MONTRÉAL - Alex Burrows a confondu tous les sceptiques en atteignant non seulement la LNH, mais en y connaissant une impressionnante carrière. Carburant aux défis, il rêve maintenant d’une deuxième carrière de directeur général en plus de vouloir propulser le hockey-balle aux Jeux olympiques.

Burrows n’a jamais manqué d’ambition même quand sa carrière semblait coincée à des années-lumière de la LNH. Rendu au dernier droit de ce parcours de hockeyeur, l’athlète de 35 ans caresse d'autres projets d’envergure pour les prochaines années.

« Je serais intéressé d’être directeur général éventuellement. Je peux avoir l’air de viser haut, mais Marc Bergevin pensait peut-être à cette possibilité quand il avait mon âge. Probablement que les gens auraient ri s’il avait dit qu’il deviendrait DG un jour. Je serais prêt à commencer comme recruteur. J’aimerais bien avoir mon équipe un jour et caller les coups, ce serait tout un défi », a confié Burrows après une séance d’autographes à son école de hockey.

Athlète polyvalent, Burrows affectionne le tennis et le hockey balle. Il appartenait d’ailleurs à l’élite mondiale de ce sport. En période olympique, Burrows suggère une idée intrigante.

« J’aimerais faire grandir ce sport sur la planète. Au Québec, c’est gros, mais je voudrais que ça prenne de l’ampleur à l’échelle planétaire. Quand je vois que des sports comme l’escalade et le surf feront leur entrée aux Jeux olympiques de 2020 (à Tokyo), je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas y avoir du hockey balle à trois contre trois », a-t-il proposé.

Alex Burrows« Dans un beau décor, sur le bord de la plage, je verrais bien les pays scandinaves et plusieurs pays d’Europe se monter de belles équipes aussi. Je regarde le hockey sur gazon et ça ne m’attire pas tant que ça. Je pense que ce serait bien plus spectaculaire. C’est un projet qui pourrait m’intéresser », a décrit le sympathique père de trois enfants.

Actif comme il l’est, il aurait été étonnant de le voir rester à la maison pour se prélasser.

« Non, c’est certain. François Beauchemin me disait qu’il voudrait rester sur la terre avec son beau-père à conduire le tracteur, s’occuper des récoltes et du foin. Je ne suis pas du tout rendu là, je veux m’impliquer dans le hockey », a comparé Burrows sans vouloir dire que Beauchemin se la coulera douce.

Outre ces deux projets, Burrows est attiré par les médias et ça ne date pas d’hier.

« Quand j’étais plus jeune et qu’on me disait que je n’avais pas trop de chances de me rendre dans la LNH et que je ne devais pas trop compter là-dessus, j’avais pensé à travailler comme journaliste sportif », a raconté celui qui devrait revenir s’établir au Québec après sa carrière.

Mais avant de remiser son chandail des Canucks – le seul qu’il a porté jusqu’à présent dans le circuit Bettman – Burrows désire favoriser le développement de la relève à Vancouver. En raison de son impact de 4,5 millions sur le plafond salarial, il a craint que son contrat soit racheté à l’image d’Antoine Vermette par les Coyotes.

« J’ai été un peu plus chanceux qu’Antoine. Les Canucks ont regardé la situation en se disant qu’ils étaient en train de rebâtir, mais qu’ils avaient besoin de vétérans pour les encadrer. Les dirigeants pensent que je suis capable de faire un bon travail dans ce sens », a commenté Burrows tout en compatissant pour Vermette qui s’est rapidement retrouvé du boulot avec les Ducks.

À travers son parcours de 11 saisons dans la LNH, Burrows a prouvé sa détermination qui reflète sa personnalité au quotidien. Puisqu’il a « mangé les bandes » pour contribuer au succès des Canucks, il n’a pas l’intention de se contenter d’une fin de parcours avec une équipe qui peine au classement comme en 2015-16.

« Je ne veux pas juste être un bon vétéran, je veux connaître une bonne saison, je veux qu’on participe aux séries et qu’on dispute des matchs importants à haute intensité. Je veux avoir des occasions dans lesquelles je peux influencer le résultat », a précisé Burrows avec conviction.

La saison dernière, les Canucks ont conclu le calendrier au 28e rang. L’objectif d’accéder aux séries demeure dans la mire, mais la mission s’annonce colossale pour cette organisation en reconstruction.

« L’an passé, on a subi des blessures à plusieurs joueurs clés et il faudrait éviter que ça se reproduise. Ça prendrait aussi un meilleur rendement sans la rondelle. Dans plusieurs matchs, on a accordé beaucoup trop de chances de marquer. Tu as beau te fier sur tes gardiens, il y a toujours des limites », a proposé Burrows.

« J’aime nos chances même si je sais que ça ne sera pas facile. C’est possible, on a déjà fait les séries avec de moins bonnes équipes par le passé », a-t-il ajouté.

Plusieurs raisons d’être fier de son parcours

Au printemps 2011, Burrows et ses coéquipiers ont échappé la chance de soulever la coupe Stanley en s’inclinant en sept matchs contre les Bruins de Boston. Ce souvenir torture encore Burrows à l’occasion.

Toutefois, le patineur originaire de Pincourt peut ressentir de la fierté en réfléchissant à son parcours invraisemblable. De lointains détours dans la Ligue de hockey Junior AAA du Québec et dans la ECHL n’ont pas mis fin à son ascension vers la LNH.

« Ça m’arrive d’y repenser un peu. Je suis quand même fier du chemin parcouru. Évidemment, mes premières années professionnelles n’ont pas été faciles. Beaucoup de personnes ont douté de mes chances de me rendre dans la LNH. Les joueurs qui ont réussi à s’y établir après deux ans dans la ECHL (134 matchs) sont assez rares. Ça remet les choses en perspective quand c’est plus dur. Je me souviens que je suis passé par les longs trajets d’autobus et un salaire de 400$ par semaine dans la ECHL », a confié Burrows.

« Quand j’entends des jeunes coéquipiers qui chialent pour de petites affaires, je leur dis qu’ils ne réalisent pas à quel point ils sont chanceux et qu’ils se plaignent pour rien », a-t-il fait remarquer. Alex Burrows

Impliqué dans une école de hockey portant son nom depuis quelques années, Burrows utilise parfois son exemple pour motiver les jeunes participants. Humble, il cite aussi le travail accompli par d’autres camarades de la LNH.

« Je pense à David Desharnais qui est aussi passé par la ECHL. Il y a aussi François Beauchemin qui ne s’est pas établi dans la LNH avant d’avoir 25 ans. Il n’était pas assez bon pour le Canadien et il se démarque encore à 36 ans. Jean-François Bérubé a bûché aussi, il y a plusieurs bons exemples », a relevé le Québécois.

Mais même les athlètes les plus déterminés doivent hériter d’une vraie chance. Burrows ne fait pas exception à cette règle, il doit une fière chandelle à un dirigeant.

« C’est Craig Heisinger, c’est vraiment lui qui m’a scouté et sorti de la ECHL. À l’époque, il était le DG du Moose du Manitoba, le club-école des Canucks. En 2004-05, c’était le lock-out LNH et la Ligue américaine était très forte. J’avais été coupé le dernier. Un changement de règlement a fait monter la limite de 10 à 12 attaquants dans LAH. J’avais été rappelé et je devais rester un week-end, mais il avait dit : ‘On le garde, il a été notre meilleur joueur. Il s’est battu, il a travaillé fort, je ne le laisse pas partir’. Vancouver voulait que je retourne dans la ECHL pour monter des gars qu’ils avaient repêchés. Il a poussé pour moi, il m’a donné ma plus grande chance. Je dois aussi penser à Marc Crawford et Alain Vigneault qui m’a notamment placé avec les jumeaux Sedin », a remercié Burrows.

Douze ans plus tard, Burrows affiche 767 parties régulières à son compteur. Le plateau des 1000 parties ne représente pas une grande motivation à ses yeux.

« Pas vraiment. Je sais que certains joueurs mettent beaucoup d’importance là-dessus. Dans mon cas, j’ai joué mon 1000e match professionnel cette année en comptant la ECHL, la LAH et la LNH. C’est un chiffre et ça ferait juste un hockey en argent de plus dans le sous-sol », a conclu Burrows avec le sourire.