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RÉSULTATS

Gallant n'est pas le seul responsable 

Gerard Gallant Gerard Gallant - Getty
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COLLABORATION SPÉCIALE

Pendant que les séries éliminatoires 2022-2023 battent leur plein, comme le veut la coutume, l'élimination hâtive des Rangers de New York face aux Devils du New Jersey en première ronde aura représenté le chant du cygne pour l'entraineur de carrière Gerard Gallant. L'instructeur de 59 ans, qui en était à sa deuxième saison à la barre des BlueShirts, a décidé d'un commun accord avec la haute direction de mettre fin à son séjour new-yorkais. 

Les quatre défaites à leurs cinq dernières sorties auront été la goutte qui aura fait déborder le vase pour Gallant, qui a vu son équipe être blanchie deux fois et limitée à seulement deux buts marqués lors des parties numéro trois, quatre, cinq et sept. En revanche, il faut saluer le brio des Devils qui se sont tout simplement regroupés et ont offert du jeu beaucoup plus structuré.

Pour revenir à Gallant, il faut dire qu'il avait été embauché avec des livrables à court terme en tête pour la haute direction. On voulait qu'il propulse cette formation au plus haut sommet. Son aventure a donc pris fin après seulement deux campagnes, et ce, malgré une présence au troisième tour des séries en 2021-2022.

Professionnel dans l'âme, le natif de Summerside, à l'Île-du-Prince-Édouard, aura pris le temps dans les derniers jours de remercier qui de droit sur les différentes tribunes, par respect, mais aussi afin d'éviter toute embrouille dans ce milieu tissé des plus serrés. Il ne voulait pas partir en claquant la porte au nez des Rangers, lui qui voudra éventuellement être de retour derrière le banc d'une équipe de la Ligue nationale de hockey, probablement plus tôt que tard. Rappelons que Gallant en était à sa quatrième formation dans le circuit Bettman, lui qui a été entraineur-chef des Blue Jackets de Columbus (2003-2007), des Panthers de la Floride (2014-2017), des Golden Knights de Vegas (2017-2020) et tout récemment des Rangers de New York (2021-2023). Il bénéficiera d'une autre saison à écouler à son présent contrat.

Pour Gallant, qui a été remercié de ses services autant en Floride (de façon peu cavalière) qu'à Vegas, en cours de saison, disons qu'il connaissait le tabac. Il était très conscient des attentes autant de l'intérieur que de l'extérieur, soit celles des plus fidèles partisans, surtout après la dernière période des transactions, avec les grosses acquisitions des Rangers. 

Récipiendaire du trophée Jack-Adams en 2017-2018, Gallant, tout comme plusieurs membres du personnel hockey et des joueurs, demeurait imputable et responsable de cet échec des dernières semaines.

Mais comme à l'habitude dans ce business du sport, il fallait trouver un coupable pour tenter d'expliquer en partie les déboires actuels. Une tête se devait d'être mise à prix et c'est souvent celle de l'entraineur-chef qui est la plus facile à avoir.

La confiance fragilisée dans cette relation qu'il entretenait avec son directeur général, Chris Drury, peut en partie expliquer aujourd'hui ce commun accord entre les deux parties comme quoi il était préférable de mettre fin à cette association.

Oui, il était de la responsabilité de l'entraineur-chef de trouver des solutions aux problèmes après avoir vu les Devils revenir de l'arrière dans la série, car pourtant les Rangers avaient remporté deux victoires convaincantes en lever de rideau limitant l'adversaire à seulement deux buts marqués. Or, plusieurs joueurs ont aussi raté le rendez-vous, et de beaucoup.

Dans un monde où, à part pour les plus chevronnés, l'homme de hockey derrière le banc fait beaucoup plus dans « ce qu'il peut » et non « ce qu'il veut », disons que le sort de Gallant semblait déjà connu, car le silence radio du directeur général dans les derniers jours ne mentait pas. Au contraire, le sort de Gallant ne tenait qu'à un fil, car trop d'indicateurs, malheureusement, poussaient dans ce sens, et les rumeurs fusaient de toutes parts.

Les hauts dirigeants doivent en prendre une partie du blâme

Loin d'être parfait, l'entraineur déchu avait le mandat d'amener l'édition actuelle à un palier plus haut et donner suite aux succès de saison régulière. Après tout, les Rangers ont présenté une fiche de 47-22-13, bonne pour 107 points et le 3e rang de la division métropolitaine.

Or, est-ce que le « trop c'est comme pas assez » est venu nuire à la chimie d'équipe avec les acquisitions de Patrick Kaine et de Vladimir Tarasenko, deux joueurs d'habiletés, deux athlètes évoluant dans le top-6? Est-ce que Drury aurait peut-être dû y aller avec des acquisitions de joueurs de profondeur, de style papier sablé, pouvant contribuer dans les deux sens de la patinoire? La question se pose!

Est-ce que l'arrivée de ces deux ténors des plus expérimentés à titre de joueur de location aura, en fin de compte, eu l'effet contraire chez certains joueurs du top-6 dans le rapport qualité-minutes? Est-ce que la présence des Rangers de New York au 3e tour des séries en 2021-2022 n'aura tout simplement pas été un écran de fumée temporaire dans l'évaluation du personnel en place? Est-ce qu'on a ainsi voulu devancer les échéanciers vis-à-vis du plan stratégique des plus brillamment planifié en début de phase de reconstruction? Il y a autant de questions qu'il y a de réponses.

Or, de faire porter le bonnet d'âne à un seul individu serait interprété comme de la mauvaise foi des hauts dirigeants dans cette humiliante élimination et cela sans rien enlever à la troupe de Lindy Ruff, qui présente jeunesse, audace et vitesse. 

D'ailleurs, les Devils tentent de faire le même coup aux Hurricanes de la Caroline, alors qu'ils tiraient de l'arrière 0-2 dans la série et voilà qu'ils ont remporté une importante victoire de 8-4 dimanche soir pour se redonner une chance! 

Pour les Rangers, la présence de plusieurs joueurs au profil similaire, lire style offensif, aura créé un certain manque de profondeur pour ce qui est du style un peu plus physique et hargneux, et cela aura mis fin aux grandes ambitions de la saison 2022-2023 des Rangers.

Mais bon, comme le dit la bonne vieille expression : « qui ne risque rien n'a rien ». En faisant le choix d'adopter cette position et de devancer les échéanciers, Gallant a été sacrifié à la suite de cet échec.  Pendant ce temps, les décideurs tenteront par certaines actions futures de procéder à l'embauche de nouveaux hommes de hockey, tout en recentrant la charte de profondeur en lien avec le respect du plafond salarial.  

Bref, une remise en question sera nécessaire dans la Grosse Pomme afin de vraiment propulser cette équipe au prochain niveau. 

Entretemps, je nous souhaite de continuer à voir du bon hockey de séries!