PHILADELPHIE - Sous-estimé représente sans doute le mot qui qualifie le mieux Julien Pelletier, mais l’athlète originaire de Thurso détient toutes les qualités pour remplacer cette étiquette qui le suit depuis plusieurs années.

Même s’il était classé au 62e rang sur le classement de la centrale de recrutement de la LNH, Pelletier a dû patienter jusqu’en 4e ronde pour connaître sa nouvelle organisation. C’est à ce moment que les Blue Jackets de Columbus ont sauté sur l’occasion de le sélectionner en 107e position.

De nature plutôt calme, Pelletier commençait à être envahi par la nervosité et il était comblé de finalement pouvoir savourer un cadeau de fête unique pour son 18e anniversaire.

« Ils m’ont dit bonne fête et félicitations », a-t-il raconté avec sourire révélateur sur son accueil à la table des Blue Jackets.

« Je vis vraiment un grand sentiment de fierté, je suis vraiment heureux de sortir à ce rang », a enchaîné l’ailier qui a battu, avec 25, le record de buts de l’organisation des Screaming Eagles pour une recrue.

Cette enviable saison lui a permis d’effectuer un immense bond de 90 rangs dans le dernier classement de la LNH et il n’a pas l’intention de rater sa chance d’améliorer son statut.

« J’ai toujours été un peu sous-estimé. Je considère que la quatrième ronde constitue un rang intéressant pour moi et je veux leur (aux Jackets) prouver que c’est une bonne décision », a suggéré Pelletier.

« Il est parti de si loin, il n’était pas sur le radar de personne en début d’année », a avoué son agent Stéphane Fiset qui se réjouissait de son parcours.

« Au début de la saison, quand on disait aux dépisteurs que nous représentions Pelletier, ils nous demandaient pour quelle équipe il joue ce qui en dit long sur son chemin parcouru », a dévoilé Fiset.

L’ancien gardien de la LNH, qui travaille avec le clan de Don Meehan, est persuadé que leur protégé ne sera plus confiné à ce qualificatif bientôt.
« À mon avis, c’est l’un des joueurs les plus sous-estimés et les gens vont apprendre à le connaître assez rapidement. »

Son entraîneur au Cap-Breton, Marc-André Dumont, a pris le temps de mettre en relief ses accomplissements de sa première saison complète dans la LHJMQ.

« Son tir est foudroyant et il a compté 25 buts à 17 ans, ce n’est pas rien. Je ne dirais pas qu’il est semblable à Anthony Mantha, mais j’ai dirigé celui-ci à 17 ans et il avait marqué 22 buts donc c’est assez élogieux pour Pelletier », a noté Dumont.

D’ailleurs, Dumont n’est pas du tout inquiet par le fait que Pelletier soit un hockeyeur sous-estimé. À vrai dire, la courbe de progression empruntée par son ailier le rassure.

« L’important, ce n’est pas la valeur que tu as, mais comment tu progresses et le repêchage, ce n’est pas une voie rapide pour accéder à la LNH. Que tu sois choisi en première ou en septième ronde, les joueurs doivent se développer et Julien fait partie des joueurs qui progressent sans cesse », a analysé l’ancien pilote des Foreurs de Val-d’Or.

Négligé ou pas, Columbus se frottait les mains d’avoir été en mesure d’ajouter cet espoir à leur organisation.

« Nous sommes vraiment excités de cette sélection, il possède des atouts offensifs évidents. Il décoche rapidement et son lancer est puissant sans oublier qu’il s’est beaucoup amélioré durant la saison », a indiqué le recruteur Chris Morehouse qui l’a épié à de multiples occasions.

À long terme, le consensus semble être que Pelletier pourrait s’établir comme un attaquant du top-9 ou même du top-6 s’il poursuit dans la même veine.

« Avec son talent, il pourrait remplir un rôle sur un deuxième ou un troisième trio. Je dis cela puisque même s’il est très bon offensivement, il se débrouille déjà bien en zone défensive », a suggéré Fiset.

Une description entièrement partagée par les Jackets qui ont repéré des points similaires chez Pelletier.

« On aimerait qu’il puisse jouer sur les deux premiers trios, mais si ce n’était pas le cas, il est fiable bien sans la rondelle donc il pourrait aussi évoluer sur une troisième unité », a relevé Morehouse.

Une possibilité devenue concrète sur le tard

Ayant grandi à Thurso avant de s’expatrier aussi loin qu’au Cap-Breton, Pelletier pourra maintenant poursuivre sa progression avec Columbus, une autre ville où la pression n’est pas écrasante.

« Ça me dit que seulement qu’il s’agit d’une équipe de la LNH », a répondu Pelletier lorsque questionné sur sa prochaine destination pas très courtisée. « J’ai joué à Cap-Breton dont on entend pas beaucoup parler aussi. »

Il faut dire que Pelletier a réalisé il y a moins d’un an que son profil pourrait lui permettre d’être repêché par une équipe de la LNH.

« Je ne m’attendais pas à cela quand j’étais plus jeune, c’était seulement un rêve à mes yeux », a admis celui qui était bien sûr accompagné de sa famille et d’une imposante délégation de son coin natal connu avant tout grâce à Guy Lafleur.

Rencontré quelques minutes après la sélection des Jackets, le père de Pelletier était comblé.

« On commençait à être anxieux parce que ça arrive que des joueurs classés dans le top-100 ne sont pas repêchés. Maintenant, c’est un soulagement et c’est cool que ce soit avec une équipe comme Columbus qui reconstruit avec les jeunes », a confié le paternel.

La conclusion de cette fin de semaine particulière sera spéciale pour Pelletier et son entourage car il pourra célébrer son repêchage et son anniversaire le même soir. L'athlète de 18 ans s'en promet même s'il précise qu'il devra se contenter d'une fête à l'hôtel à défaut de pouvoir fréquenter les bars aux États-Unis.