Hockey 360 présentera vendredi un reportage au sujet de l'incident du 9 novembre 2012 ayant contraint Blake Geoffrion à prendre sa retraite quelques mois plus tard. Vous pourrez entendre les témoignages de Blake et de Jean-Philippe Côté.


La journée du 9 novembre 2012 sera à jamais gravée dans la mémoire de Blake Geoffrion et de ses proches, alors que celui-ci leur avait donné une bonne frousse, ayant subi une dangereuse coupure à la tête par un patin lors d'un match des Bulldogs de Hamilton disputé au Centre Bell.

Victime d'une violente mise en échec de son rival Jean-Philippe Côté en zone neutre, Geoffrion avait été propulsé dans les airs sous la force de l'impact, et la lame du patin de Côté l'avait heurté.

Le hasard a voulu que les parents de Blake, Danny et Kelly, étaient dans l'assistance ce jour-là, ayant fait le voyage de Nashville pour voir leur fils en action.

« Blake nous avait suggéré d’aller le voir jouer au Centre Bell et de passer par la région de Boston par la suite pour voir ses deux frères jouer. On a trouvé que c’était une bonne idée et on est venus visiter Montréal, et ensuite voir le match, s'est remémoré cinq ans plus tard le paternel dans un entretien avec RDS. On était dans l’assistance pour voir la séquence. Ça s’est donc passé devant nos yeux, mon épouse Kelly et moi. Blake se dirigeait vers la zone offensive et Côté est sorti du banc, puis l’a frappé. Les deux joueurs se sont retrouvés dans les airs et le patin de Côté a touché Blake à la tête. » 

Blake GeoffrionLa première réaction de Danny Geoffrion a été de se dire que Blake devait avoir subi une commotion cébérale. Une autre, puisqu’il en avait déjà subi plusieurs en quatre ans chez les professionnels.

« Tandis que les coéquipiers de Blake se sont dirigés vers Côté, étrangement, on a vu Blake se relever et patiner vers le banc en remontant son épaule près de son oreille. J’ai dit à Kelly que ça pouvait vouloir dire que ce n’était pas si pire. On ne se doutait pas à ce moment qu'il faisait ça pour éviter que le sang coule sur son maillot », a-t-il expliqué.

« On a ensuite reçu l’appel d’un instructeur des Bulldogs. Il nous a dit au téléphone qu’il avait une coupure à la tête et que c’était près du cerveau, qu’il fallait l’amener à l’hôpital pour ne pas prendre de chance. (...) Couché sur une table, Blake disait qu’il avait déjà connu pire, qu’il voulait retourner sur la glace. Mais la prudence a eu gain de cause. On est montés à bord de l’ambulance et on devait faire du 100 km/heure sur la route entre le Centre Bell et l’hôpital! C'était très stressant! »

Opéré sur-le-champ

Tout juste arrivés à l’hôpital, les examens se succédaient. À peine 10 minutes après son arrivée à l'urgence, des médecins et des infirmières demandaient aux parents de Blake de signer des documents afin d'obtenir l'autorisation de procéder à une opération immédiate.

« Il avait été en convulsions durant les tests. Le docteur nous a dit qu’il devait être opéré d’urgence au cerveau. On ne pouvait pas y croire. Tout s’est passé tellement vite. Après quatre ou cinq heures d’opération, on attendait encore. (...) Marc Bergevin, Larry Carrière et même Geoff Molson étaient passés nous voir pour nous témoigner leur soutien. »

« On nous a expliqué que même si la procédure s’était bien déroulée, Blake avait des chances de se réveiller le lendemain avec quelque chose d’anormal. Est-ce que ce serait sa vision? Sa capacité de marcher? On ne pouvait pas nous dire. À ce moment, on a vraiment été pris par les émotions. Heureusement, un peu plus tard, l’enflure au cerveau s’est mise à régresser et on a pu avoir la certitude qu’il allait être correct. »

Une décision qui allait de soi

Tous les membres de la famille Geoffrion savaient cependant que cette blessure était sévère et que la carrière du hockeyeur qui avait 24 ans à l'époque était compromise.

« Quelques jours plus tard, on rencontrait le médecin de Blake et je lui ai demandé s’il pourrait rejouer un jour. Il m’a répondu que oui, mais qu’il devait considérer sa qualité de vie dans sa décision. Il aurait pu avoir des séquelles comme tous ces anciens joueurs de hockey et de football dont on entend parler. »

« C’est à ce moment que je l’ai regardé et que j’ai insisté pour qu’il prenne en considération ce qu’on venait de lui dire. Une commotion de plus pouvait être fatale, a-t-il poursuivi. Il n’a pas pris sa décision immédiatement, mais ç'a fait partie de sa réflexion, c’est évident. C’est dommage car Blake était un excellent joueur de hockey. Mais il y a une raison pour tout ce qui nous arrive », a philosophé Danny Geoffrion.

Même s'il a dû faire une croix définitive sur son rêve de remporter une coupe Stanley en tant que joueur, le petit-fils de Bernard « Boom Boom » Geoffrion et arrière-petit-fils de Howie Morenz a fait son chemin dans le hockey... du côté administratif.

Aujourd'hui âgé de 29 ans, Blake est recruteur pour les Blue Jackets de Columbus et cumule aussi les fonctions d'assistant au directeur général pour leur club-école, les Monsters de Cleveland.

« Il a une excellente compréhension du hockey. Je le verrais bien être DG d'une équipe de la LNH un jour », a assuré son père.