Quatre jours après avoir remporté son premier match dans la LNH, Guy Boucher vivra un autre moment spécial en dirigeant le Lightning de Tampa Bay au Centre Bell mercredi. Fidèle à son habitude, le plus jeune entraîneur du circuit Bettman refuse toutefois de tomber dans le piège des émotions.

En raison d'un heureux concours de circonstances, Boucher affrontera donc l'organisation qui lui a donné sa première chance au niveau professionnel dès sa deuxième rencontre dans la Ligue nationale.

«Ce sera spécial et je suis plutôt content que ça survienne dès le début de la saison», a avoué Boucher. «Je serai dans un environnement que j'aime, que je connais et où je suis né, mais je dois me sortir des émotions. Les joueurs ont besoin que j'adopte une approche calme comme à mon habitude et ils devront en faire autant.»

«Je n'ai pas été l'entraîneur du Canadien, mais j'ai travaillé pour cette organisation. C'est vrai que j'ai dirigé certains des joueurs et ce sera un peu étrange dans un sens. Jacques Martin et les autres dirigeants comme Pierre Gauthier et Bob Gainey ont été bons pour moi en me donnant beaucoup d'aide et je serai toujours reconnaissant», ajoute-t-il.

Mais l'ancien entraîneur des Bulldogs de Hamilton a rapidement réalisé que ce n'était pas une tâche facile d'obtenir plusieurs billets pour sa famille et ses amis…

«Les billets sont difficiles à avoir!», lance-t-il en riant. «Mes sœurs, ma mère et des amis proches seront présents ainsi que d'autres personnes et je m'en attendais. D'ailleurs, plusieurs personnes avaient fait le voyage à Tampa pour le match d'ouverture. Ce ne sera donc pas le premier match devant mon entourage et ça ne devrait pas être une distraction.»

Étant donné qu'il s'agira du match d'ouverture locale du Canadien, Boucher est conscient que tous les réflecteurs seront dirigés sur la troupe de Jacques Martin qui a battu les Penguins samedi à Pittsburgh.

«Je pense que le Canadien aura toute l'attention puisque les gens ont hâte que l'équipe joue à Montréal. Nous avons regardé les deux matchs du Canadien et il s'agit d'une bonne équipe. Ça m'étonnerait grandement de voir des réactions des gens dans les gradins par rapport au Lightning et c'est normal», a-t-il affirmé en conférence téléphonique.

Le plus jeune entraîneur de la LNH insiste également sur un autre point en vantant le mérite de ses joueurs.

«Ce n'est pas Guy Boucher qui s'en vient jouer à Montréal, mais plutôt les joueurs comme Vincent (Lecavalier), Martin (St-Louis) et Simon (Gagné). Je suis très choyé de les avoir car ils apportent beaucoup à notre équipe, mais aussi à moi et les autres entraîneurs. Ce seront eux qui feront le spectacle et non moi donc c'est important de se concentrer sur les joueurs», souligne le pilote de 39 ans qui connaîtra aussi plusieurs joueurs dans le camp du CH.

Un départ soulageant

Boucher a bien amorcé sa carrière dans la LNH en menant son équipe à un gain de 5-3 face aux Thrashers d'Atlanta et Steven Stamkos a joué un grand rôle dans ce souvenir inoubliable grâce à une production de deux buts.

«Je ne mentirai pas, j'ai ressenti un certain soulagement après le match parce qu'on veut avoir du succès dès le départ quand on commence dans un nouvel environnement. Mais c'était important pour notre formation de ne pas prendre ce match comme la fin du monde. On a réussi à s'éloigner des émotions qui auraient pu nous figer», dévoile celui qui a attiré tous les regards en tant qu'entraîneur des Voltigeurs de Drummondville.

L'ancien étudiant de l'Université McGill a eu la chance de savourer ce moment en compagnie Martin Raymond et Daniel Lacroix, ses amis et adjoints qui l'ont suivi dans la LNH. D'ailleurs, Boucher se fait devoir de leur donner du crédit.

«Ils savent ce que je veux et connaissent mes valeurs ce qui fait une grande différence. Je suis très chanceux de compter sur eux et Julien BriseBois en plus de connaître quelques joueurs ce qui facilite la transition.»

En plus de Lacroix et Raymond, Boucher peut aussi compter sur l'apport de Wayne Fleming, un adjoint ayant un bagage de plus de 30 ans dans le domaine.

«Je suis très impressionné par son travail et je l'ai toujours été par son attitude et ses connaissances ainsi que sa manière de voir les choses. Il complète très bien notre groupe en ajoutant une perspective parfois différente ou semblable pour confirmer ou changer des choses que nous voulons implanter», explique Boucher.

En plus d'accueillir de nouveaux joueurs, les entraîneurs du Lightning instaurent un nouveau système de jeu et le message semble bien passer.

«Les joueurs sont très ouverts et intelligents et au-delà d'être des joueurs de hockey, ils sont de très bonnes personnes. La communication est très étroite et on peut s'ajuster rapidement», raconte Boucher en ajoutant une précision.

«Ce n'est pas exactement le même système que je préconisais avec les Bulldogs. C'était important pour moi de m'adapter aux joueurs que nous avons et de respecter leurs forces.»

Grâce à une pause de quatre jours après la première partie, le Lightning pourra peaufiner ce système et se préparer en fonction de l'adversaire peu étranger.

«Le Canadien profite aussi d'un répit et il pourra bénéficier d'avoir joué deux matchs comparativement à un pour nous. De plus, ce sera notre premier match à l'étranger et leur premier à domicile sans oublier que les deux équipes vont bénéficier d'entraînements spécifiques par rapport à l'adversaire ce qui devrait faire un match serré», conclut Boucher.