Les Oilers d’Edmonton viennent de congédier Dallas Eakins. Ajoutez son nom à la très longue liste des entraîneurs de la LNH qui ont perdu leur boulot dans les jours qui ont suivi un vote de confiance obtenu par leur directeur général, leur président, leur propriétaire.

Du jour de son embauche à celui de son congédiement, Eakins n’a jamais été en mesure de faire du troupeau de jeunes joueurs vedettes mis à sa disposition une équipe. Est-il un bon entraîneur-chef? Sans doute. Mais il n’a jamais été en mesure de se faire écouter et comprendre de ses joueurs.

Des joueurs que les Oilers ne peuvent menacer d’échanger afin de les motiver, de la faire rebondir, car tout ce que les joueurs des Oilers espèrent est justement d’obtenir enfin une transaction qui les sortira du bayou de la LNH.

Eakins : un des nombreux problèmes

Eakins n’avait pas de club sous la main. Malgré la présence des Jordan Eberle, Taylor Hall, Ryan Nugent-Hopkins, les Oilers n’ont pas de gardien numéro un digne de ce nom dans la LNH. Ben Scrivens et Victor Fasth ont connu de bons moments au cours de leur carrière respective. Mais pour être bon sur une période prolongée dans la LNH, surtout quand tu défends le filet d'un club aussi moribond que les Oilers, tu dois être bien meilleur que le sont Scrivens et Fasth, et ce, simplement pour obtenir une chance raisonnable de gagner.

Pas de gardien, pas vraiment de défenseurs non plus. Et certainement pas de vétérans capables de bien encadrer les jeunes de talent, leur donner l’exemple, les inciter à être meilleurs. Sans gardien, sans défenseurs, sans bons vétérans, sans leadership, une équipe ne peut gagner.

Elle ne peut même pas compétitionner.

Elle ne veut même pas compétitionner.

C’est exactement ce que les Oilers donnaient comme impression dimanche soir face aux Rangers de New York. Des Rangers qui n’avaient pas la moindre opposition même s’ils ne jouaient pas du très gros hockey. Même s’ils patinaient à l’économie en ce deuxième match en deux soirs.

Au lieu de pousser les Rangers à l’erreur en les pressant le moindrement, les Oilers se sont contentés de 16 tirs sur Henrik Lundqvist. Seize petits tirs. Petits en nombre. Petits en niveau de difficulté alors que le gardien des Rangers n’a pas à effectuer un arrêt difficile pour signer son 5e jeu blanc de la saison, son 55e en carrière. Certainement son plus facile. Il fallait voir le sourire mal à l’aise de Lundqvist après la rencontre quand on lui a demandé de qualifier sa performance pour comprendre à quel point il était difficile de prétendre avoir connu une dure soirée de travail.

Dallas Eakins était-il mauvais? Je ne sais pas. Je ne le connais pas, je ne l’ai jamais épié dans son travail, il m’est donc impossible de lui imputer tout le blâme dans cette autre saison de misère des Oilers.

Mais ce qui est clair, c’est qu’il n’était pas meilleur que les autres membres de l’état-major.

Minés à la moelle

Et il est là le problème.

Les Oilers sont minés à la moelle. Eakins à la porte – avec un salaire garanti pour le reste de la saison et les deux prochaines – les problèmes fondamentaux demeurent les mêmes. Cette équipe a un mauvais directeur général en poste en Craig MacTavish, elle a un président dont le passé glorieux n’arrive pas à faire contrepoids à ses inaptitudes actuelles en Kevin Lowe, elle a une équipe de dépisteurs qui se sont contentés de récolter des cadeaux tombés du ciel avec les Eberle, Hall – on peut même considérer que Tyler Seguin aurait été un meilleur tout premier choix – ou Nugent-Hopkins. Une équipe de dépisteurs qui a fait la gaffe monumentale de préférer Nail Yakupov à Alex Galchenyuk la jeune sensation du Canadien.

Une équipe de dépisteurs qui auraient pu, si elle avait été le moindrement bonne, profiter des choix hâtifs en deuxièmes et troisièmes rondes pour renflouer une banque de talent. Pour dénicher de bons joueurs de hockey à défaut d’être des vedettes.

Mais non.

Depuis le repêchage de 2000, un seul choix des Oilers – sélectionné après la première ronde – joue sur une base régulière avec le club. Il s’agit de Jeff Petry, un défenseur sélectionné au 45e rang en 2006.

Il faut presque faire exprès…

Et leurs patrons de directeurs généraux n’ont pas été en mesure de pallier à ces repêchages misérables avec des embauches solides sur le marché des joueurs autonomes ou avec des transactions sensées.

Remarquez que ces DG n’ont pas une tâche facile. Comment diable attirer à Edmonton, une des pires villes de la LNH, un ou des joueurs autonomes de premier plan quand ils sont assurés qu’ils iront y connaître des saisons de misère : sur la patinoire comme à l’extérieur.

Pas plus facile de convaincre un joueur de lever une clause de non-échange pour aboutir dans la capitale albertaine.

Le seul moyen d’attirer un joueur autonome est de le payer plus cher que les autres clubs de la LNH, très cher, trop cher.

C’est comme ça que la situation se détériore d’année en année au lieu de s’améliorer. Et c’est pour cette raison que les Oilers doivent maintenant cesser de congédier des entraîneurs-chefs (6e changement depuis 2009), des adjoints et des entraîneurs de gardien et plutôt changer l’ensemble de l’état-major. Trouver un directeur général qui saura bâtir sur du solide et non sur de la glace qui fond aussi vite que les votes de confiance accordés aux entraîneurs.

À quand le tour de MacTavish?

Selon nos collègues d’Edmonton, Craig MacTavish reviendra derrière le banc.

Un châtiment qu’il mérite. Car après avoir offert un club aussi mauvais à ses entraîneurs, il est à peu près temps qu’il se retrouve derrière ce banc pour récolter ce qu’il a semé. C’est-à-dire un champ de mauvaises herbes.

Et lorsque MacTavish prouvera qu’il ne peut transformer en or le toc qu’il a offert à ses coachs, il sera grand temps de lui montrer la porte à son tour.

Les Oilers ont manqué le bateau lorsqu’un gars comme Jim Nill a quitté les Red Wings de Detroit pour passer d’adjoint à directeur général. C’est là que Bob Nicholson doit immédiatement regarder. Il doit faire le tour de la LNH et trouver un directeur général qui saura repartir en neuf. Peut-être en sacrifiant un ou deux des gros noms actuels du club pour éviter le naufrage qui guette l’organisation avant de rebâtir une équipe de recruteurs – amateurs comme professionnels – digne de ce nom et de se trouver un entraîneur capable de traverser les années difficiles qui s’annoncent sans devenir fou.

Des entraîneurs qui sont compétents, structurés, capables de bien enseigner à jouer au hockey sans pour autant se mettre à dos – trop vite – l’équipe qui leur est confiée.

Des entraîneurs comme Jacques Martin qui a déjà relevé ce genre de défi à Ottawa – pourrait-il toutefois le relever encore? – comme Paul MacLean qui est un excellent entraîneur malgré ses prises de becs avec ses joueurs vedettes.

On verra.

Ce qui est clair toutefois, c’est que ça prendra du temps. Et il faudra y mettre le temps. Car dans la situation où sont rendus les Oilers, des changements cosmétiques sont inutiles. Le temps du patchage est révolu. Il faut tout reprendre du début, de la base, de zéro. Comme c’est le cas après des grandes catastrophes – et Dieu sait que les Oilers représentent toute une catastrophe dans la LNH – il faudra démolir ce qui reste encore debout pour ensuite rebâtir en neuf. Rebâtir sur des bases plus solides afin que cette organisation jadis grandiose ne soit pas menacée de s’écrouler à la moindre occasion comme c’est le cas depuis leur présence surprise en grande finale il y a dix. Une présence qui les a surpris eux-mêmes. Une présence dont ils ne se sont jamais remis on dirait…

Les Oilers rateront les séries pour une neuvième saison de suite cette année. Pis encore, ils se battront encore pour « espérer » terminer piètres derniers afin d’obtenir le tout premier choix au repêchage. S’il y a une justice, les Oilers devraient perdre ce tout premier choix.

Mais bon! On va leur offrir un peu de sympathie. Surtout s’ils décident d’offrir à un brillant DG en devenir comme l’est l’ancien du Canadien Julien BriseBois, l’occasion – on ne peut parler ici de chance – d’amorcer le travail colossal que représente la reconstruction de cette organisation qui est en ruines présentement.