Je ne sais pas qui sortiront gagnants et perdants des quatre duels de première ronde dans l’Association Ouest. Je peux toutefois vous assurer une chose : il n’y aura aucune surprise.

Aucune surprise, parce que pour avoir une surprise on doit d’abord pouvoir identifier un club favori et un autre négligé dans l’une ou l’autre de ces séries. S’il était facile de le faire dans trois des quatre séries de l’Association Est, il est impossible de faire le même exercice dans l’Ouest.

Oui, les Ducks, les Predators, les Blues et les Canucks ont terminé devant les Jets, les Hawks, le Wild et les Flames au classement. Mais avec 12 petits points qui séparent les Ducks au premier rang et les Flames au huitième, peut-on vraiment identifier de vrais favoris et de vrais négligés?

À mes yeux non.

Tout ça pour convenir que si je suis prêt à mettre quelques huards en jeu sur mes prédictions dites faciles dans l’Est, je ne gagerais pas une petite bouteille « vintage » de Coke sur l’une ou l’autre de mes prédictions dans l’Ouest de peur de perdre cette bouteille et son contenu.

Ça vous donne une idée.

L’ennui, et il est majeur, c’est qu’il y aura malgré tout quatre équipes qui gagneront et quatre autres qui partiront en vacances et que mes patrons tiennent à ce que je me mouille sur des prédictions.

Pas moyen d’y échapper donc.

Winnipeg – Anaheim

De tous les duels serrés proposés dans l’Ouest, celui opposant les Jets aux Ducks semble le plus inégal. Du moins sur le plan des statistiques.

Les Ducks ont balayé la série de trois matchs entre les deux clubs. Ils ont marqué 13 buts contre 8 pour les Jets. Ces cinq buts représentent le plus gros écart des quatre duels tout comme les 11 points qui séparent les deux équipes au classement.

Malgré ces écarts, je fais partie des nombreux amateurs qui croient davantage aux chances des Jets qu’à celles des Ducks.

Les Ducks sont très bons. J’en conviens. Ryan Getzlaf et Corey Perry forment un monstre à deux têtes et quatre mains doté de très larges et solides épaules sur lesquelles reposent les espoirs de leur équipe. Aussi bons soient-ils, je me demande toutefois si Getzlaf et Perry pourront résister aux Jets.

Avant de répondre oui, il faut regarder autour et derrière eux. D’autres bons joueurs partagent le vestiaire des Ducks qui ont ajouté de la vitesse à la date limite des transactions.

Mais devant le filet et derrière le banc, je ne crois pas qu'aucun des gardiens des Ducks – peu importe son nom – soit en mesure de rivaliser avec Ondrej Pavelec qui, comme son équipe, est en mission en ce moment.

Pavelec a connu sa part d’ennuis cette année. On l’a vu accorder des buts qui feront la lutte à d’autres sapins dans la course au pire but accordé cette année. Pas surprenant qu’il ait perdu son poste au profit de Michael Hutchinson en cours de saison.

Mais il est revenu en forme et en force.

Derrière le banc, Bruce Boudreau, qui semble toujours tirer sur les bonnes ficelles en saison régulière, mélange les cordes en séries alors que son ratio victoire/défaite plonge de 66,4 % qu’il est en saison à 47,4 en séries.

Boudreau a souvent jonglé avec ses gardiens en séries au point de les échapper. Se rendra-t-il coupable de la même erreur cette année avec Frederik Andersen et John Gibson?

S’il le fait, les Jets sauront en profiter.

De fait, les Jets n’attendent qu’une bévue des Ducks pour leur lester les ailes de plomb. Gros, rapides, teigneux et unis dans une même cause – celle de donner à Winnipeg ses premières séries éliminatoires de 1995 lorsque les anciens Jets ont quitté pour Phoenix – les nouveaux Jets font peur.

S’ils arrivent à maintenir leur implication physique tout en évitant d’offrir aux Ducks des attaques massives – Winnipeg est le club le plus puni de la LNH avec 374 pénalités mineures, 79 de plus que le Canadien pour vous donner une idée – les Jets mousseront leur chance de renverser les champions dans l’Ouest.

Mais bien honnêtement, pourrons-nous vraiment alors parler de surprise?

Simplement parce que j’espère avoir la chance d’être dépêché à Winnipeg pour goûter à la fièvre des séries qui rendra la capitale manitobaine plus intéressante à visiter que la banlieue de Los Angeles, je favorise les Jets pour l’emporter. Mais attention, c’est bien plus le cœur que la raison qui me dicte ce choix.

Prédiction : Jets en 6

Minnesota – St Louis

Les Blues et le Wild ont divisé les honneurs des quatre duels en saison régulière. Mais attention : la troupe de Mike Yeo a eu le dessus deux fois en trois après son éveil suivant l’arrivée de Devan Dubnyk en janvier dernier. C’est aussi le Wild qui a marqué le plus de buts (13-11) au total de ces quatre matchs entre les deux clubs.

Comme les Sénateurs dans l’Est, le Wild a réalisé une remontée sensationnelle dans l’Ouest. De fait, le Wild a été plus efficace encore que les Sens si l’ont considère qu’ils se sont mis à mieux jouer le 15 janvier, au lendemain de la transaction qui leur a permis de mettre la main sur Dubnyk. Les Sens ont amorcé leur remontée le 18 février.

Plusieurs dépisteurs professionnels assurent que le Wild est le club à battre dans la LNH en ce moment. Avec les Jets pas loin derrière. Rien pour faciliter la cause des Blues que j’ai choisis encore cette année – troisième saison de suite – pour soulever la coupe Stanley.

Les Blues sont très bons partout : derrière le banc, à l’attaque avec trois bons trios, à la défense avec un Big Three qui n’a rien à envier à personne autour de la LNH.

Devant le filet, c’est plus inquiétant. Pas au point de dire que c’est ordinaire, car Brian Elliott comme son dauphin Jake Allen sont en mesure de faire le travail. Mais au-delà ce qu’ils ont accompli et le fait que les Red Wings ont fait la preuve, deux fois plutôt qu’une, qu’il est possible de gagner la coupe Stanley avec un bon gardien sans plus – le nom de Chris Osgood vous rappelle quelque chose? – les Blues sont loin d’être assurés de se rendre aux grands honneurs cette année.

Ils sont loin d’être assurés de se rendre en deuxième ronde.

Prédiction : Blues en 7

Chicago – Nashville

Selon les paramètres qu’ils ont élevés depuis que Jonathan Toews a pris le contrôle de leur vestiaire, les Blackhawks de Chicago viennent de compléter une saison ordinaire.

Mais parce qu’ils ont malgré tout amassé 102 points, il est impossible de les écarter du groupe d’équipes qui peuvent logiquement lorgner la coupe Stanley.

Jusqu’à la mi-saison et peut-être même un peu plus tard, les Predators de Nashville étaient du groupe de prétendants au précieux trophée.

Ils le sont encore.

Mais les Predators, à commencer par leur premier trio mené par Mike Ribeiro et leur as gardien Pekka Rinne ont piqué du nez en fin de saison.

Pas une grosse plonge au classement. Ça non. Mais une baisse de régime qui leur a coûté le premier rang de leur division avec comme conséquence qu’ils se retrouvent contre Chicago plutôt que face au Wild.

Bon! Vous direz que c’est quatre trente sous pour une piastre. Ce qui n’est pas tout à fait faux. Sauf que si, même pour un journaliste, il est plus stressant de débarquer sur la galerie de presse à Chicago qu’à St Paul, j’imagine ce que ça doit être sur la patinoire pour un joueur.

Les Hawks ont battu les Preds trois fois en quatre matchs cette année. Deux de ces victoires ont été signées au-delà des 60 minutes réglementaires ce qui promet une série serrée. Très serrée. Tout comme le fait que Chicago n’a enfilé que trois buts de plus que Nashville (12-9).

Mais parce que les Predators ont terminé la saison sur une pente douce et que les Hawks sont ragaillardis par la possibilité que Patrick Kane soit de retour dès la première ronde, et même dès le premier match, il est difficile de ne pas leur donner l’avantage par un brin ou deux dans cette série.

Prédiction : Blackhawks en 6

Calgary – Vancouver

De tous les clubs canadiens qui se sont taillé une place en séries, les Flames et les Canucks représentent à mes yeux les plus grosses surprises.

Je ne suis pas fier de l’admettre, mais j’avais placé les Flames tout juste devant les Oilers dans la cave du classement dans l’Ouest. J’avais aussi écarté les Canucks des séries. J’avais même – et j’y croyais dur comme fer – placé Toronto en séries loin devant Calgary et Edmonton.

Grave erreur. Non! Grossière erreur…

Seule consolation, je ne suis pas le seul à avoir été surpris par les succès des Flames et des Canucks. Je crois même qu’ils sont les premiers surpris.

Grand bien leur fasse, puisqu’ils sont maintenant en séries. Dommage que ce ne soit pas pour longtemps pour celui qui sortira perdant.

Les Canucks ont gagné les deux premiers matchs entre les deux équipes. Les Flames les deux derniers. Vancouver a marqué un but de plus (9-8) que les Flames.

Serré vous dites?

Ne serait-ce qu’en raison du respect que je voue à Bob Hartley et au fait qu’il sait faire mentir tous ceux qui doutent de lui, du respect que je voue à Martin Gélinas qui était une des jeunes vedettes des Olympiques de Hull lorsque j’ai amorcé ma carrière dans le « merveilleux monde du sport » et parce que les Flames représentent une équipe bien plus sympathique que les Canucks, je voudrais choisir Calgary pour éliminer Vancouver.

J’espère me tromper, mais je crois que c’est le contraire qui arrivera.

Lorsque les Flames ont battu les Canucks, ils comptaient encore sur leur capitaine et as défenseur Mark Giordano. Je veux bien croire que les Flames ont démontré avec brio qu’ils étaient en mesure de pallier l’absence de Giordano.

Mais dans le dernier droit de la saison, les jumeaux Sedin ont repris leur place au sommet des marqueurs de la LNH. Daniel, avec 29 points en 26 matchs et Henrik avec 25 au cours de la même séquence, sont redevenus les fers de lance de l’attaque des Canucks. L’absence de Giordano pourrait donc se faire sentir davantage au cours de cette série.

On verra.

Les Canucks se sont cherchés tout au long de l’année. Ils se sont finalement retrouvés.

À sa première saison dans la LNH, Willie Desjardins a su garder le cap. Il n’a pas paniqué derrière le banc. Ses joueurs n’ont donc pas obtenu la bouée sur laquelle ils auraient pu chercher des excuses s’ils avaient raté les séries au lieu d’y accéder.

Un gros plus pour un coach qui mériterait des votes pour le titre d’entraîneur-chef de l’année, mais qui n’en obtiendra pas beaucoup. Certainement moins que Bob Hartley qui devrait soulever le trophée Jack Adams à défaut de la coupe Stanley... ou d’une place en deuxième ronde des séries.

À moins que les Canucks ne se fourvoient royalement dans l’utilisation de Ryan Miller, qui est prêt à jouer après une blessure à un genou qui le tenait à l’écart depuis le 22 février dernier, et Eddie Lack.

Cela dit, les Flames sont-ils vraiment mieux nantis avec Jonas Hiller et Karri Ramo. Les gardiens des Flames ont conjugué leurs efforts avec succès en saison régulière. Une stratégie qui fonctionne rarement en séries. Rien pour aider la cause de Bob Hartley.

Prédiction : Vancouver en 7