Un entraîneur ne peut espérer atteindre la Ligue nationale sans faire ses classes dans les niveaux inférieurs. C’est sans doute parce qu’il a lui-même passé plusieurs années à assimiler les subtilités de son métier dans tous les contextes possibles que Guy Boucher croit fermement que le mérite devrait toujours être associé au travail et à l’effort plutôt qu’au talent brut.

À son passage à l’émission « 30 Minutes Chrono », vendredi, Boucher s’est prudemment mouillé sur le cas qui met présentement en cause le Lightning de Tampa Bay et son espoir Jonathan Drouin.

« Je ne sais pas où l’organisation de Tampa en est avec le jeune Drouin mais c’est clair pour moi que quand j’entends dire qu’un jeune ne veut pas se présenter ou que son agent a demandé à ce qu’il soit échangé, je trouve ça difficile à accepter de l’extérieur. Mais comme je dis, je ne suis pas là, je ne peux pas juger. »

Mécontent de son utilisation, Drouin, le choix de première ronde du Lightning en 2013, a exigé une transaction au Lightning en novembre dernier. Après un séjour abrégé dans la Ligue américaine, il a été suspendu par l’organisation mercredi et est revenu à Montréal en attendant que l’impasse soit dénouée.

« Les jeunes sont souvent très impatients d’obtenir ce qu’ils pensent mériter, estime Boucher, qui précise ne posséder aucune information sur les demandes de Drouin ou la prise de position du Lightning. Pourtant, plusieurs super vedettes ont dû passer par la Ligue américaine, ont dû payer le prix pendant des mois, sinon des années, avant de mériter des postes, avant de montrer de la constance. »

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« Personnellement, je suis un très grand partisan du processus. Je déteste donner quelque chose à quelqu’un parce que lorsque tu donnes, la personne a ensuite beaucoup plus de difficulté à évaluer ce qu’elle a mérité, ce qu’elle n’a pas mérité et ce que ça vaut. Quand on donne 10 $ à un enfant, il va aller s’acheter des bonbons sans comprendre la valeur de l’argent. Mais si tu le fais travailler pour son 10 $, il aura beaucoup plus de compréhension de ce que ça vaut et il aura moins tendance à prendre les choses pour acquis. »

Le collaborateur hebdomadaire de l’émission animée par Martin Lemay a cité en exemple des Red Wings de Detroit, qui prônent traditionnellement la patience avec leurs espoirs.

« Comme Ken Holland me disait : "Nous, tout ce qu’on donne de plus à nos choix de première ronde, c’est une semaine de plus au camp d’entraînement. Le reste, il faut qu’ils le méritent autant que les autres, sinon on crée des précédents et des mauvais standards". C’est ce qui fait que tu regardes les Wings depuis 20 ans, ils ont une constance dans ce qu’ils font et on sait que leurs joueurs travaillent. »

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