle même si celle-ci emprunte une trajectoire changeante suite à un violent tir sur réception en déviant sur son défenseur Ivan Provorov devant le filet. Sa tête, agissant comme gouvernail, est la première partie de son corps à se tourner vers la cible et lui permet de plonger avec le plus de précision possible dans des circonstances in extremis.

Finalement, son côté compétitif semble rassurer ses coéquipiers, même les vétérans les plus aguerris. Pour cette remontée fulgurante au classement pendant cette séquence irrésistible, il a su vaincre les puissants Jets de Winnipeg, les Bruins de Boston deux fois et est venu chercher une victoire au Centre Bell. Tout cela, en faisant face à un minimum de quarante tirs trois fois en sept matchs, pas piqué des vers le jeune. Il faut croire qu’il est là pour de bon Carter Hart, et cette fois pour les Flyers, leur gardien les sauve pour de vrai...