En disputant mardi soir un sixième match consécutif contre les équipes canadiennes, le Canadien de Montréal a obtenu une belle occasion de mesurer sa situation propre par rapport aux autres formations du pays. Constatation facile, direz-vous, le Tricolore est largement en avance et pourrait même s’avérer la seule formation du Canada à se qualifier pour les séries 2016. Ce qui ne veut pas dire que l’avenir n’est pas très prometteur à l’ouest de Montréal!

Le potentiel d’avenir aux Oilers

Il ne fait aucun doute, après la récente séquence de matchs que nous avons présentés à RDS, que la meilleure base de très jeunes talents chez les équipes canadiennes de la LNH se trouve dans l’ouest du pays. Et dès que l’on prononce le nom de Connor McDavid, il n’y a même plus de place pour le moindre débat! Les Oilers viennent en tête de lice et seront soulevés, un jour pas si lointain, par leur jeune prodige! Il est tout simplement dommage que le premier choix de 2015 se soit blessé sévèrement mardi lors du match contre les Flyers et qu’il soit absent pour une longue période, lui qui se dirigeait tout droit vers le trophée Calder.

ContentId(3.1160429):Lourde chute pour McDavid
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Car à n’en pas douter, McDavid est non seulement mûr pour la LNH, mais il semble déjà prêt à dominer son sport et il est permis de croire que le flambeau lui est déjà tendu par son aîné, un certain Sidney Crosby. Il n’en tient qu’à lui à s’en emparer et à concrétiser dès maintenant son statut de surdoué. Ce que nous avons retenu du match à Edmonton, ce n’est pas seulement le talent brut de McDavid. C’est aussi l’ensemble de son comportement sur la patinoire, digne d’un vétéran. Même si son équipe tirait de l’arrière, il patinait encore à fond de train et semblait refuser la notion de défaite et sa fougue est alors devenue contagieuse, ce qui fut à la base même de la formidable remontée des Oilers.

Je faisais partie de ceux qui croyaient qu’il y avait « trop » de talents semblables à Edmonton. J’en suis aujourd’hui moins sûr. Connor McDavid peut devenir tellement dominant, qu’il ne sera même pas en compétition directe avec les Taylor Hall, Ryan-Nugent Hopkins, Leon Draisaitl et Nail Yakupov. Il pourrait cependant forcer ces jeunes joueurs à travailler encore plus fort et concrétiser davantage leur potentiel énorme. Et si Jordan Eberle revient en parfaite santé quelque part au cours de la présente saison, il ajoutera non seulement une couche supplémentaire de mordant à l’attaque des Oilers, mais aussi un leadership dont s’accommodera très bien le nouvel entraîneur-chef, Todd McLellan.

C’est toujours en regardant vers la défense et vers le filet que le doute s’installe à Edmonton. Mais en voyant évoluer le jeune Darnell Nurse, récemment rappelé du club-école de Bakersfield, on peut dire qu’il y a de l’espoir. Nurse, 20 ans, possède toutes les qualités pour réussir à son poste, dont un physique imposant et un excellent coup de patin. Griffin Reinhart, 21 ans, est aussi un colosse qui deviendra rapidement une présence rassurante en zone défensive, selon la plupart des observateurs. Oskar Klefbom, 22 ans, a aussi un physique imposant et possède un sens inné pour l’attaque. Voilà donc un fort potentiel à la ligne bleue, trois défenseurs aux qualités complémentaires. Si vous ajoutez le talent offensif de Justin Schultz, présentement blessé et l’expérience de Mark Fayne, sous contrat pour trois ans, le portrait est fort intéressant. Reste à voir si Cam Talbot peut faire un travail à tout le moins respectable devant le filet surtout quand les jeunes défenseurs auront gagné en maturité. Sinon, il faudra transiger pour espérer se rendre en séries et aller le plus loin possible.

Il a tout lieu de croire que le retour des Oilers d’Edmonton en séries éliminatoires pourrait très bien se faire dès la saison prochaine, en coïncidence avec leur entrée dans leur nouvel amphithéâtre.

Flames et Jets sont mûrs si…

Le mauvais début de saison des Flames de Calgary ne change rien à l’évaluation objective que l’on peut faire de cette équipe, qui a surpris la plupart des observateurs la saison dernière. Elle possède tout simplement l’un des meilleurs groupes de défenseurs de la LNH et compte, elle aussi, sur quelques brillants jeunes attaquants en Johnny Gaudreau (22 ans), Sean Monahan (21 ans) et Sam Bennett (19 ans). Le très gros problème se situe devant le filet. Même en santé, Jonas Hiller soulève des doutes, et visiblement, les Flames ont perdu confiance en Karri Ramo. Joni Ortio, affreux contre le Canadien, n’est certainement pas une solution à long terme valable pour Calgary. C’est donc à Brad Treliving que revient le défi de trouver la solution. Il devra peut-être sacrifier dès maintenant l’un de ses défenseurs et trouver un gardien adéquat sinon les Flames pourraient rater cette occasion de succès qui s’offre à eux dès maintenant. C’est l’équipe de l’Ouest la mieux placée pour aller en séries…si elle déniche un gardien!

Les Jets de Winnipeg ont eux aussi soulevé les passions de leurs partisans le printemps dernier en participant aux séries de fin de saison, ce que les amateurs de hockey de la ville n’avaient pas connu en 20 ans! La direction de l’équipe a pris quantité de bonnes décisions la saison dernière : remplacer Claude Noël par Paul Maurice au poste d’entraîneur-chef ainsi qu’envoyer à Buffalo le très embarrassant Evander Kane et obtenir en retour des joueurs importants comme Tyler Myers et Drew Stafford.

En ajoutant à ces changements positifs et au rendement constant de Bryan Little, Blake Wheeler et Andrew Ladd l’émergence de Mark Scheifele, Adam Lowry et Jacob Trouba, on peut dire que les Jets ont des atouts solides pour connaître leur part de succès. Eux aussi comptent sur deux très jeunes joueurs au fort potentiel, Nikolaj Ehlers et Nic Petan. Le danger pour les Jets? Vouloir pousser trop loin l’image de durs qu’ils souhaitent projeter. C’est bien beau le marketing, mais cela a coulé l’équipe dimanche dernier à Montréal!

Préparer « l’après-Sedin » à Vancouver

La situation des Canucks, quant à elle, est un peu différente. Cette équipe manque tout simplement de joueurs talentueux dans la mi-vingtaine, un facteur qui explique largement les succès du Canadien ces temps-ci. Les jumeaux Sedin ont 35 ans, tout comme le gardien numéro un, Ryan Miller. Alexandre Burrows a 34 ans et Dan Hamhuis en a 32.

À l’autre bout du spectre, nous avons vu à l’œuvre deux excellents jeunes joueurs d’âge junior que les Canucks ont choisi de garder avec eux, Jared McCann et Jake Virtanen. Le premier a déjà 5 buts et le deuxième a amassé trois points en plus de frapper tout ce qui bouge sur la patinoire. Mais à 19 ans tous les deux, il leur faudra encore du temps pour se développer et sans transactions éventuelles, les Canucks pourraient mettre au moins quatre ou cinq ans à rebâtir une équipe gagnante. Ils doivent passer par un processus obligatoire : vivre « l’après-Sedin »!

Les Sénateurs pas très loin, les Leafs à des lunes

À Ottawa, le processus de refonte s’est amorcé il y a quelques années déjà et il est permis de conclure qu’il repose sur des bases solides. Les Sénateurs devaient d’abord eux aussi passer à travers une phase obligatoire, soit celle de « l’après-Alfredsson ». Cette phase s’est rapidement transformée en mouvement plus imposant et fut marquée par le départ de Jason Spezza. Progressivement, les jeunes ont pris la relève avec en tête de lice, un défenseur au talent exceptionnel du nom de Erik Karlsson.

Petit à petit, les autres choix de repêchage de l’équipe ont aussi pris leur place et sont aujourd’hui en pleine éclosion. Mark Stone est devenu l’un des meilleurs pointeurs du circuit et il entraîne dans sa foulée un autre choix des Sénateurs, Mike Hoffman. À 22 ans, Mika Zibanejad devient de plus en plus solide au poste de centre tandis qu’à 21 ans à peine, Cody Ceci démontre des qualités exceptionnelles comme défenseur. La dernière pièce à ajouter à ce virage jeunesse, à Ottawa, est au poste de gardien de but. À 34 ans, Craig Anderson n’est pas la solution à long terme, pas plus que le « Hamburglar », Andrew Hammond. Si Matthew O’Connor se développe au rythme prévu, c’est sur lui que reposeront les plus grands espoirs. Jusqu’ici il connaît une saison très difficile à Binghampton mais a montré un très beau potentiel au camp d’entraînement. Les Sénateurs atteindront la maturité d’ici trois ans selon moi, maturité qui pourrait les mener très loin.

C’est à Toronto que la situation est la plus désastreuse, bien sûr. Il fallait d’abord apporter des changements majeurs à la direction de l’équipe, ce qui fut fait au cours de la dernière année. L’équipe est maintenant entre bonnes mains, dans les bureaux et derrière le banc. Reste maintenant le plus difficile : rebâtir correctement et implorer la patience des amateurs et freiner ce mouvement de dérision malsain qui existe chez les partisans et dans les médias.

En Kasperi Kapanen, William Nylander et Mitchell Marner, les Leafs ont trois excellents espoirs en attaque, des jeunes que nous avons vus à l’œuvre lors des matchs préparatoires. Mais à part Nazem Kadri et peut-être James van Riemsdyk, les Leafs représentent une équipe peu convaincante en attaque. Et en défense, il serait peut-être temps de réaliser que Dion Phaneuf est surévalué et qu’il n’est pas celui autour duquel il faut bâtir l’unité du futur.

Nous disions « patience » dans le titre de cette chronique? Il en faudra une grande dose surtout à Toronto!