Les coups salauds, la rudesse excessive, l’absence d’esprit sportif, les suspensions et les amendes ont malheureusement occupé toute la place depuis le début des séries dans la LNH. C’est très compréhensible. Mais il ne faudrait pas oublier pour autant certaines autres facettes qui rendent ces mêmes séries extrêmement intéressantes et qui peuvent avoir une influence directe sur le dénouement du premier tour.

Première constatation : l’excellence de certains gardiens. De par la qualité de leur travail, ils ont joué un rôle déterminant non seulement dans l’issue des matchs, mais aussi quant à la qualité de plusieurs rencontres jusqu’ici. Le plus bel exemple se situe dans la série Ottawa-Rangers, à laquelle je suis assigné.

Si cette confrontation est égale 2–2, si deux des quatre rencontres sont allées en prolongation, si des matchs serrés et à bas pointage furent spectaculaires malgré tout, c’est en grande partie à cause du brio de Henrik Lundqvist et du rendement étonnant de Craig Anderson. Dans le cas du premier, ce n’est pas vraiment surprenant. Dans celui du deuxième, un peu plus. Lors des deux matchs disputés à Ottawa, les Sénateurs ont bombardé Lundqvist de 70 tirs au total et ils pourraient très bien mener la série 3–1 n’eut été du brio du gardien suédois. Par ailleurs, lors de leurs deux victoires, les Sens avaient concédé le premier but aux Rangers mais à chaque occasion Anderson s’est relevé avec force pour permettre les deux ralliements. Le recul était même de 0–2 mercredi dernier.

Dans la même foulée, on peut aisément ajouter les noms de Jonathan Quick et Pekka Rinne à liste des architectes du succès pour leurs formations respectives. Les deux doivent présentement composer avec un défi extrêmement lourd : freiner les deux meilleures attaques de l’Association ouest! Et dans le cas de Quick, le défi est double : son équipe fut l’une des pires sur le plan offensif cette saison. Que les Kings et les Prédateurs soient présentement en position d’éliminer leurs redoutables adversaires en cinq matchs tient presque du miracle!

Évidemment, on ne saurait tracer un portrait adéquat sans souligner le jeu exceptionnel du jeune Bradon Holtby des Capitals de Washington et ce, depuis le tout premier match des séries. En vertu de l’absence de Vokoun et de Neuvirth et compte tenu de la force de frappe des Bruins, personne ne croyait aux chances de survie des Capitals contre les champions de la Coupe Stanley. Or, outre le 3e match, le gardien de 22 ans a été phénoménal, particulièrement jeudi soir, en repoussant 44 des 45 lancers des Bruins et en permettant à son équipe de niveler la série 2–2. On connaissait le potentiel de Holtby, on savait qu’il était étiqueté gardien d’avenir chez les Capitals, mais il se pourrait bien que l’avenir soit maintenant, dans son cas.

Tous derrière « Alfie »

Plusieurs amateurs croyaient que les Sénateurs allaient s’effondrer suite à la blessure de Daniel Alfredsson, le cœur et l’âme de l’équipe. Pourtant, c’est tout le contraire qui se produit. Depuis le coup vicieux de Hagelin à son endroit, les Sénateurs ont remporté deux victoires et pourraient très bien avoir une fiche parfaite, n’eut été du jeu de Lundqvist, lundi dernier.

Il semble se créer présentement un intéressant mouvement du genre « tous derrière Alfie » dans l’entourage des Sénateurs. Non seulement les joueurs semblent y carburer, mais les partisans de l’équipe s’y sont jetés résolument. À l’unisson et à chaque période, les spectateurs de Place Banque Scotia font maintenant un décompte vers la marque des 11 minutes, allusion directe au numéro que porte Alfredsson et symbole de l’admiration totale qu’ils lui portent.

Paul McLean aimerait certainement mieux pouvoir compter sur les services de son valeureux capitaine sur la patinoire, c’est clair. Mais même en dehors de celle-ci, il semble que le bon vieux Alfie ait trouvé le moyen d’aider son équipe…

À la limite du mépris et de l’insignifiance

Autant par la forme que par le fond, Paul McLean et John Tortorella agissent de façon regrettable lors de leurs points de presse, le matin des matchs. Qu’elle soit naturelle ou façonnée par « obligation », leur attitude de « je voudrais tellement être ailleurs et je n’ai rien à vous dire» commence à être indigne de leur rôle, de leur équipe et de la LNH en général.

On peut comprendre que l’enjeu des séries dicte parfois certains comportements, engendre des petits secrets ou mensonges « blancs » ici et là. Mais de là à toujours répondre par « oui », « non » ou « je n’ai rien à dire » en adoptant une mine incendiaire, on approche drôlement du mépris, mes amis. Or, cette attitude manifestée devant la presse, elle est aussi directement dirigée vers vous qui achetez les billets, les chandails, regardez les matchs à la télévision. En cette ère où l’information circule à une vitesse folle, ce genre de comportement complètement dépassé fait contraste, de la mauvaise façon.

Cela dit et en toute justice, les deux entraîneurs ont aussi été soumis à des questions à la limite… de l’insignifiance! Les premières portent toujours et immanquablement sur les blessures et l’alignement du soir, des sujets qui font rager, à tort ou à raison, les entraîneurs de la LNH et qui engendrent toujours des réponses évasives. Rarement il est question de situations de jeu, d’adaptations à ceci ou à cela, de rendement individuel ou collectif.

Peut-être faudrait-il repenser ce système de conférence de presse traditionnelle qui ne fait, au fond, que faire ressortir le mauvais côté des personnes impliquées!