Nous avons tous eu un doute sérieux en décrivant son jeu lors des matchs préparatoires. De façon générale, il semblait perdu sur la patinoire, il avait de la difficulté à trouver ses repaires et plus grave encore, il se rendait constamment vulnérable contre les assauts des joueurs adverses.

Puis, il y eut ce début de saison douteux, marqué par des performances inquiétantes. Une seule passe à ses sept premiers matchs, trois buts et deux mentions d’assistance à ses quinze premiers! Ses efforts sur la patinoire semblaient souvent aboutir au néant.

Ce fut aussi un début de saison marqué par une relation plutôt difficile avec son entraîneur d’alors. Son utilisation est rapidement devenue le point de mire des médias et des amateurs et plusieurs ont commencé à remettre en question la pertinence de ce mariage récent, autant pour l’athlète que pour sa nouvelle équipe.

À la pause traditionnelle du weekend des étoiles de la LNH, Eric Cole est pourtant la star numéro un du Canadien de Montréal. Sans même l’ombre d’un doute! Dans cette séquence de 34 matchs qui a suivi la troublante première quinzaine, Cole a récolté 16 buts et 18 mentions d’assistance, une moyenne d’un point par match précisément. Mais au delà des statistiques, c’est son jeu intense et inlassable que l’on remarque, soir après soir.

Certes, il ne faudrait pas oublier le rôle de ses compagnons de trio relativement à ses performances. En David Desharnais, Cole a trouvé un joueur de centre doté de qualités taillées sur mesure pour lui : intelligence, ténacité avec la rondelle, fin passeur. En Max Pacioretty, il a trouvé un franc-tireur capable de compléter les batailles qu’il gagne souvent en territoire offensif.

Au-delà de son rendement sur la patinoire, Cole s’est avéré, de mon point de vue du moins, un coéquipier apprécié et un bon leader, quoique discret. Son geste généreux envers les parents de Louis Leblanc, à qui il a offert le transport par avion pour qu’ils puissent assister au premier match de leur fils en Californie, en dit long sur sa personne. Lorsqu’on le croise avec ses coéquipiers au comptoir à café, il est toujours le premier à payer pour les autres. Vous me direz qu’il en a les moyens et que ce sont des miettes pour lui, c’est vrai, mais c’est plutôt le geste comme tel que l’on retient. Et j’ajouterais qu’il n’y a rien à redire de sa disponibilité avec la presse et donc, avec vous, les amateurs, en bout de ligne.

De tous les joueurs autonomes qui ont changé de camp au cours de l’été dernier, Eric Cole est assurément devenu l’une des acquisitions les plus percutantes de la saison. Brad Richards, dites-vous? 16 buts, 17 passes pour un total de 33 points. C’est un rendement inférieur à celui de Cole, au sein d’une équipe gagnante. Joueurs différents, missions différentes, environnement différent, d’accord, mais les chiffres ne mentent pas toujours, mes amis.

Nous n’enlèverons rien au mérite de Carey Price d’avoir été choisi pour représenter le Canadien à Ottawa et on comprend que la LNH se devait d’y déléguer 6 gardiens. Mais à mon humble avis, c’est Cole qui méritait sa place parmi les étoiles, en fin de semaine.

Plusieurs d’entre vous se demandent souvent jusqu’où serait descendu le Canadien si Eric Cole n’avait pas été là. Poser la question, mes amis, c’est y répondre!

Gorges, « l’étoile d’honneur »

Je ne voudrais pas m’étendre trop longtemps sur la contribution exceptionnelle du défenseur Josh Gorges car celle-ci a déjà fait l’objet d’une de mes chroniques plus tôt cette saison. Mais il est quand même de mise de lui remettre notre « étoile d’honneur » chez le Canadien à cette étape de la saison.

Des joueurs comme Gorges ne sont jamais invités au grand rassemblement annuel des vedettes de la Ligue nationale. On peut le comprendre, même si à Hollywood, on garde deux Oscars pour les acteurs de soutien.

Mais les entraîneurs, les joueurs, les observateurs le moindrement éveillés savent apprécier la contribution essentielle de joueurs comme Gorges. On se demandait plus haut où en serait le Canadien si Cole n’avait pas été là? Imaginez la fiche défensive du Tricolore sans Josh Gorges!

Au cœur d’une saison marquée par l’absence d’Andreï Markov, le rendement en montagne russe de P.K. Subban, le ralentissement compréhensible du vétéran Hal Gill, l’inexpérience des Diaz, Emelin et Webber et le caractère unidimensionnel du jeu de Tomas Kaberle et Chris Campoli, Gorges a sauvé la situation à lui seul plus souvent qu’à son tour.

Allez voir ses statistiques! Parmi celles-ci, retenons les 134 tirs bloqués, 71 mises en échec, plus de 22 minutes de temps de jeu moyen et un rendement positif de +10. Impressionnant, dites-vous, surtout dans les circonstances? Même lorsque l’équipe s’effondrait à répétition pendant sa séquence difficile, Gorges continuait à redoubler d’effort sur la patinoire, peu importe le pointage.

L’étoile d’honneur, peut-être. Mais une étoile malgré tout!