TORONTO - Après avoir endormi les États-Unis et joué le même tour à la Suède en demi-finale, l’équipe cendrillon du tournoi a chaussé de nouveaux patins pour venir danser avec le Canada en finale.

Et le Canada a peiné à suivre le rythme.

« Nous jouerons pour gagner et non seulement pour attendre que l’autre équipe nous laisse gagner», avait d’ailleurs promis l’entraîneur-chef Ralph Krueger quelques heures avant le match.

ContentId(3.1199171):Coupe du monde : Europe 1 - Canada 3
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Ses joueurs l’ont aidé à tenir promesse.

D’équipe défensive et structurée qu’elle était depuis le début du tournoi, Équipe Europe est devenue agressive et incisive dès la mise en jeu qui a donné le coup d’envoi à la finale.

Malgré tout ce qu’on peut dire et écrire de beau et de bon sur sa performance, Équipe Europe a perdu quand même. Mais si on doit conclure que la meilleure équipe au monde a gagné alors que le Canada a signé un gain de 3-1, on doit toutefois ajouter que c’est l’équipe qui a le mieux joué qui se réveille acculée au pied du mur.

« Ils filaient sur la glace dès la première séquence », a convenu l’entraîneur-chef Mike Babcock qui a imputé à cette vitesse de ses adversaires la pénalité écopée dès la première minute par Brad Marchand.

Cette première séquence a dicté l’allure du match. À tout le moins les 40 premières minutes du match. Car bien que le Canada ait marqué le premier but alors que Brad Marchand – encore lui – eut racheté sa pénalité en enfilant son 4e but du tournoi dès sa sortie du cachot et que Steven Stamkos ait doublé l’avance du Canada, c’est l’Europe qui était l’agresseur.

Sans être mauvais, loin de là, Jaroslav Halak n’a pu aider son équipe à maximiser sa domination. « Jaro » s’est fait déjouer deux fois sur les neuf tirs du Canada. Neuf tirs qui n’ont pas généré plus de trois ou quatre bonnes occasions de marquer.

Pour la première fois du tournoi, Carey Price a dû aider son club à demeurer dans la partie. Il n’a pas multiplié les miracles. Ce serait nettement exagéré. Mais il a effectué quelques arrêts solides – il s’est entre autres dressé devant Andrej Sekara au terme d’une longue échappée – qui ont privé les Européens d’un, deux, peut-être trois buts bien mérités.

Colère et déception

La récompense est venue en période médiane pour les Européens. L’ennui, c’est qu’elle ne leur a pas complètement rendu justice alors qu’ils ont dû se contenter seulement du but de Tomas Tatar. Et un but, contre l’attaque du Canada qui en a marqué près de 4,5 par rencontre depuis le début du tournoi, ce n’est pas assez pour gagner.

« Nos joueurs sont furieux en ce moment et c’est très bien ainsi. Nous nous sommes présentés en finale avec confiance. La façon dont nous avons joué démontre que nous avions pleinement raison d’être confiants. Nous n’avons malheureusement pas su profiter des chances que nous avons créées. On a mieux patiné qu’eux. On a créé plus de revirements que le Canada qui est pourtant dominant dans cet aspect du jeu. On a créé plus de surnombres. Mais nous n’avons pas testé Carey Price autant qu’il faut le faire pour espérer le déjouer. C’est une leçon qu’on doit tirer du match de ce soir afin d’apporter les correctifs qui nous permettront de gagner la prochaine partie », a mentionné Krueger.

Car oui l’Europe croit encore pouvoir gagner.

« On ne reculera certainement pas », a répliqué Anze Kopitar qui demandera à ses coéquipiers d’être aussi incisifs et agressifs lors du deuxième match tout en respectant un peu plus les structures qui les ont aidés à gagner.

« Il faudra être plus intelligents sur la glace. On a fait un tas de bonnes choses ce soir, mais je considère qu’on a gaspillé ces bons coups avec des erreurs défensives qui nous ont coûté des buts. Nous sommes déçus du résultat. Mais nous croyons en nos chances. », a ajouté le capitaine d’Équipe Europe.

Pire match du tournoi

Un à un, les joueurs d’Équipe Canada qui ont défilé dans la salle de presse après le match ont reconnu qu’ils avaient moins bien joué que leurs adversaires. De fait, ils ont disputé leur pire match du tournoi.

« Ils ont été plus physiques et rapides que nous », a reconnu Brad Marchand.

« On a été brouillon par moment. Un peu à cause de notre manque d’exécution, mais un peu aussi à cause de la qualité de leur échec avant », a ajouté Ryan Getzlaf sans préciser s’il imputait au jeu brouillon ou à la qualité de l’échec avant des Européens les deux affreux revirements dont il s’est rendu coupable.

En passant, le Canada en a commis 18, sept de plus que les Européens qui ont volé 16 rondelles au cours du match, cinq de plus que le Canada. Des statistiques qui illustrent mieux l’allure de la rencontre que le score final.

« Nous n’avons pas bougé la rondelle de la partie. En raison de notre manque de vitesse d’exécution, ils avaient l’air plus vites qu’ils ne l’étaient vraiment sur la glace et nous avions l’air plus lents que nous l’étions vraiment. Il faudra combler ce retard lors du prochain match », a ajouté Mike Babcock en faisant écho aux propos de ses joueurs.

« La bonne nouvelle c’est qu’on est capable de faire beaucoup mieux », a ajouté Patrice Bergeron qui a marqué le but d’assurance à mi-chemin en troisième période.

« Un but qui a fait beaucoup de bien », a convenu le Québécois, car après ce troisième but, l’Europe a levé le pied. Elle a semblé cesser d’y croire. Elle a semblé décider d’économiser énergie et passion en vue de la prochaine partie.

Encore Crosby

Si Carey Price a eu son mot à dire en ce qui a trait au volet défensif du match, le trio de Sidney Crosby, Patrice Bergeron et Brad Marchand est encore celui qui s’est signalé à l’attaque.

ContentId(3.1199183):Coupe du monde : Le premier trio du Canada sauve la mise
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Crosby, qui a une fois encore donné un éventail de son grand talent, a orchestré les deux buts de ses compagnons de jeu. Sur le but de Bergeron, il a mystifié tous les joueurs européens qui étaient sur la glace. Il en a attiré deux derrière le filet après avoir tenté de surprendre Jaroslav Halak en faufilant la rondelle entre le gardien et son poteau droit sur lequel il était appuyé. Il a ensuite déjoué ces deux joueurs avec tellement de finesse que leurs coéquipiers se sont transformés en spectateurs. Sans rien enlever à Patrice Bergeron qui a eu la présence d’esprit de converger alors vers l’enclave, le Québécois n’a eu aucune peine à tirer dès la réception de la passe savante de son capitaine.

« Sidney est le meilleur joueur de notre génération », a d’ailleurs convenu Carey Price après la rencontre.

Fort de ses trois buts et neuf points récoltés en cinq matchs, Crosby domine les marqueurs du Canada. Il domine tous les marqueurs du tournoi. Les neuf points de Crosby combinés aux sept points de Marchand (quatre buts) et aux six de Bergeron (trois buts) donnent à ce trio une récolte de 22 points, dont dix buts en cinq parties.

Considérant le niveau de jeu du tournoi, la qualité des défensives et des gardiens et le fait que les attaques massives affichent des efficacités anémiques, cette récolte du trio de Crosby est plus qu’impressionnante. Elle est sensationnelle.

« Ils sont très bons », a simplement indiqué Mike Babcock qui n’était visiblement pas heureux de la façon dont ses joueurs venaient de jouer.

« Il nous faudra une bien meilleure implication de tous nos joueurs lors du prochain match si nous voulons l’emporter », a-t-il ajouté.

Ce qui n’est pas vraiment vrai.

Car avec Carey Price qui effectue de bons arrêts, avec six défenseurs qui disputent un match honnête sans plus, et avec un trio qui décide de prendre le contrôle du match en permettant aux trois autres de jouer une petite partie tranquille, le Canada est assuré de gagner.

C’est presque trop facile.

Des sièges vides en «grande» finale

Et c’est peut-être pourquoi il y avait autant de sièges et de loges corporatives vides au Air Canada Centre pour la première partie de cette «grande» finale.

Le pire dans tout ça, c’est que des clients fortunés ont payé le gros prix pour acheter tous les sièges et toutes les loges corporatives. Mais parce que la finale ne suscite que bien peu d’intérêt tant elle semble jouée d’avance, ces clients fortunés décident de bouder les rencontres et/ou ne trouvent pas le moyen d’écouler les billets sur la rue même s’ils sont offerts à des prix dérisoires.

Mon collègue Luc Gélinas a croisé un amateur de sports venu de Québec avant le premier match Canada-Europe. Cet amateur devait assister au premier match de la série Orioles-Jays au Rogers Centre. Il s’est toutefois laissé tenter par un revendeur qui lui demandait 65 $ pour un billet d’une valeur de 285 $.

Mais la majorité des amateurs qui marchaient dans le centre-ville de Toronto ont décidé de faire quelques pas de plus pour se rendre au match des Jays. D’où le nombre important de sièges vides et le manque d’atmosphère dans le Air Canada Center qui était loin de vibrer au rythme d’une «grande» finale.

On verra si ce sera mieux jeudi.

Mais j’en doute.