CHICAGO - Aucun partisan n’aurait osé prédire que les Blue Jackets de Columbus allaient repêcher le Français, Alexandre Texier, lorsqu’ils ont échangé un espoir, à mi-chemin de la deuxième ronde, pour s’approprier le 45e rang de sélection.

Mais ce n’est pas tout, le directeur général du club, Jarmo Kekalainen, a indiqué qu’il aurait sélectionné le centre de 17 ans dès la fin de la première ronde s’il avait eu un choix à sa disposition.

Ce n’est pas rien comme révélation pour un joueur formé en France. En effet, Texier est non seulement devenu le joueur français repêché au plus haut rang, mais aussi le premier à être choisi à cet encan sans avoir quitté son pays pour son développement.

Texier a battu la marque de Tim Bozon qui avait été le choix de troisième ronde (64e au total) du Canadien de Montréal en 2012.

« Oui, c’est cool comme réussite, je suis fier de représenter mon pays. J’espère que le hockey français va évoluer par rapport à ça », a exprimé le gaucher de 17 ans.

Alexandre Texier« Je ne m’attendais pas du tout à la deuxième ronde. Je suis vraiment très excité », a ajouté celui qui était bien content de répondre à des questions en français après avoir été questionné par des médias anglophones suivant les activités des Jackets.

Accompagné de ses parents pour son premier voyage aux États-Unis, Texier avait été convié à une multitude d’entrevues (21) en prévision du repêchage. Le Français ne s’était pas déplacé pour le Combine à Buffalo parce qu’il avait été opéré à la suite d’une blessure à une épaule qui l’a privé d’une participation au Championnat du monde, présenté en France, ce printemps. 

Cela dit, les Jackets avaient déjà procédé à une étude exhaustive de Texier en déléguant des recruteurs à plusieurs de ses parties avec les Brûleurs de Loups de Grenoble.

Pour sa saison recrue dans le circuit élite de son pays, Texier a pu profiter des conseils d’Éric Chouinard, le choix de première ronde du Canadien en 1998.

« J’étais à côté de lui dans le vestiaire donc il me parlait beaucoup. C’était cool de devenir son ami, il m’a donné beaucoup de conseils sur ce que je devais améliorer. Il m’a aussi dit d’apprécier le repêchage puisque ça n’arrive qu’une fois », a confié Texier.

Son ami de 36 ans a d’ailleurs suivi le repêchage de près pour découvrir le sort qui lui serait réservé.

« Je voulais absolument voir où il allait sortir et je m’attendais à la troisième ou la quatrième ronde. Quand il a été choisi en deuxième, j’étais tellement content pour lui. Je ressens même un peu de fierté dans le sens que j’ai passé l’année avec lui, je lui ai beaucoup jasé de la game pour essayer de lui donner des conseils. Je suis très heureux et fier pour lui », a raconté Chouinard au RDS.ca.

Grâce à son expérience, l’ancien des Remparts de Québec qui évolue en Europe depuis la saison 2006-2007 était bien placé pour offrir sa vision de son copain.

Alexandre Texier« C’est un joueur qui a beaucoup de potentiel, ça ne m’a pris que trois jours l’an passé au camp d’entraînement pour confirmer qu’il avait de très bonnes habiletés. C’est un jeune assez imposant (six pieds et 187 livres) qui se déplace bien et qui a de très bonnes mains. J’ai bien hâte de suivre son cheminement », a relevé Chouinard.

Ce qui est déjà acquis en ce qui concerne son développement, c’est que Texier s’exilera pour le bien de sa carrière. Par contre, il n’a pas encore déterminé sa terre d’accueil.

« Je ne sais pas encore, en plus de l’Amérique du Nord, il y a des options en Suède et en Finlande », a indiqué le patineur qui avait progressé du 39e au 16e rang sur le classement européen de la Centrale de recrutement de la LNH.

Texier, qui semble détenir un penchant pour demeurer en sol européen, a naturellement abordé ce sujet avec Chouinard qui lui a recommandé de traverser l’Atlantique.

« Je le pousse beaucoup à aller jouer au Canada, mais la décision lui revient et il faudra la respecter. Il faut dire que les joueurs européens ont plusieurs options devant eux. Plusieurs équipes de la LHJMQ m’ont contacté pour me poser des questions sur Tex dans le but de découvrir quel genre de bonhomme il est.

« Je pense que ce serait une belle option pour lui, il pourrait devenir un joueur dominant dans le junior majeur et faire son chemin en Amérique du Nord en se familiarisant avec ce style de jeu; ça aide à se donner une chance de jouer dans la LNH. D’un autre côté, jouer contre des hommes en Finlande ou en Suède, c’est une autre avenue intéressante », a soupesé Chouinard.

Peu importe la destination qui sera privilégiée par Texier – qui est représenté par un agent finlandais – il devra travailler sur deux aspects précis selon son camarade.

« Je lui ai dit souvent cet hiver, il doit plus utiliser ses coéquipiers. Ce n’est pas pour lui trouver des excuses, mais il faut comprendre qu’il a tellement joué dans des calibres de jeu très ordinaires. Le hockey mineur en France n’est pas comme au Québec si bien qu’il a probablement eu à jouer par lui-même. S’il voulait la rondelle, il fallait qu’il la garde ou qu’il aille la chercher. Donc, à sa défense, c’est un peu normal », a dévoilé Chouinard.

« Ensuite, je ciblerais les mises au jeu. Le fait de jouer avec des hommes cette année a été un ajustement pour lui. Il devra gagner en maturité et devenir plus fort physiquement. Ça va se faire avec le temps et ce sont de petits points qu’il devra se faire montrer par l’équipe qui vient de le repêcher », a-t-il ajouté.

Confronté à des adultes, Texier a récolté 10 buts et 9 aides en 40 parties pour Grenoble. La suite semble prometteuse pour le Français qui a délaissé le tennis à la faveur du hockey. Son père Fabrice, qui était venu jouer avec le Titan de Laval, lui a fait découvrir ce sport qui l’a séduit avec son aspect collectif.

« Imaginez s’il avait pu participer au Championnat mondial senior et qu’il s’était démarqué, on parlerait peut-être d’un choix de première ronde. C’est un très bel accomplissement pour lui, on est super content pour lui », a conclu Chouinard.