TORONTO - Directeur général de la « 32e équipe de la LNH » comme il l’appelle affectueusement pour l’instant, Ron Francis n’a pas encore le droit de s’asseoir à la même table que ses homologues du circuit.

 

Un privilège qui lui sera accordé en mai prochain lorsque les propriétaires de « Team 32 » effectueront le dernier versement des 650 millions $ (US) versés à Garry Bettman en guise de droits d’entrée.

 

Francis était toutefois très actif en fin de semaine à Toronto où il s’est rendu pour assister à l’intronisation de son ancien patron et mentor Jim Rutherford avec les Hurricanes de la Caroline. Car bien qu’il n’ait pu prendre part à sa première réunion officielle à titre de DG de Seattle, Francis travaille activement en coulisse pour compléter son équipe administrative, son équipe de recruteurs, l’embauche de personnel de soutien, l’adoption d’un nom et la création d’un logo tout en surveillant la construction du nouvel amphithéâtre et en supervisant celle du futur centre d’entraînement de son club.

 

« On part vraiment de zéro. C’est un travail colossal, mais c’est aussi très enivrant », a assuré le membre du Temple de la renommée du hockey qui participait, mardi matin, à un séminaire sur les meilleurs moyens à prendre pour bâtir avec succès une organisation sportive.

 

Un nom et des recruteurs avant l’entraîneur

 

Depuis sa nomination, Francis a embauché Ricky Olczyk à titre d’adjoint au directeur général. Les deux hommes ont déjà été complices avec les Hurricanes en Caroline. Il a aussi embauché Alexandra Mandrycky, une ancienne du Wild du Minnesota, qui supervisera l’ensemble des opérations de la nouvelle équipe.

 

Francis s’est également entouré de ses premiers dépisteurs afin d’établir des grilles d’analyses dont son équipe se servira pour bâtir une banque de données sur les joueurs susceptibles de les intéresser lorsque viendra le temps de procéder au repêchage d’expansion.

 

Francis a innové en embauchant Cammi Granato au sein de son équipe de recrutement. « Je ne l’ai pas embauchée parce que c’est une femme, mais tout simplement parce qu’elle est bonne et qu’elle apportera un regard différent sur les moyens à prendre pour créer la meilleure équipe possible. J’ai demandé à d’anciens coéquipiers, Stu Barnes et Ulf Samuelsson de joindre notre équipe de recruteurs également. Ils sont d’anciens joueurs et surtout d’anciens entraîneurs adjoints. Ils voient les matchs et les joueurs d’une façon. Cammi fera contrepoids », a commenté Francis qui ne voit aucune urgence dans à trouver son premier entraîneur-chef.

 

« Les équipes de dépisteurs professionnels et de recruteurs au niveau amateur sont plus urgentes que l’embauche d’un coach. On aura beaucoup de travail à faire pour nous assurer d’offrir la meilleure équipe possible à notre coach. Je dois aussi embaucher rapidement un responsable de l’équipement puisqu’il nous faut organiser et équiper les vestiaires et gymnases qui seront mis à la disposition des joueurs.

 

« Quant à l’entraîneur, j’attendrai le plus longtemps possible. Je ne prévois pas l’embaucher avant le début de notre dernière année de préparation. Ça me permettra de mieux évaluer les candidats et qui sait, peut-être qu’à la fin de la saison 2020-2021, des candidatures inattendues s’offriront à moi. »

 

« Team 32 » c’est bien beau, mais combien de temps encore Francis déambulera avec un survêtement orné seulement du nom de sa nouvelle ville d’adoption?

 

« Nous sommes en train de finaliser le choix du nom. Il devrait être dévoilé en première moitié d’année prochaine. On doit nous assurer que le nom que nous choisirons et que le logo que nous créerons seront de bons outils de mise en marché et qu’ils seront libres de droits de propriété. »

 

Dans l’ombre des Golden Knights

 

Quand il parle du travail accompli jusqu’ici et de tout ce qu’il reste à faire avant les premiers coups de patin de sa nouvelle équipe en 2021-2022, Ron Francis affirme aller de l’avant avec une stratégie de petits pas. Une stratégie visant à s’assurer que chaque décision qui est ou sera prise, le sera pour les bonnes raisons, qu’elle sera solide et que lui et son organisation n’auront pas à la regretter ou pire, à la corriger, voire à l’abandonner.

 

Il sait très bien que les Golden Knights ont placé la barre très haute en se hissant jusqu’à la grande finale de la coupe Stanley dès leur première saison et que les comparaisons entre son club et celui de Vegas seront inévitables.

 

« Ça arrivera, c’est clair. Mais ce facteur ne sera pas ma principale source de motivation. George (McPhee) et son équipe ont fait un travail sensationnel à Vegas. On va s’assurer de prendre les meilleures décisions pour bâtir des fondations solides au lieu de chercher du succès rapide. »

 

S’il ne peut s’avancer sur les succès qu’obtiendra son entrée lors de sa première saison, le directeur général est convaincu d’une chose : l’appui des amateurs de Seattle est acquis et sera une grande source de fierté pour la ville et l’organisation.

 

« Seattle est déjà une grande ville de sports. La foule où si vous préférez le 12e joueur qui appuie les Seahawks dans la NFL au match locaux est déjà considérée comme la plus bruyante du circuit. Seattle a déjà témoigné un vif intérêt pour le hockey junior et cette ville était prête pour la LNH. On a vendu 12 000 promesses d’achat de billet de saison dès la première minute de la mise en vente. On en a vendu 25 000 lors de la première heure, 32 000 lors de la première journée et il y a déjà plus de 30 000 noms sur une liste d’attente. Notre équipe de vente et de marketing travaille déjà très fort pour trouver des moyens novateurs qui permettront de satisfaire le plus grand nombre possible de partisans à défaut de pouvoir les satisfaire tous.

 

« Seattle est une belle ville. Une ville où il fait bon vivre. Une ville active avec plusieurs sièges sociaux de grandes compagnies qui y ont pignon sur rue. J’habite encore officiellement à Raleigh où l’un de mes fils est sur le point de graduer à l’Université. Mais dès l’an prochain, je m’installerai pour le bon à Seattle », a convenu Francis qui ne regrette pas le moindrement d’avoir accepté de relever le défi colossal de mettre sur pieds la 32e équipe de la LNH. Au contraire.

 

« Je suis en santé, je menais une belle vie paisible. Tout allait bien. Je ne cherchais pas ce genre de travail, mais je suis très heureux d’avoir accepté l’offre que m’a faite Tod Leiweki et les autres propriétaires. C’est vraiment emballant de voir que tu participes à la naissance d’un si beau projet », a conclu le directeur général de « Team 32 ».