Marc-André Fleury : souriant et soulagé
MONTRÉAL – Marc-André Fleury sourit toujours... ou presque.
Mardi soir, après sa victoire de 3-1 acquise aux dépens du Canadien, le gardien québécois souriait plus que d'habitude. Il faut dire que « Flower » avait tout plein de raisons de sourire :
Il venait de battre le Canadien pour la 25e fois (25-13-6) de sa carrière.
Une 25e victoire contre le Tricolore, une 522e en carrière dans le cadre de sa 944e partie. Cette 944e rencontre le hisse au sixième rang des gardiens les plus occupés de l'histoire de la LNH. Ed Belfour (963) et Terry Sawchuk (971) sont ses prochaines cibles. Les Québécois Martin Brodeur (1266), Roberto Luongo (1044) et Patrick Roy (1029) occupent les trois premières places.
Fleury venait de gagner dans un amphithéâtre à l'intérieur duquel il a connu sa part d'ennuis bien que ce soit au Centre Bell qu'il a signé, l'an dernier, dans le cadre d'un jeu blanc de 2-0, son 500e gain.
Au fil de sa carrière, Fleury a maintenu une fiche de 11-6-3 au Centre Bell, en saison régulière.
Cette fiche positive est obscurcie par une seule victoire en quatre matchs de séries éliminatoires disputés à Montréal. Une victoire dans l'uniforme des Penguins avec qui il a perdu en deuxième ronde dans ce qui est passé à l'histoire comme le printemps Halak. Et qui a oublié le cadeau offert en toute fin de troisième période à Josh Anderson? Les Golden Knights filaient vers un gain qui leur aurait donné une avance de 2-1 en finale de l'Ouest il y a deux ans et Anderson a récidivé en prolongation pour lancer le Tricolore en avant dans cette finale qu'il allait gagner en six rencontres.
22 tirs de pénalité stoppés
D'autres raisons de sourire :
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Après avoir concédé un but qu'il aimerait revoir à Cole Caufield en début de période médiane, Fleury a ensuite été parfait. Il a non seulement stoppé les 21 derniers tirs du Canadien, mais il s'est offert un arrêt sur un tir de pénalité accordé à Mike Hoffman au dernier tiers. Il s'est aussi permis un petit « bye bye! » de la main en direction de l'attaquant du Canadien. « Non! Non! Je dirigeais ce signe en direction de notre banc », que le gardien a plaidé... sans succès!
Quel est le taux de réussite de Fleury face à de tirs de pénalité – et non des tirs de barrage – depuis qu'il est dans la LNH? Le principal intéressé n'en avait pas la moindre idée.
« Je ne suis vraiment pas au courant de mes statistiques personnelles. Je sais que le Centre Bell n'a pas toujours été accueillant pour moi, mais au-delà de ça, je ne connais pas les chiffres précis. Ce qui compte pour moi c'est de stopper le prochain tir. Le reste ne compte pas », que Fleury affirmait avec conviction après la rencontre.
Contrairement à ses prétentions pour le « bye bye » à Hoffman, j'ai cru Marc-André Fleury sur parole lorsqu'il a prétendu qu'il n'avait aucune idée de sa fiche sur des tirs de pénalité.
Histoire de l'aider à se situer, l'arrêt réalisé aux dépens de Mike Hoffman était son 22e en carrière sur les 28 tirs affrontés.
Fleury a aussi arraché – « sans le vouloir » a-t-il tenu à préciser – le casque de Brendan Gallagher avec qui il s'est chamaillé un brin ou deux après un contact près du filet du Wild.
Ajoutez à ça le fait qu'il a renoué avec son ami de toujours en ancien coéquipier Maxime Talbot qui est venu le rencontrer à la porte du vestiaire après la rencontre en compagnie de son épouse Cynthia Phaneuf et qu'une bonne vingtaine de parents et amis l'attendait dans les gradins et ça en fait des raisons de sourire.
Tenez : je vous en suggère une autre : les jambières dorées avec lesquelles il a effectué l'arrêt sur le tir de pénalités sont – à mon goût personnel – les plus belles qu'il ait portées depuis son arrivée dans la LNH il y a 15 ans... déjà!
« J'ai beau être rendu vieux, je tiens à rester à la mode », que Fleury m'a lancé en riant lorsqu'il a été question de l'un de ses plus importants outils de travail.
Victoire nécessaire
Au-delà de toutes ces bonnes et très bonnes raisons de sourire, la plus importante était toute simple: « Cette victoire représente un gros soulagement pour tout le monde. Et ça fait du bien de finalement réaliser des arrêts. De ne pas donner 30 buts », que Fleury a admis bien candidement.
Bon! Marc-André Fleury, son adjoint Filip Gustavsson et leurs coéquipiers du Wild, en ont arraché en début de saison. Mais bien qu'il affichait une moyenne de 5,25 buts accordés par rencontre et une efficacité de 84,7 % avant de se présenter au Centre Bell, Fleury n'avait pas accordé 30 buts.
Remarquez que les 18 buts concédés lors de ses quatre premières sorties pouvaient peser aussi lourd qu'une trentaine de buts. Mais l'allégorie lancée par le gardien dans le cadre de cette réponse permettait de réaliser à quel point le résultat du match contre le Tricolore était important aux yeux du gardien et de ses coéquipiers.
« C'est tellement serré dans la Ligue, c'est tellement difficile de se classer en séries qu'il est important de ne pas gaspiller de points même en début de saison. On a battu Vancouver lors de notre dernier match à la maison, on a gagné à Boston en prolongation lors du premier match de notre voyage et on gagne ce soir. Ça fait du bien. On avait besoin de victoires », que le gardien a poursuivi.
Après une nuit supplémentaire passée à Montréal, Fleury et ses coéquipiers mettront le cap sur Ottawa mercredi. Ils croiseront les Sénateurs jeudi avant d'aller affronter les Red Wings et les Blackhawks à Detroit et Chicago en fin de semaine.
Gaudreau-Duhaime : la filière « québécoise »
Marc-André Fleury était loin d'être le seul joueur du Wild à être soulagé par la victoire. Il n'était pas le seul non plus à sourire.
Après un match passé entre les deux principales menaces offensives du Wild, Kyrill Kaprisov et Mats Zuccarello, Frédérick Gaudreau pouvait dire mission accomplie.
Le Québécois qui tente de s'établir une fois pour toutes dans la LNH a connu un match solide. Non! Zuccarello et Kaprisov n'ont pas rempli le filet du Canadien. Mais ce trio a été menaçant. Il a aussi été solide défensivement. À ce chapitre Gaudreau a gagné huit des neuf mises en jeu qu'il a disputées.
Il a aussi récolté une passe sur le but gagnant marqué par Brandon Duhaime avant que Joel Erikson Ek ne scelle l'issue du match en marquant son deuxième de la rencontre dans un filet désert alors que Jake Allen avait été rappelé au banc à la faveur d'un sixième attaquant.
« C'était spécial de me retrouver entre ces deux gars-là, mais l'important était de jouer du bon hockey pour mettre toutes les chances de victoire de notre côté. Tout le monde a joué un match solide. À commencer par Marc-André qui a effectué un arrêt important sur le tir de pénalité et sur plusieurs autres. On voulait contrôler la rondelle en zone ennemie, passer du temps dans leur territoire et c'est ce que nous avons fait ce soir », analysait Gaudreau.
C'est aussi le Québécois qui a servi une passe parfaite à Brandon Duhaime en milieu de période médiane. Ce but, qui allait devenir le but de la victoire, a été marqué par les deux autres membres de la filière québécoise du Wild.
Duhaime est Américain. Il est né en Floride. Mais ses parents sont Québécois. Sa mère Martine assistait d'ailleurs au match en compagnie de plusieurs parents et amis venus assister au match.
« Ils sont trop nombreux pour que je puisse vous donner le chiffre exact. Mais il y a des oncles, des tantes et des cousins, cousines de mes parents. En fait, il ne manque que mon père qui ne pouvait se libérer parce que c'est un match de semaine. C'était spécial pour ma famille d'assister au match de ce soir et Freddy – Frederick Gaudreau – a tout fait le travail sur mon but. C'était drôle parce que lors de la célébration sur la glace, il me criait que c'était la filière québécoise qui avait marqué », racontait l'attaquant de 25 qui s'est taillé une place avec le Wild l'an dernier seulement.
L'expérience qui entre pour le Canadien
Le Canadien dans tout ça?
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Si le résultat du match était crucial pour le Wild, il ne l'était pas du tout pour le Tricolore. Du moins, c'est l'avis de l'entraîneur-chef Martin St-Louis. Le coach ne veut pas perdre. Ça non! Mais le fait que son équipe ait perdu ne change rien à sa planification des prochains jours.
Oui certains jeunes – des vétérans aussi – se sont rendus coupables d'erreurs coûteuses.
À la ligne bleue, Arber Xhekaj a mal commencé la partie. Il l'a mieux terminée bien qu'il ait annulé une attaque massive en suivant Brandon Duhaime au cachot après être tombé dans le piège tendu par le joueur du Wild.
Johnathan Kovacevic a fait cadeau de la rondelle au Wild en zone neutre, ce qui a mené au but de la victoire. Les officiels mineurs lui ont imputé six revirements au cours du match. Ça me semble honnête. Ils ont toutefois été beaucoup plus timides à l'endroit de Nick Suzuki qui n'était pas l'ombre de lui-même mardi.
Mais ce n'est pas grave. C'est l'expérience qui entre alors que le développement est bien plus important que les résultats dans le cadre de cette année de transition.
Bien que l'absence de vétérans – Joel Edmundson et Michael Matheson – ouvre la porte à des jeunes, Martin St-Louis a lancé une remarque qui illustre à merveille la philosophie de l'état-major pour cette année et peut-être les deux prochaines.
« Oui les blessures ont ouvert des postes, mais ce n'est pas parce qu'il manque des gars que nos jeunes jouent autant. C'est parce que nous sommes convaincus qu'ils sont capables de prendre le temps d'utilisation que nous leur offrons. »
Bien hâte de voir comment tout ça se traduira une fois que Martin St-Louis comptera sur un club en santé... s'il finit un jour à compter sur une équipe en santé!