Martin Gendron a dit aux Flyers d'attendre avant de repêcher son fils, Alexis
MONTRÉAL – À la table des Flyers de Philadelphie, ça faisait déjà quelques rondes que l'état-major voulait repêcher Alexis Gendron. Mais son père, Martin, qui fait partie des recruteurs, demandait à ses collègues de patienter.
« J'avais dit ‘Attends, attends' à Todd Hearty (l'autre recruteur qui a patrouillé la LHJMQ avec Gendron). Mais cinq secondes avant de le nommer, mon boss Brent Flahr (le directeur général adjoint) est venu me voir pour me dire ‘C'est assez, on le prend ! », a confié Martin Gendron au RDS.ca alors que son fils a été choisi en septième ronde, au 220e rang.
Puisque c'est toujours délicat quand une organisation professionnelle repêche le fils de l'un de ses employés, Gendron ne voulait pas que les gens s'imaginent que sa présence expliquait cette sélection.
« Je savais que Brent et Todd étaient intéressés, mais mon père est dans l'organisation et il les empêchait un peu de le faire. Finalement, il n'a pas eu le dernier mot là-dessus », a raconté Alexis, sourire dans la voix.
« Mais, honnêtement, je ne pensais pas que les Flyers me choisiraient », a ajouté l'attaquant de l'Armada de Blainville-Boisbriand.
Pour éviter tout conflit d'intérêt, Hearty avait été mandaté pour effectuer les rapports sur Alexis Gendron cette saison. Le paternel approuvait cette approche, mais il ignorait ce qui se tramait.
« J'ai appris, il y a deux jours, que Daniel Brière avait appelé Bruce (Richardson, l'entraîneur de l'Armada) pour s'informer sur Alexis. Daniel ne me l'avait même pas dit. Les Flyers avaient fait leurs devoirs de leur côté et ils le voyaient plus sortir vers le quatrième ou cinquième ronde », a commenté Martin Gendron.
Loin d'être du style à se lancer dans les grandes envolées sentimentales, encore moins en entrevue, Gendron reconnaît que ce fut une conclusion magique à cette journée.
« Ç'a adonné que c'était à Montréal en plus donc c'était un beau moment. Surtout que ça faisait 30 ans, en 1992, que je me faisais repêcher au Forum », a exposé celui qui a joué 30 parties pour les Capitals et les Blackhawks à une époque où les joueurs de sa taille (cinq pieds neuf pouces) représentaient des exceptions.
Une dizaine de jours après ce scénario fort intéressant, le fiston revit encore les émotions quand il a rejoint son père sur le plancher du Centre Bell avec le chandail des Flyers sur le dos.
« C'était ... incroyable ! On s'est donnés un câlin et, avec tous les efforts de mes parents, c'était la récompense. Je commençais à stresser en septième ronde, mais je n'aurais pas pu demander mieux », a-t-il témoigné.
Revenir sur terre grâce à Tortorella
Les célébrations n'ont pas été flamboyantes puisque Gendron devait quitter, dès le lendemain, en direction de Philadelphie pour participer au camp de développement.
« C'est ça le monde du hockey, tu apprécies les choses quand ça va bien, mais il faut être prêt pour la suite. Ce camp de développement, c'était le plus gros de la job à faire », a cerné le paternel.
Et question de retomber encore plus vite sur terre, quoi de mieux qu'une rencontre de groupe avec John Tortorella, le nouvel entraîneur des Flyers.
« C'est un coach intense, il est direct et il faut que ça marche à sa façon. Si tu l'écoutes, ça va bien aller. De la manière dont il parlait, c'est ça que ça voulait dire », a résumé Alexis Gendron qui a reçu de bons mots de la part de Brière et Flahr à la fin du camp.
Son père ne lui avait refilé que deux conseils : ‘Vas-y à fond et sois une éponge'.
Demeurer réceptif au jeu défensif
Outre sa famille et ses proches, Gendron a songé à Bruce Richardson quand il a été repêché. L'entraîneur de l'Armada n'a pas lâché son talentueux attaquant pour qu'il apprivoise davantage le jeu défensif.
« Avec ses 30 buts, mais une fiche de -21, c'est sûr des recruteurs ont pu avoir des doutes. On a passé beaucoup, beaucoup de temps avec lui au niveau du vidéo individuel. C'est clair qu'il y a eu une amélioration, mais on veut qu'il aille chercher un autre niveau », a reconnu Richardson qui classe déjà son patin et son tir comme des atouts dignes de la LNH.
« C'est sûr que quand tu passes beaucoup de temps avec les gars et que tu les achales, un moment donné, ils peuvent trouver ça lourd et voir ça négativement », a noté Richardson qui dresse un parallèle avec son ancien protégé, Samuel Blais, qui devait aussi corriger des éléments de son jeu.
« Alexis veut devenir un joueur de hockey, il veut s'améliorer donc il est réceptif et c'est un jeune avec du caractère », a-t-il enchaîné.
Ainsi, le plan de travail n'est pas trop difficile à élaborer.
« Je travaille vraiment fort là-dessus avec Bruce. Ça allait vraiment mieux en fin de saison. Il y a du chemin à faire, mais j'avance dans la bonne direction. Je sais bien que dans la Ligue américaine et la LNH, je ne serai pas toujours employé en avantage numérique, je vais devoir me trouver d'autres rôles », a admis Gendron.
À ce sujet, son père a voulu qu'il réalise le côté positif de cette approche.
« J'ai dit à Alexis que, durant toute ma carrière, je n'ai pas rencontré tous mes entraîneurs aussi souvent qu'il a discuté avec Bruce en une seule saison », a comparé l'ancien joueur étoile du Laser de Saint-Hyacinthe.
L'ADN de Gendron restera d'abord le jeu offensif et le paternel est heureux de se reconnaître dans le jeu de son fils.
« Il veut marquer des buts et être impliqué offensivement pour faire gagner son équipe comme je voulais le faire. Il faut apprendre à gérer le match et ça arrive souvent en vieillissant », a observé le recruteur qui a également refilé son petit côté taquin à son fils.
« Je suis super content de savoir que je continue le chemin de mon père. Je veux rendre ma famille fière dans le sens que je suis capable, moi aussi, de jouer dans la LNH. Ce serait une belle histoire si je pouvais réussir. Même d'en faire un peu plus que mon père juste pour l'agacer avec ça un jour », a conclu Alexis.
Un tel résultat pourrait inciter son père à blaguer en disant ‘Je l'avais dit à mes collègues de repêcher mon fils plus haut'.