L’entraînement du Canadien vient de se terminer et les journalistes font le pied de grue devant la porte du vestiaire. Quelques heures auparavant, le Canadien annonçait que Brian Gionta devenait le 28e capitaine de l’histoire du Canadien.

« Ca ne plaira pas à Martin Brodeur! » dit un journaliste en faisant référence à un article paru dans sur rueFrontenac.com l’an passé. Le gardien des Devils, ex coéquipiers et ami de Gionta, y allait supposément, de propos peu flatteurs à l’endroit de Gionta, disant que le petit attaquant du Canadien, ainsi que Scott Gomez, n’avaient pas les qualités requises pour être un bon capitaine.

Je n’ai pas lu l’article mais je me rappelle que les propos de Brodeur avaient fait jaser. Mais j’ai un doute. Je vérifie auprès de quelques collègues et la plupart sont convaincus que Martin a bel et bien tenu ces propos. Mon collègue Michel Langevin approche Gionta et lui pose la question. «Que réponds-tu à Martin Brodeur qui avait des doutes sur tes capacités à devenir un bon capitaine? » Gionta ne bronche pas et répond « Martin est un ami, un ancien coéquipier, un des meilleurs gardiens de but de l’histoire. Je le respecte énormément et bla bla bla. » Aucune trace de frustration, de colère ou d’amertume sur le visage de Gionta. Il n’a pas l’air à croire un traitre mot des propos qu’on attribue à son ancien coéquipier.

J’ai une entrevue à faire avec Gionta un peu plus tard pour Sports 30 et même réaction de sa part. Puis, je reçois un coup de fil de Pierre Durocher après l’émission. Il venait de discuter avec le gardien de but des Devils.

«Chantal, Martin n’a pas vraiment dit ça l’an passé, ses propos ont été déformé avec le temps…» Voici donc ce qu‘écrivait Martin Brodeur dans sa chronique parue dans une édition spéciale papier de RueFrontenac.com en octobre 2009:

«Je ne vois pas non plus Gionta tenir le rôle de capitaine du Canadien, même si c‘est un joueur fougueux qui travaille fort à chaque match et qui n‘a pas froid aux yeux, malgré sa petite taille.

Gionta a signé un très gros contrat, une entente de cinq ans pour 25 millions de dollars, et il n‘a pas besoin de la pression supplémentaire qui incombe au capitaine à ses débuts à Montréal.»

Très différent n’est-ce pas? Martin Brodeur a toujours été d’une générosité exemplaire envers les médias. Il est le seul gardien de but que nous pouvons interviewer quelques heures avant un match qu’il dispute le soir. Il est toujours disponible, franc et ne verse jamais dans les clichés. Du bonbon! Malgré cela, les médias ont parfois été durs à son endroit, notamment lorsqu’on a parlé de sa vie privé alors qu’il traversait des moments très difficiles. Et voilà maintenant qu’on lui prête des propos erronés.

Souvent les athlètes vont nous dire des choses que nous décidons de publier et lorsque les déclarations font de grosses vagues, les athlètes vont le regretter et souvent revenir sur leur déclaration et renier leurs propos. C’est enrageant mais c’est courant. Mais dans le cas contraire, les médias pourraient avoir l’humilité de corriger le tir. C’est ce que je fais ici, par respect pour Martin Brodeur.