Pendant que Seattle et la LNH marchent main dans la main dans le but d’installer une 32e équipe dans le nord-ouest des États-Unis, les Coyotes travaillent dans l’ombre pour se trouver un nouveau domicile fixe en Arizona.

Pourquoi travailler dans l’ombre?

En raison des contrecoups négatifs des sorties publiques de l’ancien copropriétaire et président Anthony Leblanc qui a fait avorter des projets de partenariat avec de grandes annonces prématurées qui ont non seulement rebuté des investisseurs potentiels, mais outré des politiciens du niveau municipal jusqu’au Sénat de l’État en passant par la chambre des représentants.

Écarté par ses partenaires, Anthony Leblanc, qui n’avait pas d’expérience en matière de présidence d’une équipe de sport professionnel, a été remplacé par Steve Patterson.

Expérimenté et respecté

Entré en fonction en juillet dernier, Patterson, âgé de 60 ans, a été directeur général et président des Rockets de Houston – il est l’architecte de l’équipe qui a remporté le championnat de la NBA en 1994 – et des Trail Blazers de Portland. Il a été l’un des instigateurs du projet de ramener la NFL (Texans) à Houston. Il a aussi été directeur des opérations sportives de grandes universités comme celles du Texas à Austin et de l’Arizona à Tempe en banlieue de Phoenix.

« Steve Patterson a l’expérience et la notoriété nécessaire pour mener à bien le défi de relocaliser les Coyotes à Phoenix. Contrairement à l’ancienne administration, le groupe actuel a adopté une philosophie visant à travailler de pair avec l’ensemble de la communauté économique et les différents paliers de gouvernement afin de mousser le nombre de projets à étudier et de mener à bien le meilleur du groupe », a indiqué une source très fiable de la LNH qui est également très au fait du dossier des Coyotes et de ses nombreuses ramifications.

Combien de projets sont à l’étude? « Je vais me contenter de répondre plusieurs. Et tous ces projets visent bien sûr à relocaliser les Coyotes à Phoenix ou dans l’une de ses banlieues. Que ce soit à Scottsdale, Tempe ou Mesa », a ajouté notre source.

Retour au centre-ville

Les Coyotes pourraient-ils aboutir à Seattle? Pourraient-ils mettre le cap sur Houston où le propriétaire actuel des Rockets, Tilman J. Fertitta, a déjà indiqué à la LNH qu’il était prêt à acquérir une équipe pour partager le Toyota Center dont il est aussi le propriétaire? La ville de Québec est-elle toujours une option?

« Seattle demeure un projet d’expansion – les frais d’entrée sont déjà établis à 650 millions $ –et les relocalisations sont des solutions de tout dernier recours. Le plan demeure donc de garder les Coyotes à Phoenix où ils sont débarqués en 1996 et où ils ont déjà connu du succès », a ajouté notre informateur.

Un retour au centre-ville de Phoenix où ils partageraient un nouvel amphithéâtre avec les Suns de la NBA représente d’ailleurs la solution préférée des Coyotes, de la LNH et de la ville.

Le maire Greg Stanton a déjà indiqué qu’il militait en faveur d’un retour de ces deux équipes sous un même toit – les Coyotes et les Suns ont partagé le America West Arena de 1996 à 2003 – et qu’il était ouvert à une implication de la ville pour faciliter ce projet.

Deux accrocs : le propriétaire des Suns, Robert Sarver, ne semble pas entiché à l’idée de partager des revenus avec les Coyotes; le maire Stanton pourrait être remplacé par le biais d’élections qui se dérouleront plus tard cette année.

La LNH sera patiente

Combien de temps la LNH acceptera-t-elle de composer avec l’incertitude qui persiste autour des Coyotes?

« Le temps qu’il faudra. Plusieurs dossiers sont à l’étude. On va s’assurer qu’ils soient bien évalués. Est-ce que ça prendra deux mois ou deux ans? Personne ne le sait. Mais tant que les dossiers cheminent et que des projets sont sur la table, nous demeurons convaincus qu’il est possible non seulement de trouver un nouveau domicile fixe aux Coyotes, mais de réussir dans ce marché qui demeure un marché très attrayant. »

Tout ça est bien beau. Mais d’ici une résolution permanente du dossier, les Coyotes peuvent-ils demeurer au Gila River Arena où ils croiseront le Canadien jeudi malgré les démêlés politico-écono-juridiques l’opposant à la ville de Glendale?

La réponse est oui. Les Coyotes ne négocient plus directement avec Glendale, mais avec la compagnie AEG qui s’occupe de la gestion de l’amphithéâtre. Et comme la firme AEG est déjà associée à la LNH par le biais des Kings de Los Angeles, les Coyotes pourraient renouveler leur bail d’année en année comme ils le font d’ailleurs depuis l’an dernier.

Mais l’avenir passe par un retour vers le centre-ville en raison du fait que Glendale est boudée par les amateurs de Phoenix et des banlieues plus populeuses de Scottsdale, Tempe, Mesa qui sont de l’autre côté de la ville.

« Les Coyotes vivent le même genre de problème que les Sénateurs à Ottawa. L’amphithéâtre est perdu en banlieue et le trajet et démesurément long en temps – Glendale est à une vingtaine de kilomètres seulement de Phoenix – à l’heure de pointe. Les Coyotes attirent de bonnes foules les week-ends, mais la semaine c’est plus difficile en raison du temps perdu sur la route pour s’y rendre et en revenir. Comme à Ottawa », a imagé notre interlocuteur de la LNH.

Avec une moyenne oscillant autour de 13 000 amateurs par match, les Coyotes flirtent avec le dernier rang dans la LNH au chapitre des assistances avec les Islanders à Brooklyn, les Hurricanes en Caroline et les Panthers de la Floride.

Derniers sur la patinoire

S’ils sont parmi les derniers au chapitre des assistances, les Coyotes sont « bons » derniers au classement général. Ils rateront les séries pour une sixième saison de suite. Pour la 12e fois lors des 15 dernières années.

Embauché l’été dernier, Rick Tocchet peine à obtenir des résultats. Il faut dire que son équipe est encore bien jeune, bien qu’elle ait dépensé des millions et sacrifié des choix au repêchage et des espoirs en faisant les acquisitions du gardien Antti Raanta, des défenseurs Niklas Hjalmarsson et Jason Demers et des attaquants Derek Stepan et Richard Panik par le biais de transactions afin d’entourer un très bon groupe de jeunes prometteurs comme Clayton Keller, Max Domi et Jakob Chychrun sans oublier leur as défenseur Oliver Ekman-Larsson.

Un début de saison atroce – une victoire (1-12-1) lors des 14 premières parties – et des ennuis devant le filet alors que le Québécois Louis Domingue a très mal entrepris sa saison en encaissant sept revers en sept départs et qu’Antti Raanta a été blessé ont fait très mal aux Coyotes.

Les mal-aimés du désert de l’Arizona connaissent toutefois de meilleurs moments. Ils viennent de battre San Jose, Chicago et Minnesota, n’ont pas perdu en temps réglementaire à leurs quatre derniers matchs (3-0-1). Cinq revers en prolongation ou tirs de barrage ont permis aux Coyotes de s’en tirer avec une fiche de ,500 (8-8-5) à leurs 21 derniers matchs.

Une fiche supérieure à celle du Canadien qui s’est contenté de six victoires (6-12-3) à ses 21 dernières parties. Comme quoi il n’y a pas juste en Arizona où les choses ne vont pas bien… ou carrément mal.