MONTRÉAL – Au 224e et dernier rang, voilà où Joaquim Lemay était classé parmi les espoirs de l’Amérique du Nord par la Centrale de recrutement de la LNH. À son repêchage de la LHJMQ, en 2018, il avait été choisi au 248e échelon sur 251 sélections. Imaginez la surprise quand les Capitals de Washington l’ont réclamé dès la quatrième ronde !

Le défenseur de 18 ans avait donc un sourire aussi éclatant que le luminaire des Capitals de Washington qui illumine sa chambre. 

« J’avais entendu, par des contacts, que ça se pouvait avec Washington à partir de la quatrième ronde. Quand leur tour est arrivé, mon cœur commençait à battre fort, mais je disais que ça n’arriverait peut-être pas vu que j’étais classé plus loin. C’était incroyable », a raconté Lemay qui a grandi en admirant Alex Ovechkin. 

Son père, Sébastien, un entraîneur d’habiletés qu’on vous avait fait découvrir en février, a très bien résumé ce grand moment de pur bonheur à la 119e sélection. 

« On a commencé à surveiller en quatrième ronde, mais je t’avoue que je pensais plus que ça arriverait à partir de la cinquième ronde. On est restés un peu surpris quand on a vu son nom apparaître ! C’était un peu comme si on se pinçait pour s’assurer que c’était bien son nom et qu’on n’avait pas des visions », a-t-il confié au RDS.ca avec satisfaction. 

« C’était vraiment un beau moment en famille », a ajouté l’entraîneur à l’Académie de hockey Denis Francoeur. 

À vrai dire, ce dénouement venait compléter un week-end parfait. La veille, Lemay avait passé la soirée chez Zachary Bolduc – qui a été choisi dès 17e rang - que son père a entraîné. Alors que les invités étaient nombreux autour de Bolduc, la famille Lemay avait choisi de vivre l’expérience en petit groupe. Après tout, rien ne garantissait qu’il serait choisi. 

« On était ma femme, Joaquim, ma fille et son copain, un cousin de Joaquim et moi. On se disait qu’on inviterait le reste du monde s’il était repêché. On est en campagne alors le monde est assez proche. On va improviser un party ce soir », a confié Sébastien quelques minutes après la grande nouvelle. 

Ascension en seulement 15 matchs

Mais que s’est-il passé pour expliquer cette sélection hâtive des Capitals ? Surtout que Lemay n’a joué que 15 petites parties en 2020-2021 avec les Silverbacks de Salmon Arm dans la BCHL. 

Joaquim Lemay« Le plus gros s’est joué vers la dernière partie, les Capitals étaient venus me voir avec le directeur général adjoint (Ross Mahoney). Je revenais d’une blessure et j’avais seulement joué deux matchs avant cette partie. J’ai eu une bonne rencontre et je crois qu’ils ont bien aimé voir ça alors que je n’avais pas patiné pendant deux semaines. Pour le reste, mes plus grandes forces sont mes habiletés offensives et mon patin », a témoigné Lemay. 

C’est là-dessus que le recruteur des Capitals, Darrell Baumgartner, a insisté auprès de ses patrons puisque Lemay possède certains atouts exposés par les défenseurs qui représentent ses inspirations : Quinn Hughes et Miro Heiskanen. 

À défaut de ne pouvoir faire mieux, Lemay s’est assuré de voir le positif dans ce calendrier écourté par la COVID-19. 

« C’est évident que c’était difficile de jouer moins de matchs. Il fallait bien se débrouiller quand on jouait. Mais, dans un sens, ce fut bon parce qu’on avait plus de temps pour s’entraîner à l’extérieur de la patinoire », a mentionné celui qui a été formé dans le volet du hockey scolaire. 

La candidature de Lemay devenait aussi plus intéressante étant donné qu’il peut encore effectuer un saut gigantesque dans sa progression. 

« Il s’est vraiment développé sur le tard physiquement. À 16 ans, il mesurait cinq pieds six pouces et pesait 155 livres. En grandissant, il a pris de la force. Je pense que c’est vraiment sa mobilité et son agilité. Il peut générer de l’attaque via une relance rapide ou transporter la rondelle ou bien bouger sur la ligne bleue », a évalué le père de celui qui mesure désormais six pieds un pouce et pèse 178 livres. 

Si le plan convient aux Capitals, Lemay jouera une deuxième saison avec ce club en Colombie-Britannique avant de faire le saut au niveau universitaire avec Omaha. 

Outre de rares exceptions, derrière chaque ascension d’un jeune jusqu’au repêchage, les parents de l’athlète ont joué un rôle crucial. C’est d’autant plus vrai dans l’histoire de Joaquim alors que son père a été au cœur de son développement sportif.  

« J’essaie de lui donner beaucoup de crédit, mais tant que je n’avais pas de résultats, c’était difficile de le faire. Je le remercie tout le temps, mais de voir que les résultats sont là, ça montre qu’on est sur le bon chemin. Ça vaut aussi pour tout le reste de ma famille et mes proches », a confié Joaquim de manière sentie. 

Le paternel a savouré la réussite de son fils. 

« On s’est serrés en masse ! », a-t-il confié.  

« Je lui ai dit que c’était le retour du balancier, qu’il le méritait avec tous ses efforts. On est tellement fiers de lui. Pour certains jeunes, ça vient plus facilement. Dans son cas, il s’est battu depuis qu’il est jeune contre sa grandeur et sa grosseur. Au repêchage LHJMQ, il voyait des défenseurs sortir en deuxième, troisième et quatrième rondes et il trouvait qu’il était meilleur qu’eux. Mais le lendemain, il était au gymnase et il n’a jamais baissé la tête », a conclu le père avec la fierté de voir son garçon être récompensé.