WASHINGTON – Après une période, les Penguins et les Capitals tenaient promesse : Crosby et sa bande utilisaient leur vitesse pour tenter de déstabiliser la défensive des Caps.

Ovechkin et ses coéquipiers misaient sur leur physique pour tenter de ralentir un rival qui représente, encore cette année, le plus gros obstacle qui les sépare de la première coupe Stanley de leur histoire.

Malgré des élans soutenus de chaque côté, malgré des passes parfaites distribuées aux quatre coins de la patinoire, les deux équipes peinaient à obtenir des tirs susceptibles de déjouer les deux gardiens en présence. De fait, ils en ont échangé 10 seulement – six pour les Penguins – au cours des 20 premières minutes.

Et là, dès les premières secondes de la période médiane, Sidney Crosby s’est levé. Le Kid a pris les choses en mains. Une mise en jeu gagnée, quelques passes échangées et hop Crosby enfilait le premier but de la série sous les yeux d’un Alexander Ovechkin médusé de voir son rival de toujours donner les devants aux siens si vite (12 secondes) en début de période médiane.

De retour au banc, Ovechkin se demandait encore ce qui venait de se passer autour de lui que Crosby récidivait. Eh oui! Cinquante-deux secondes après son premier but, Crosby enfilait son 4e des séries. D’électrique qu’il était en début de match alors que les partisans des Caps hurlaient leurs encouragements en brandissant des bâtons lumineux à bout de bras, le Verizon Center est soudainement devenu bien tranquille. Il est passé d’un rouge écarlate à un gris acier...

« Sid est sorti fort », a commenté la recrue Jake Guentzel qui a hérité du privilège d’évoluer au sein du même trio que son capitaine.

Fort! Le mot est faible. Trop faible. De fait, le commentaire de Marc-André Fleury à l’endroit de Crosby était plus représentatif de l’exploit réalisé par le capitaine des Penguins. « Après toutes ces années passées avec lui, il m’impressionne encore », que le gardien québécois a claironné avec un brin de fierté.

« C’est bizarre parfois. On n’arrivait à rien en première et puis soudainement les occasions se sont présentées et nous avons su en profiter. Je dois donner beaucoup de crédit à mes ailiers sur ces deux buts. Hornqvist est très fort en récupération de rondelle et Jake (Guentzel) m’a fait une très belle passe sur le deux contre un. Nous avons été patients ce soir. Nous n’avons pas triché en tentant de provoquer des occasions. Tu n’as qu’à exécuter lorsqu’elles se présentent. Et c’est ce que nous avons fait ce soir. »

Ovechkin ravive les espoirs

Malgré l’éveil éclatant de Crosby qui aurait pu compléter son tour du chapeau à quelques reprises en deuxième, il ne fallait pas s’attendre à ce que les Caps abandonnent pour autant.

Que non!

Ils l’ont d’ailleurs prouvé avec un barrage de 13 tirs en guise de réplique aux frappes successives de Crosby. Et comme on pouvait presque s’y attendre, c’est Alexander Ovechkin qui a réveillé la foule et ravivé les espoirs en fin de période avec son 4e but des séries.

À leur 14e duel en séries, Ovechkin et Crosby se retrouvaient donc une fois encore nez à nez. Ou presque. Le premier revendique maintenant 11 buts et 22 points, cinq points de plus que Crosby qui a atteint hier le plateau des 10 buts aux dépens des Caps en séries.

Mais là où ça compte, Crosby est rendu à neuf victoires – deux séries gagnées – contre cinq seulement pour Ovechkin qui est toujours en quête d’une première série gagnée aux dépens des Penguins en carrière.

Le but d’Ovechkin a permis aux Caps de prendre les Penguins d’assaut en troisième. Et comment. Sur les talons, les Penguins ont essuyé les attaques répétées des Caps. La question n’était plus de savoir s’ils arriveraient à niveler les chances, mais plus simplement combien de temps ils auraient besoin pour arriver à déjouer Marc-André Fleury.

La réponse est tombée après huit minutes au cours desquelles les Caps ont canardé le gardien québécois. Incapables de le surprendre avec des tirs, les Caps ont finalement eu raison de « Flower » en le déjouant à la suite d’une passe parfaite que Matt Niskanen a refilée à Evgeny Kuznetsov qui a tiré dans une cage déserte.

« C’est une grosse équipe. Ils sont toujours menaçants et même s’ils ne tirent pas souvent, tu dois toujours être sur tes gardes. Ce soir, ils ont tiré beaucoup », a reconnu Marc-André Fleury qui a multiplié les arrêts pour empêcher les Caps de prendre leur envol.

Fleury a ensuite eu de l’aide. Sorti de nulle part, Nick Bonino a percé la défensive des Caps pour marquer un but que personne n’a vu venir sur le 3e tir des Penguins en troisième.

Fleury se dresse 15 fois plutôt qu’une

Obligés de revenir une nouvelle fois de l’arrière, les Caps ont alors tout tenté. Ils ont multiplié les tirs et les attaques au filet. Au cours d’une séquence qui avait des allures de mêlée au rugby, Fleury et quelques-uns de ses coéquipiers étaient étendus sur la glace pour tenter de soustraire la rondelle de leurs adversaires.

La rondelle est ressortie quelque 10 secondes plus tard et John Carlson d’abord, puis Nate Schmidt ensuite ont vu Fleury se dresser devant eux pour réaliser deux de ses 15 arrêts.

« J’étais à bout de souffle en fin de match. Il y avait beaucoup de pression et c’est un building où il fait très chaud. Où c’est très humide. Ça brassait beaucoup autour du but surtout lors de la grosse mêlée. Je croyais vraiment qu’on avait gelé la rondelle. J’ai juste eu le temps de voir qu’elle était sortie avant de faire l’arrêt », a commenté Marc-André Fleury qui n’avait pas encore complètement retrouvé son souffle après les longues minutes passées avec les journalistes.

« On savait qu’ils pousseraient très fort en fin de match et Flower, qui a été grandiose toute la soirée, l’a particulièrement été lors de l’empilade devant lui », a pour sa part indiqué Sidney Crosby.

 « On a frappé un gardien en pleine possession de ces moyens ce soir. On a fait plein de bonnes choses. On a décoché 83 tirs au total. Trente-cinq ont touché la cible. Et sur ce nombre, plusieurs ont représenté de bonnes occasions de marquer. Quelques rondelles sont même tombées derrière Fleury. L’ennui, c’est qu’elles ne sont pas tombées assez loin derrière lui. C’est 0-1 dans une série qui sera sans doute très longue. Il faudra prendre les moyens pour être meilleurs samedi », philosophait Barry Trotz, l’entraîneur-chef des Capitals.

Si Marc-André Fleury a joué les héros dans la victoire des Penguins, son vis-à-vis Braden Holtby était moins satisfait de sa performance. « Nous avons disputé un fort match, mais je dois être plus solide sur les jeux qui ont donné leur premier et troisième but. Je dois bloquer ces deux tirs. Et ces deux buts font la différence dans le match », a indiqué le gardien des Caps qui a accordé trois buts sur 21 tirs.

Quand on a dit à Barry Trotz que son gardien prenait le blâme sur deux des trois buts des Penguins, l’entraîneur-chef des Caps a répondu : « Braden nous a donné de nombreuses victoires cette année. S’il vous a dit qu’il peut être meilleur, c’est certainement une bonne nouvelle pour nous. Ça veut dire qu’il le sera. »

Questionné aussi sur la nature du duel Crosby-Ovechkin qui est mis en évidence dans cette série Capitals-Penguins, Barry Trotz a louangé les deux capitaines.

« Ce sont deux joueurs spéciaux. Des athlètes hors du commun. Ils sont tous les deux motivés par une force spéciale. Je ne crois pas que ce soit simplement parce qu’ils veulent être meilleurs que l’autre. Je crois que c’est plus profond que ça. Ils sont de vrais leaders, et les vrais leaders font toujours passer le bien de l’équipe avant leur bien personnel. Je crois qu’ils vivent ces confrontations comme de grands moments. Et les grands athlètes sont friands de ce genre de grands moments, car ils veulent en profiter pour s’imposer. »

Après la première bataille de cet autre grand duel Capitals-Penguins, Sidney Crosby a eu le dessus une nouvelle fois sur Alexander Ovechkin. Il lui faudra maintenant remporter trois autres batailles avant de gagner la guerre.

La prochaine bataille sera disputée samedi.