Alex DeBrincat : Appelons un chat, un chat!
COLLABORATION SPÉCIALE
Plusieurs dossiers interpelleront la haute direction des Sénateurs d'Ottawa au cours des prochaines semaines et des prochains mois. Pierre Dorion devra prendre les décisions nécessaires pour atteindre le prochain niveau pour les années futures, après une autre année décevante et une exclusion des séries éliminatoires.
Au-delà de l'annonce de l'arrivée de nouveaux propriétaires, qui ne saurait trop tarder suite à la saison complétée, il sera intéressant de connaître les intentions de ce nouveau groupe, surtout à savoir si le management actuel demeurera en poste ou on décidera tout simplement de repartir sur de nouvelles bases.
Côté gestion du personnel, le dossier de l'attaquant Alex DeBrincat, acquis des Blachawks de Chicago en juillet 2022 en retour d'un choix de première ronde 2022 (7e au total), d'un choix de 2e ronde 2022 (39e au total), et d'un choix de 3e ronde en 2024, méritera une sérieuse réflexion.
L'ailier droit de 25 ans qui sera joueur autonome avec compensation a déclaré vendredi dernier qu'il aura besoin d'un certain temps de réflexion quant à son avenir. Cela représente un recul nécessaire pour le principal concerné. Son agent et sa famille devront bien analyser les pour et les contre d'une association potentielle à long terme avec les Sénateurs, si les deux parties réussissent à s'entendre sur les différentes modalités contractuelles, bien entendu.
Le jeune américain, natif du Michigan, est reconnu pour ses grandes qualités de marqueur, grâce à son tir et ses habiletés en espace restreint. Il est très bon dans l'art de se défaire de la défensive adverse par la vitesse de ses pieds et de ses mains. DeBrincat a été le premier à reconnaître que la période d'adaptation dans ce nouvel environnement n'a pas été chose facile, lui qui a connu une saison de 27 buts (11 en avantage numérique), 39 passes pour un total de 66 points, avec un différentiel de moins -30.
Oui, DeBrincat a déjà été un marqueur de 40 buts et plus lors des saisons 2018-19 (41 buts) et 2021-22 (41 buts) avec les Hawks, mais la vraie question demeure à savoir s'il représente un bon mariage, voire « fit organisationnel » avec les Sens.
Un ensemble de facteurs sont à considérer dans ce dossier. Notamment, la structure salariale des Sens vis-à-vis le plafond à respecter. N'oublions pas qu'on assistera à l'entrée en vigueur des nouvelles ententes à long terme de Tim Stützle (8 350 000 par année pour huit ans) et d'Artem Zub (quatre ans à 4,6 millions de dollars par saison). Puis, il y a Jakob Chychrun qui deviendra joueur autonome sans restriction à la fin de la campagne 2024-25, et il y a aussi le cas de Jake Sanderson qui sera à gérer avec doigté, lui qui vient de connaître une première saison remarquable chez les pros.
Mais au-delà des dollars, est-ce qu'Alex DeBrincat, sans le dénaturer ou le priver de ses dominantes, sera en mesure de progresser au niveau de certains détails de la partie, des deux côtés de la rondelle et à cinq contre cinq? Est-ce qu'il sera en mesure, avec la présence de plusieurs joueurs aux habiletés offensives, de trouver sa place au soleil, avec les minutes qu'on lui donne, pour s'exprimer selon ses forces? Au cours de la dernière saison, le principal concerné a continuellement évolué sur la première vague en avantage numérique.
Si dans le clan DeBrincat une réflexion s'impose sur la suite des choses, il en va de même pour la haute direction des Sénateurs, qui devra bien évaluer le tout. Est-ce qu'il pourrait être plus pertinent de récupérer certaines billes cédées par le passé (choix au repêchage, actifs intéressants), en améliorant notre notion de la profondeur manquante à l'heure actuelle en attaque, tout en considérant le retour éventuel de l'excellent joueur de centre Josh Norris en septembre prochain sur le top-6 de la formation ottavienne?
Ou, est-ce qu'il pourrait être plus intéressant de prendre une partie de l'enveloppe anticipée (argent disponible) pour l'utiliser lors de l'ouverture du marché des joueurs autonomes afin d'acquérir un ailier gauche top-6 qui combinerait une certaine contribution offensive (moindre que DeBrincat naturellement), mais avec un physique de l'emploi? Car disons que le fait de rajouter un peu de poids à la formation ne ferait pas de tort.
Sans rien enlever au jeune attaquant, serait-ce logique pour les Sénateurs de lui verser un salaire de neuf millions de dollars par saison sur une entente à long terme, selon les bruits de couloir qu'on entend? Ce serait une entente supérieure à celle de Brady Tkachuk et de Stützle. J'ai le sentiment que poser la question c'est y répondre.
Bref, sans fermer la porte aux négociations et aux bonnes intentions du clan DeBrincat, il sera de mise pour le management actuel d'évaluer tous les scénarios possibles, dont celui de l'échanger à une autre formation qui bénéficie de beaucoup d'espace sur son enveloppe salariale question de respecter le plancher – mais aussi de mettre la main sur un potentiel marqueur de 40 buts et plus pour plusieurs saisons!
De mon point de vue, à un prix juste et équitable, il faudrait passer à un autre appel et échanger le jeune DeBrincat, à condition que le marché réponde de façon favorablement à un tel mouvement de personnel, avant que le DG actuel ne perde une certaine plus-value.
Si les Sénateurs ne parviennent pas à une entente d'ici le mois de juin, il ne serait pas surprenant de voir Dorion passer beaucoup de temps au téléphone avant la séance de repêchage.
À suivre!
Sénateurs : De jeunes vétérans qui devront apprendre à gérer les attentes !
Adulés de toutes parts sur le plan individuel, en raison de leur contribution sur le plan offensif, Tkachuk (83 points) et Stützle (90 points), tout comme Thomas Chabot et Sanderson d'ailleurs, et quelques autres, devront apprendre à gérer les attentes la saison prochaine.
Ces attentes ne seront pas toujours basées uniquement sur la production offensive, mais elles risquent aussi de toucher la progression de ceux-ci dans les détails et les éléments collectifs de la partie. Ces jeunes joueurs devront trouver une façon de transporter cette chaleur sur leurs propres épaules, chaleur qui risque d'être omniprésente.
Ils devront trouver le moyen de se faire partenaire de ce qui dépend directement d'eux-mêmes à l'intérieur d'un sport collectif, tout en ayant cette lourde responsabilité de mettre fin à cette séquence de six saisons consécutives sans participation à la danse du printemps.
Les prochains mois devront servir de dur labeur et d'entraînement en gymnase, mais aussi de repos, et de ressourcement sur la carte du mental, question de décrocher.
La saison 2023-2024 en sera une de grandes attentes au niveau des livrables attendus de la formation ottavienne dans ce milieu des plus compétitifs. Voilà une réalité qui fera partie du quotidien de l'équipe, là où la patience aura ses limites pour plusieurs.
J'ai le sentiment que les fidèles supporteurs des Sénateurs ont rempli une partie de leur mandat en étant de plus en plus présents au Centre Canadian Tire pour encourager leurs joueurs préférés, et ce, après plusieurs saisons difficiles au guichet. Donc, il serait tout à fait normal de s'attendre à un certain retour du balancier de la part des joueurs, avec une participation aux séries éliminatoires du printemps 2024. Or, il ne faut pas oublier que plusieurs autres équipes auront ces intentions, donc rien ce sera encore une fois un mandat compliqué pour Ottawa!
Bonnes séries éliminatoires à tous!