Si le proverbe « gros lundi, petite semaine » prend tout son sens, Kent Hughes et ses homologues de la LNH passeront les prochains jours les deux pieds sur le coin de leur bureau.

Alors qu’on s’attendait à un petit lundi tranquille en raison du fait que plusieurs gros noms avaient changé de camp au fil des derniers jours et des dernières semaines, les 32 directeurs généraux ont profité du dernier droit menant à la fin de la période des transactions pour multiplier les petits, moyens et grands coups visant à mousser leurs chances d’accéder aux séries et d’y demeurer le plus longtemps possible ou plus humblement pour préparer un avenir meilleur.

Je l’ai déjà écrit : dans la catégorie préparer un avenir meilleur, Kent Hughes a multiplié les bons coups en maximisant les retours obtenus sur les Ben Chiarot, Tyler Toffoli, Artturi Lehkonen et Brett Kulak.

À Seattle, Ron Francis qui n’a pas eu la chance de profiter d’un repêchage d’expansion aussi généreux que celui qui a propulsé les Golden Knights de Las Vegas vers la finale de la Coupe Stanley dès leur première saison dans la LNH, s’est bien repris au cours des derniers jours.

Il a largué son capitaine Mark Giordano et plusieurs autres joueurs convoités pour les remplacer par 11 sélections qui s’ajoutent aux 23 qu’ils détenaient déjà en vue des trois prochains repêchages.

C’est énorme. C’est même trop. Mais toutes ces sélections permettront à Francis et aux membres de son état-major de multiplier les transactions pour améliorer leurs rangs de sélection ou obtenir des joueurs que d’autres clubs devront se contraindre à laisser aller pour respecter les paramètres du plafond salarial.

Il sera intéressant de voir ce que le Kraken fera avec toutes ces sélections. Mais il est clair que ce club a maintenant les moyens de se reprendre après un repêchage d’expansion qui n’a pas été aussi généreux que plusieurs s’y attendaient.

Du soleil en Floride, des nuages à Toronto

Préparer l’avenir c’est bien. Profiter d’un présent éclatant c’est bien mieux.

En conjuguant au présent, la conclusion principale que l’on peut tirer au lendemain de la fin de la période des transactions est que le soleil brille en Floride alors que des nuages pourraient encore ombrager le printemps à Toronto.

Les Hurricanes de la Caroline dominent la division métropolitaine. Les Rangers et les Penguins qui les talonnent pourraient leur compliquer la vie une fois en séries.

Malgré toutes leurs qualités, je ne crois pas que ces trois clubs puissent rivaliser avec le Lightning de Tampa Bay qui est en quête d’une troisième coupe Stanley consécutive ou les Panthers de la Floride qui sont leurs plus sérieux rivaux pour sortir de l’Association Est.

Parce qu’ils comptent sur Andrei Vasilevskyi, sur Victor Hedman, sur Nikita Kucherov, Braydon Point, Anthony Cirelli, Alex Killorn, Steven Stamkos qui produit au rythme de ses belles années sans oublier les Ryan McDonagh, Mikhail Sergachev ou Corey Perry qui sait s’imposer une fois en séries, le Lightning demeure le club à battre dans l’Est.

Du moins à mes yeux.

Mais Bill Zito a pris les moyens pour aider ses Panthers à peut-être arriver à faire mentir ceux qui sont prêts à déjà envoyer les « Bolts » en grande finale.

L’acquisition de Claude Giroux – quel duo il pourra compléter avec Aleksander Barkov – renforce une attaque déjà redoutable. Les Panthers dominent la Ligue avec les 252 buts qu’ils ont marqués en 62 matchs. Ils sont les seuls à afficher une moyenne de plus de quatre (4,07) buts marqués par match.

L’ajout de Giroux est venu sur le tard, mais il ne faut pas oublier que Zito avait amorcé son travail l’été dernier avec l’acquisition de Sam Reinhart des Sabres de Buffalo et sa mise sous contrat pour trois ans (6,5 millions $ en moyenne) sans oublier l’acquisition de Sam Bennett l’an dernier.

Loin d’être mauvais en défensive – ils sont 13e dans la Ligue avec une moyenne de 2,84 buts accordés par match – les Panthers devront être plus étanches en séries alors que leur attaque, aussi redoutable soit-elle, pourrait avoir plus de difficultés à s’extirper des crocs défensifs qui sont plus acérés et tolérés une fois en séries.

L’acquisition de Chiarot aidera grandement la cause du gardien Sergei Bobrovsky qui devra jouer à la hauteur de son potentiel pour que le travail de grande qualité effectué par Bill Zito soit récompensé.

Le Canadien et ses partisans devraient en avoir une bonne idée jeudi alors que les Panthers, avec Chiarot et Giroux prêts à disputer un premier match avec leur nouveau club, feront escale au Centre Bell.

Les Rangers se sont améliorés avec l’acquisition de Justin Braun à la ligne bleue. Rickard Rakell va certainement trouver une façon de produire entouré qu’il sera des Sidney Crosby, Evgeni Malkin, Bryan Rust ou Jake Guentzel.

Pas sûr que les Hurricanes ont fait un bon coup en misant sur Max Domi qui pourrait venir miner l’esprit de corps qui unit cette équipe. Mais les « Canes » demeurent un bon club. Comme les Bruins et les Capitals qui se sont améliorés eux aussi à la date limite des transactions.

Mais je demeure convaincu que le club qui sortira gagnant d’un éventuel duel Panthers-Lightning se rendra en finale de la Coupe Stanley.

Et les Panthers ont pris les moyens pour gagner ce duel.

Les Leafs dans tout ça?

Kyle Dubas a réalisé un bon coup en ajoutant Giordano à une brigade défensive qui avait grand besoin de tout ce que cet excellent défenseur et tout aussi excellent leader pourra amener.

Mais il n’a pas amélioré la situation de son équipe devant le filet. Peut-être que Jack Campbell aura profité du repos qu’il a dû s’offrir en raison d’une blessure pour retrouver ses moyens et sa confiance. Peut-être! Mais même s’il y arrive, Campbell n’a rien d’un Carey Price, voire d’un Jake Allen dont les récentes performances moussent le fait que Toronto aurait dû tenter de jongler avec ses contrats pour lui faire une place.

Petr Mrazek? Erik Källgren?

L’idée de mettre sous contrat le gardien finlandais et médaillé d’or olympique Harri Säteri n’était pas mauvaise. Elle aurait même pu se traduire par un coup fumant si ce gardien comptant seulement neuf matchs d’expérience dans la LNH – avec les Panthers de la Floride en 2017-2018 – était revenu triomphant de la KHL.

Mais voilà, les Leafs l’ont perdu au ballottage où il devait être soumis aussitôt son contrat signé. D’où ma question philosophique sur la décision des Leafs : si Dubas croyait que Säteri était assez bon pour venir sauver son club devant le filet, comment diable pouvait-il croire que les clubs de bas de classement – comme les Coyotes – le laisseraient passer au lieu de le ramasser comme un beau 100 $ tout neuf trouvé au sol?

Les Maple Leafs forment une bonne équipe. Peut-être qu’ils feront mentir tous ceux et celles qui, comme moi, croient qu’ils sont parfaits pour gagner en saison régulière, mais ô combien imparfaits quand vient le temps de jouer du hockey plus difficile en séries.

Mais en refusant de prendre les grands moyens pour donner un gardien capable d’offrir à son équipe des chances logiques de victoire à chaque match de séries qu’elle dispute, Dubas risque de voir les Leafs fondre comme neige au soleil dès la première ronde.

Sakic s’est dressé devant la menace venant du Nord

J’ai donné, dès l’automne dernier, le titre de champion de l’Association Ouest à l’Avalanche du Colorado. Je maintiens cette prédiction avec plus de conviction encore ce matin.

Je la maintiens parce que Joe Sakic, loin de se dire qu’il avait en main les effectifs nécessaires pour aller jusqu’au bout, a affiché l’humilité nécessaire pour reconnaître qu’une menace à prendre très au sérieux venait de l’Alberta.

Eh non, elle ne vient pas d’Edmonton. Connor McDavid et Leon Draisaitl sont excellents. Evander Kane est très bon et il récompense Ken Holland de lui avoir donné la chance de revenir dans la LNH après ses expériences, disons difficiles avec les Sharks. Mais les Oilers ne sont pas assez forts pour rivaliser avec l’Avalanche. Surtout que Holland, comme Dubas à Toronto, n’a pas amélioré sa situation devant le filet. J’aime bien Kulak. J’aime plus encore Derick Brassard. Mais les Oilers avaient davantage besoin d’un gardien que de ces deux joueurs réunis.

Les Oilers ne sont donc pas assez forts, mais les Flames de Calgary le sont par exemple.

Et c’est justement pour se dresser devant cette menace venant du Nord que Sakic a conclu des transactions qui donnent à ses leaders le coup de pouce qu’ils attendaient pour voir que le boss voulait autant gagner qu’eux.

Sakic a payé cher, même très cher, pour ajouter Lehkonen à ses trios de soutien. Il a payé un juste pris pour ajouter du poids et de la robustesse à la ligne bleue avec Josh Manson. Il a donné du gabarit à ses trios de soutien en remplaçant Tyson Jost par Nico Sturm. Il s’est donné de l’expérience et de la profondeur avec Andrew Cogliano.

Mais la réaction de Nathan MacKinnon qui a donné une victoire de 3-2 à l’Avalanche aux dépens des Oilers en marquant, en prolongation, son 22e but de la saison et en ajoutant une passe a auréolé ces transactions. Plus encore que ce but et cette passe, la déclaration de MacKinnon qui a indiqué qu’il était maintenant temps de tout donner sur la patinoire pour profiter du travail de son boss et de se rendre jusqu’au bout, révèle que les prix payés par Sakic sont déjà remboursés. Ou en voie de l’être.

Le plus dur reste à faire. C’est clair. Mais MacKinnon est un joueur d’émotions. Et s’il se met en mission pour couronner le travail de Sakic, non seulement l’Avalanche me donnera raison l’avoir déjà sacré champion de l’Association Ouest. Il pourrait bien aussi devenir champion de la coupe Stanley.

Un duel Flames-Avalanche semble être le point culminant des séries dans l’Ouest.

Mais attention!

Il ne faudrait pas écarter trop vite le Wild du Minnesota. Cette équipe est regardée de trop haut. Comme l’ont été pendant longtemps les Hurricanes en Caroline. Mais comme les « Canes », le Wild forme une très bonne équipe de hockey.

Une équipe qui joue en équipe.

Une équipe équilibrée, rapide, bien dirigée. Une équipe que Bill Guerin a revigorée avec Nicolas Deslauriers, à l’attaque, avec Jacob Middleton, à la ligne bleue, et surtout avec Marc-André Fleury devant le filet.

Cette acquisition pourrait transformer le Wild. Elle pourrait donner à cette équipe une confiance renouvelée par un gardien qui a gagné la coupe Stanley et qui a aidé les Golden Knights à se rendre en finale dès leur première saison.

Je ne crois pas que le Wild puisse tenir tête aux Flames ou à l’Avalanche. Mais Guerin a donné les moyens à son équipe de pouvoir causer des surprises. Des petites? Des grandes? Des très grandes? On verra.

Mais Guerin, comme Sakic et Brad Treveling qui avait amélioré les Flames avant la date limite sortent gagnants en matière d’amélioration du présent dans l’Ouest.

Alors que Bill Zito sort gagnant dans l’Est sans oublier Julien BriseBois qui a trouvé une nouvelle façon de jongler avec sa masse salariale pour s’assurer que son club soit toujours aussi solide à toutes les positions.

Tout ça est bien beau sur papier. Mais les vraies victoires, c’est sur la patinoire qu’il faudra maintenant les signer.