David Perron ne craint pas de défier son entraîneur
MONTRÉAL – David Perron et son entraîneur Derek Lalonde en conviennent, gérer une reconstruction provoque parfois des frustrations, des frictions et des divergences d'opinion. Mais ce n'est que positif quand ça se produit avec l'intention de faire progresser l'équipe.
Pour la septième fois de sa carrière, l'attaquant de 34 ans a atteint le plateau des 20 buts tout en jouant un rôle de meneur auprès des jeunes chez les Red Wings de Detroit.
À quelques heures du match contre le Canadien, l'entraîneur-chef a donc chanté les louanges de Perron, mais avec un refrain qu'on n'entend pas si souvent.
« Son côté compétitif! Si bien qu'il est parfois difficile à diriger », a confié Lalonde quand il lui a été demandé ce qu'il aime le plus du droitier.
« C'est le cas classique du joueur disant qu'on a besoin d'un banc calme et, deux secondes plus tard, il crie après tout le monde pour qu'on fasse le bon jeu. Dans ce groupe, on avait exactement besoin de ça : sa passion et son côté intense. Il a énormément aidé ce groupe. Donc ce n'est pas étonnant qu'il continue de marquer », a-t-il poursuivi.
Lalonde a enchaîné en précisant que leur relation était bonne. À preuve, les deux pouvaient s'obstiner sur un point et Perron a répondu en inscrivant un tour du chapeau mardi dernier.
Quelques minutes plus tard, dans le vestiaire des Wings, Perron a assuré que cette dynamique n'était que favorable au progrès.
« En vieillissant, j'ai aussi un rôle de parfois ‘challenger' l'entraîneur sur certaines affaires. Je pense qu'on a eu de bonnes conversations à travers la saison sur différents sujets. Ce qui fait qu'on a une meilleure relation. L'entraîneur qui m'a le plus montré ça, c'est Ken Hitchcock. Il était dur avec moi et il s'attendait à ce qu'on le soit avec lui pour améliorer les choses », a exposé le Québécois.
« Ça se faisait sur une base régulière sur le banc à St.Louis. J'avais des conversations qui n'étaient pas toujours faciles avec Steve Ott, qui s'occupait du jeu de puissance, mais on passait à autre chose le lendemain. À mon âge, je me permets de dire des choses que je n'aurais pas mentionnées il y a 10 ans », a-t-il mentionné pour ajouter du contexte.
Perron ne tenait pas à trop en dévoiler sur ces divergences d'opinion, mais il a accepté de partager ces détails.
« Ce n'est rien de si grave. Peut-être comme comment utiliser les joueurs après un avantage numérique pour garder tout le monde dans le rythme. C'est sa première année comme entraîneur-chef, ce n'est pas anormal. »
Ainsi, Perron tire fierté de son influence dans l'équipe tout en étant en mesure d'afficher une solide production.
« Beaucoup de jeunes arrivent dans la LNH, ils patinent très vite et ils ont du talent. Ils sont très bons quand il y a de l'espace pour eux. Moi, c'est le contraire, plus le jeu est fermé, que j'ai des joueurs sur le dos ou que je suis dans le coin, j'essaie de sortir avec la rondelle. Je pense que c'est un peu un art qui se perd. J'essaie de pratiquer ça tous les jours et j'incite les jeunes à le faire avec moi », a-t-il visé comme clé derrière son succès.
Une 7e saison sans vivre les séries
Malgré ses efforts, à sa première année à Detroit, Perron verra les Wings rater les éliminatoires pour une septième saison consécutive.
« Ce n'est pas évident. C'est la première fois en huit ou neuf ans que mon équipe ne fait pas les séries. J'ai eu à travailler là-dessus du côté mental dans le dernier mois, ça m'a fait quelque chose quand même. C'est vraiment de bâtir le programme dans la bonne direction. Les matchs ne valent plus dire grand-chose, mais si on avait eu deux ou trois victoires supplémentaires, on jouerait encore des matchs importants », a témoigné Perron.
Ce rendement étonne dans la mesure où les Wings ont gardé le cap sur la reconstruction en échangeant quelques joueurs importants avant la date limite des transactions. Sans ce marchandage, Detroit aurait pu frôler une place éliminatoire.
D'ailleurs, en dépit de ces départs, ils sont parvenus à vaincre les Penguins, les Hurricanes et les Maple Leafs au cours de la dernière semaine.
« Je n'ai aucun problème à admettre que ce fut très difficile, mais on a fait la bonne chose. Je prêche souvent aux joueurs par rapport aux habitudes de travail qu'on veut implanter. Ce fut vraiment réconfortant de voir ce succès contre de bonnes équipes », a indiqué Lalonde.
La saison prochaine, les Wings, comme l'a imagé leur entraîneur des gardiens, Alex Westlund, l'équipe entamera le calendrier à ligne de 50 et non plus à partir de la ligne des buts. Lalonde réalise toutefois que la division sera encore très corsée avec Boston, Tampa Bay, Toronto ainsi que les reconstructions de Buffalo, Ottawa et Montréal, des équipes « qui ont repêché plus souvent et plus haut que nous dans les dernières années ».
« Les entraîneurs ont poussé le bon message toute la saison. J'ai vraiment été impressionné par cet aspect de notre entraîneur-chef. Ses séances de vidéos sont exceptionnelles, tous les petits détails qu'il expose. Je pense que la plupart des gars n'ont pas vu ça auparavant. Ça me donne beaucoup d'espoir pour la suite », a cerné Perron qui est devenu père d'un troisième enfant, le 3 mars.
Justement, même si les temps ont changé depuis son arrivée dans la LNH en 2007, Perron demeure optimiste avec la nouvelle génération.
« Il faut que tu trouves le bon moyen au bon moment de faire passer un message. Ce n'est pas comme avant. Mais, en général, les jeunes veulent encore écouter et comprendre comment faire », a conclu Perron qui a franchi le plateau des 1000 matchs et des 700 points cette saison.