PHILADELPHIE – « Gritty » est le professeur à domicile dont le monde a besoin en ce moment. Chaque jour de la semaine, la poilue mascotte des Flyers de Philadelphie offre un cours d'une quinzaine de minutes intitulée « Gritty's 1/4 Hour of Power », et une journée cette semaine, son étudiant vedette était l'attaquant Joel Farabee.

Gritty a joué aux charades avec Farabee et la mascotte muette a brandi des pancartes avec comme thème les abeilles. Un exemple : « Dans l'Égypte ancienne, les gens payaient leurs impôts avec du miel ».

Mais est-ce que trop de miel aurait des répercussions sur le plafond salarial?

Farabee et ses coéquipiers des Flyers seraient peut-être occupés à participer à la deuxième ronde des séries éliminatoires au lieu de se concentrer sur une leçon traitant d'apiculture, cette semaine, si la saison n'avait pas été suspendue, le 12 mars, à cause de la pandémie de coronavirus.

Les Flyers représentaient l'équipe de l'heure dans la LNH au début de mars grâce à une séquence de succès qui en a fait l'un des clubs à surveiller en vue des séries éliminatoires.

On ne saura jamais jusqu'où les Flyers auraient pu aller, bien qu'un projet qui ferait l'objet de discussions verrait les équipes retourner dans quelques arénas désertes pour compléter une partie, sinon la totalité de la saison régulière avant d'amorcer les éliminatoires.

Il existe donc une mince possibilité que les Flyers puissent renouer avec l'action après une poussée qui leur avait permis de se bâtir un dossier de 41-21-7 pour un total de 89 points au moment de la trêve.

Toutefois, la santé et l'élan pourraient être difficiles à redécouvrir après un long congé, et rien n'assure que des jours meilleurs pointeraient à l'horizon pour les Flyers, ou n'importe quelle autre équipe, si le calendrier devait reprendre en juillet.

« Il n'y a pas de doute que nous connaissions nos meilleurs moments de la saison à ce moment-là », a déclaré l'entraîneur-chef Alain Vigneault mercredi.

« Notre équipe se trouvait dans une bonne position. Ce sera notre travail à tous, des instructeurs aux dirigeants et aux joueurs, pour retourner à la position dans laquelle nous nous trouvions. »

À sa première saison avec l'équipe, Vigneault a posé tous les bons gestes pour les Flyers. Il les a menés à une séquence de neuf victoires qui s'est terminée avec un revers de 2-0 contre les Bruins de Boston le 10 mars, leur dernier match de la saison suspendue.

Carter Hart, qui n'est âgé que de 21 ans, a répondu aux attentes des Flyers qui le voient comme un gardien de but de concession. De plus, des joueurs comme Scott Laughton, Travis Sanheim, Ivan Provorov et Travis Konecny, tous repêchés dans la foulée d'une période de reconstruction, ont aidé une formation aux attentes modestes à devenir de sérieux aspirants dans l'Association Est.

Durant leur série victorieuse, les Flyers ont marqué 4,33 buts par partie et en avaient concédé, en moyenne, 1,89. De plus, ils n'avaient pas perdu deux matchs de suite depuis une séquence de 0-3-1 entre le 31 décembre et le 4 janvier. Lorsqu'ils mènent ou sont à égalité après deux périodes, les Flyers affichent un dossier de 39-0-3.

« Lorsque nous serons de retour au travail, j'ai confiance, avec le degré de concentration de notre groupe, que nous serons au même niveau tout le monde. Ce sera alors à nous de travailler avec ardeur, avec intelligence et de faire les bonnes choses pour retourner au point où nous étions », a observé l'entraîneur-chef québécois.

Au cours du dernier mois, Vigneault, qui a mené deux de ses équipes en grande finale, est allé en Floride où il s'est tenu occupé sur un terrain de golf, avant de retourner à Gatineau.

Vigneault est bien au fait des effets dévastateurs que la COVID-19 peut avoir sur des êtres qui lui sont chers. Son amie de coeur, Monica Cotton, est une infirmière à l'urgence d'un hôpital à Ottawa et sa soeur, Nicole Vigneault, travaille pour Santé Québec. Chacune de son côté, les deux dames contribuent à venir en aide aux gens dans le besoin.

Toutefois, l'entraîneur-chef des Flyers, comme bien d'autres, est un peu démuni lorsque vient le temps d'entrer en contact avec des aînés.

« Mes parents ont 84 et 86 ans. Ils vivent tous deux dans des résidences et sont isolés depuis le Jour 1 », note-t-il.

« Au cours des derniers mois, ma mère a connu des moments un peu plus éprouvants sur le plan mental. Mon père est encore aussi alerte que possible. Parce qu'il doit passer à travers ça par lui-même, il se sent très seul. »

Vigneault dit avoir parlé à seulement cinq joueurs depuis la pause dans la saison régulière. Il laisse Chris Osmond et Dan Warnke, les spécialistes du conditionnement physique au sein de l'équipe, le soin de faire le suivi au niveau de l'alignement.

« Tout le monde essaye de rester en sécurité. Par ailleurs, une fois que la saison recommencera, nous voudrons être aussi prêts que possible », fait remarquer Vigneault.

Cette reprise espérée, personne ne sait quand elle se concrétisera.

Mais qu'est-ce que représentent quelques mois de plus pour une équipe qui n'a pas gagné la coupe Stanley depuis 1975.

« Je suis très confiant que l'on puisse établir un plan d'action qui sera très efficace pour les joueurs et pour faire en sorte que notre club soit prêt, a affirmé Vigneault. C'est ce que nous espérons. »