Le dernier lock-out a été fatal pour plusieurs joueurs qui ne se sont jamais retrouvés de travail dans la LNH après le long conflit. Même de grandes vedettes n’ont jamais pu faire ce dernier tour de piste. Des joueurs comme Al MacInnis, Ron Francis, Vincent Damphousse, Adam Oates ou Scott Stevens n’ont pas eu l’opportunité de faire les adieux qu’ils auraient souhaité.

C’est la même chose avec Félix Potvin qui a vu une belle carrière de douze saisons complètes dans la LNH se terminer sur une note plutôt amère.

En 2003–04, à sa dernière année dans le circuit Bettman, le gardien québécois s’était retrouvé à Boston dans le rôle d’auxiliaire à Andrew Raycroft. Utilisé dans vingt-deux rencontres, Potvin avait terminé la saison sur une excellente note avec un seul revers à ses six dernières sorties…Et lors de ces six parties, il avait conservé une moyenne de buts alloués de 1,64. «Je me souviens de ma dernière série. Ça a été difficile à accepter car on avait perdu en sept parties contre Montréal et Raycroft avait disputé tous les matchs. Ça laisse un goût amer. Je ne me souviens même pas de la dernière partie que j’ai joué cette année-là. Ça a été extrêmement difficile de ne pas savourer la dernière saison ou mon tout dernier match.», avoue-t-il aujourd’hui en jetant un regard sur la fin de sa carrière.

À trente-quatre ans, après plus de douze mois sans avoir disputé de vraies rencontres, Potvin aurait quand même pu tenter sa chance lors du retour au travail en septembre 2005. «Il y avait des offres sur la table mais à deux volets, ou on me voulait pour remplacer un gardien blessé. À ce stage de ma carrière, je n’étais pas prêt à faire le sacrifice de jouer dans les mineures et de me promener partout», explique Potvin qui réside aujourd’hui en Estrie où il s’implique comme entraîneur depuis cinq ans maintenant. Entraîneur-adjoint des Cantonniers de Magog, il vit des moments privilégiés cette année puisque son fils Xavier a mérité l’un des deux postes de gardien. «Ce n’est pas un scénario que j’avais imaginé quand j’ai commencé à m’impliquer! J’ai commencé à me dire que c’était possible la saison passée. J’apprécie surtout d’être là pour tous les entraînements et tous les matchs de Xavier. Je reprends le temps perdu du temps où je jouais et que j’étais souvent absent de la maison.»



Nostalgique Potvin? Pas du tout. Même si sa carrière s’est terminée sur une fausse note en raison du conflit de travail, s’il pouvait remonter dans le temps, l’ancien gardien des Maple Leafs serait encore favorable à un lock-out. « Je ne regrette pas qu’on ait fait un lock-out. J’avais vécu ça en 1994 quand j’étais avec Toronto et des joueurs avaient écopé. Je referais la même chose.» Et ironiquement, le lock-out actuel pourrait de nouveau affecter le gardien québécois qui était bien heureux d’avoir été invité à participer à la Classique hivernale dans le cadre du match des anciens. Cette année, le rendez-vous tant attendu doit (en théorie) opposer les Maple Leafs et les Red Wings. Mais si on tarde à trouver un terrain d’entente, ce beau rendez-vous sera peut-être annulé.