OTTAWA – En se préparant pour ce match d’après-midi, Jean-Gabriel Pageau était loin de se douter qu’il allait enfiler sa cape de super-héros et compter quatre buts.

« Les matchs d’après-midi sont plutôt difficiles. On ne joue pas souvent à 15 h, c’est un peu différent. Je pensais que j’avais trop mangé », a raconté Pageau en riant.

Finalement, le Québécois de 24 ans a brillé de tous ses feux et il a sauvé sa troupe plus d’une fois.

« Il y a des journées que tu te sens mieux sur la patinoire », a admis humblement celui qui est surnommé Honey Badger en référence au blaireau, ce petit animal coriace qui n’a aucune crainte.

Il a préféré vanter les meneurs de l’équipe qui ont permis cette victoire spectaculaire à ses yeux.

« On n’a pas joué comme on le souhaitait, mais une chose qui est bonne, c’est qu’on a toujours gardé confiance dans le vestiaire. On est revenus de l’arrière plus d’une fois et ça prouve notre caractère. Pour te motiver entre les périodes, c’est assez facile avec des meneurs comme notre capitaine et notre gardien », a mentionné le droitier qui a maintenant amassé 9 buts en 24 matchs éliminatoires.

Avec cette prestation, les gens risquent d’arrêter de dire qu’il compte ses buts uniquement contre le Canadien.

« Peut-être, ça se peut. J’essaie juste d’être le même joueur match après match », a-t-il répondu.

L’exploit était encore tout frais, mais est-ce plus gros à ses yeux que sa performance de trois buts contre le Tricolore lors des séries de 2013 ?

« C’est un de plus! Je ne sais pas trop, mais ce sont tous des moments spéciaux », a déclaré l’ancien des Olympiques de Gatineau et des Saguenéens de Chicoutimi.

Facile de constater que Pageau prêche par humilité. Ce n’est pas pour rien qu’il est autant aimé au sein de l’organisation.

« C’est déjà incroyable de jouer dans la LNH à ce physique et ce l’est encore plus avec tout ce qu’il accomplit. Il faut respecter le joueur et l’homme. Il contribue beaucoup au sein de notre groupe », a vanté son entraîneur, Guy Boucher.

« Quand on demande aux joueurs avec qui ils veulent jouer, ils répondent tous Pageau que ce soit des gars offensifs ou défensifs. C’est l’une de ces soirées qui explique ça », a ajouté Boucher.

C’était donc avec un grand plaisir que ses coéquipiers lui ont rendu hommage après la partie.

« C’est merveilleux, il a bien joué pour nous durant toute la saison. Depuis son arrivée, il a toujours démontré beaucoup de caractère. Il ne reçoit pas toujours le mérite qui lui revient. Quand le match est très serré, il est toujours notre homme de confiance. Ça démontre à quel point il est important pour notre équipe. C’est bien de voir une personne comme lui être récompensée », a évoqué Erik Karlsson.

ContentId(3.1231106):Montage des quatre buts de Jean-Gabriel Pageau lors du 2e match de la série
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« Son bâton était en feu, ça n’arrive pas si souvent de compter quatre buts en séries! », a déclaré Mark Stone avec appréciation.

« Je me souviens de son match contre Montréal il y a quelques années. C’est un favori de la foule, un gars avec un grand cœur. On ne pouvait pas demander pour un meilleur effort d’un gars qu’on aime tous dans l’équipe », a noté le gardien Craig Anderson.

Du même moule que Martin St-Louis

Pageau l’a déjà prouvé, il possède cette faculté de s’illustrer dans les plus grandes occasions. Déjà, c’est impressionnant comme qualité, mais il y parvient malgré sa stature de cinq pieds dix pouces et 180 livres.

De l’avis de Boucher, ça ne fait aucun doute qu’il partage des traits de caractère avec Martin St-Louis.

« Ce sont des joueurs qui croient en eux. Tu ne peux pas à cette grandeur être capable de passer à travers toutes les étapes, te rendre dans la LNH et aussi devenir un joueur d’impact, si tu n’as pas une grande, grande force de caractère et une grande croyance en tes moyens », a prétendu Boucher en connaissance de cause ayant dirigé St-Louis.

ContentId(3.1231109):Guy Boucher revient sur le match de quatre buts de Jean-Gabriel Pageau
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« Toute leur vie, ils se font dire qu’ils ne seront pas capables. Tu te bâtis toute une carapace ou tu t’écrases comme certains qui avaient le même talent qu’eux. La différence, dans leur cas, c’est qu’ils sont capables de faire fi de ce que les autres disent. Ce n’est pas pour jouer au coq, mais parce qu’ils croient en leurs capacités. Cet acharnement les aide à traverser toute l’adversité », a enchaîné l’entraîneur avec son éloquence habituelle.

Boucher s’est même permis de le comparer, à certains égards, à Sidney Crosby.

« Les gens pensent que c’est une question de talent, mais tu comprends quand tu les côtoies tous les jours. C’est le caractère, le désir de vaincre et la capacité de surmonter l’adversité. Leur niveau (pour ces atouts) est tellement au-dessus de la population, c’est ce qui explique pourquoi ils sont capables de percer », a déterminé l’entraîneur.

Dédié à la cause collective, Pageau n’a donc jamais chigné quand Boucher lui a confié un rôle à prépondérance défensive.

« Il n’a pas juste beaucoup de caractère, il est intelligent. Il a compté 22 buts (19 pour être exact) la saison dernière, mais il ne s’est jamais plaint de devoir contrer les meilleurs joueurs adverses », a remercié Boucher.

Étant un « gars du coin », Pageau n’était même pas certain que ses parents étaient présents au match lorsqu’il a rencontré les médias après la rencontre.

Aucune faille décelée chez Lundqvist

Avec une production de six buts contre Henrik Lundqvist, l’occasion était belle pour demander à Boucher si ses joueurs avaient trouvé une faille chez le Suédois.

« Non, non. Je pense que personne ne va trouver une faille. Tu vas voir à la prochaine game, je suis pas mal certain qu’il n’y aura pas de faille de son côté. Je suis convaincu que les deux gardiens n’alloueront pas autant de buts », a prédit Boucher, qui ne pouvait quand même pas prétendre le contraire.

ContentId(3.1231108):Jean-Gabriel Pageau revient sur son match de quatre buts
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