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RÉSULTATS

Marty Walsh : des chantiers de construction à l'AJLNH

Marty Walsh Marty Walsh - Getty
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Marty Walsh a deux passions dans la vie : le hockey et la lutte pour les droits des travailleurs.

Comme il a grandi à Boston, sa passion pour le hockey c'est à titre de partisan des Bruins qu'il l'a développée. C'est aussi sur de petits chantiers de construction autour de «Beantown» qu'il a développé sa passion pour la défense des travailleurs.

Walsh parle avec tellement de passion des droits des travailleurs qu'on ne serait pas surpris que ce soit les chiffres 223 qu'il ferait broder dans le dos de son chandail des Bruins plutôt que le 4 de Bobby Orr, le 7 de Phil Esposito, le 77 de Raymond Bourque ou le 37 de Patrice Bergeron.

Pourquoi le 223?

« Parce que c'est le premier syndicat auquel j'ai été rattaché. La section 223 de l'union des travailleurs de la construction de Boston au sein de laquelle j'ai suivi les traces de mon père et de "Uncle Pat". Je considère le logo de la section 223 comme des armoiries personnelles. C'est là où tout a commencé. »

Qui est Marty Walsh? Martin Joseph Walsh est le nouveau directeur général de l'Association des joueurs de la Ligue nationale de hockey. L'AJLNH si vous préférez.

Entre la représentation des membres de la section 223 des travailleurs de la construction et la NHLPA, Walsh a été membre de l'Assemblée législative du Massachusetts pendant 16 ans. En 2013, il a été élu maire de Boston. Il était sur le point de compléter son deuxième mandat lorsqu'un appel du président Joe Biden a changé le cours de sa carrière. Le nouveau président voulait faire de Walsh son secrétaire au Travail. Un mandat que Walsh a accepté avant d'ajouter son nom à ceux des quelque 20 autres candidats à la succession de Donald Fehr.

À 55 ans, le voilà en relève à Fehr qui a cédé sa place après un règne tumultueux de 12 ans au cours duquel le hockey de la LNH a été mis en échec par des conflits de travail et par une pandémie dont on ressent encore les contrecoups.

Ferme, mais ouvert au dialogue

Avec son accent tranchant qui trahit ses liens de cœur et de sang avec Boston, avec ses racines de bon Irlandais, avec son héritage des chantiers et surtout la confiance qu'il dégageait, jeudi, lorsqu'il s'est présenté devant les journalistes de Toronto et des quatre coins de la LNH qui l'épiaient via Zoom, il est clair que Walsh se tiendra droit comme un chêne devant Gary Bettman et les propriétaires de la LNH lorsque viendra le temps de faire respecter les droits de ses joueurs et des membres de leurs familles.

Mais attention! Ça ne veut pas dire que Walsh entrera dans les bureaux de la LNH avec de grosses bottes de sécurité aux pieds, un marteau à la main et un casque jaune sur la tête.

« J'aime souligner que j'ai réglé bien plus de conflits potentiels au cours de ma carrière que j'en ai créés. Mon parcours n'est pas marqué de grèves ou de lock-out. Comme maire de Boston, je me suis directement impliqué pour éviter qu'un conflit prive les citoyens de soins médicaux alors que les infirmières ne prennent la rue. Comme secrétaire au Travail, j'ai été en mesure d'éviter le conflit qui menaçait le transport ferroviaire », que Walsh s'est assuré de souligner.

Est-ce à dire que les amateurs ne seront plus jamais privés de hockey de la LNH en raison d'un conflit de travail?

« J'ai toujours prôné le respect mutuel dans les relations de travail. J'ai eu une première rencontre avec Gary Bettman dans les bureaux de la Ligue à New York. C'était très cordial. En 30 minutes, nous avons simplement fait connaissance. Je suis convaincu que nous aurons une très belle relation... pourvu qu'il soit d'accord avec moi », que Walsh a lancé en riant.

Complicité avec Jeremy Jacobs

À titre de maire de Boston, Marty Walsh a tissé des liens étroits avec Robert Kraft, le propriétaire des Patriots de la Nouvelle-Angleterre. Il était aussi proche des proprios des Red Sox. Il considère même Jeremy Jacobs, le propriétaire des Bruins comme un ami.

« Ils ont probablement tous contribué au financement de mes campagnes électorales », a-t-il ajouté, éludant ainsi une éventuelle question.

Est-ce que les partisans du Canadien ou des autres clubs de la LNH devraient s'inquiéter de ces liens étroits avec le grand manitou des Bruins?

Pas du tout! Même que ce pourrait être un bienfait dans le cadre des relations entre la Ligue et ses joueurs. Car si les négociations devaient achopper à un moment ou un autre – et ça arrivera – et si le climat devait dangereusement s'envenimer, le fait que Walsh et Jacobs aient des liens personnels ne pourra pas nuire. Car à titre de président du comité exécutif de la LNH, Jeremy Jacobs est toujours l'un des propriétaires les plus influents de la Ligue. Il est surtout le plus proche allié de Gary Bettman.

À titre de nouveau directeur général de l'Association des joueurs de la LNH, Walsh se donne comme premier mandat de faire le tour de la Ligue pour rencontrer ses joueurs. Des joueurs qu'il aimerait impliquer davantage dans les affaires courantes de l'Association.

« Nous avons encore 1/3 des joueurs qui s'impliquent et j'aimerais en avoir davantage, a admis Walsh. Après tout, nous travaillons pour nos joueurs et les membres de leurs familles. Et je veux que nous soyons plus attentifs à leurs besoins à tous les niveaux. Ça inclut les besoins en santé mentale et aussi les services rendus aux joueurs et à leurs proches une fois les carrières terminées. Je crois qu'il y aura moyen d'établir de nouveaux paramètres dans les prochaines conventions collectives. »

Rayonnement international et plafond

Le nouveau directeur général militera pour le rayonnement international de ses joueurs. Que ce soit par le biais de la Coupe du monde – organisée de pair par la Ligue et l'AJLNH – des Jeux olympiques et des matchs de saison régulière disputés ailleurs sur la planète hockey.

Le plafond salarial?

« J'aimerais le voir grimper plus rapidement et je suis ouvert à m'asseoir avec la Ligue pour voir de quelle façon nous pourrions accélérer le processus visant à faire monter le plafond. Cela dit, les joueurs semblent clairs sur le point qu'ils ne veulent plus voir la portion qu'ils versent en fiducie (escrow) être augmentée à nouveau. Il est encore très tôt », a souligné Walsh.

Lors de la dernière réunion des directeurs généraux en Floride, Gary Bettman a ouvert la porte à une hausse plus rapide et plus importante du plafond pourvu que les joueurs versent la centaine de millions $ encore dus pour rembourser leur part des pertes de revenus attribuables aux contrecoups de la COVID.

Et la convention collective?

« Elle est en vigueur pour encore deux ans et demi – septembre 2026 – et nous y viendrons en temps en lieu. J'arrive en fonction. J'ai encore bien des choses à apprendre pour être au fait de tous les dossiers. »

Walsh assure que l'Association des joueurs attendra les conclusions des enquêtes policières en cours dans le cadre d'abus sexuels allégués impliquant certains de ses membres qui étaient d'âge junior au moment des actes reprochés avant de se prononcer. « Mais nous accorderons tout le sérieux nécessaire à cette affaire une fois les conclusions de l'enquête policière connues. »

Et l'ouverture à la communauté LGBTQ+? Une ouverture qui a été partiellement mise en échec par les décisions de certains joueurs et même de certains clubs de ne pas emboîter le pas en portant les couleurs de la fierté lors des périodes d'échauffement.

« Je suis pour le respect du libre choix des joueurs. Cela dit, la très grande majorité de nos membres, presque la totalité, ont pris une part active à cette campagne. Personnellement, je suis un grand défenseur du respect des droits de la communauté LGBTQ+. J'étais à l'Assemblée législative lorsque nous avons voté (en 2004) en faveur du droit aux mariages des couples de même sexe. Le drapeau LGBTQ+ a flotté devant la mairie de Boston quand j'y étais en signe d'appui. Je considère important d'avoir une ligue ouverte à tout le monde. Et je rappelle que l'opposition n'est venue que de quelques joueurs », a insisté le nouveau patron de l'AJLNH.