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RÉSULTATS

André Tourigny : Humilité et passion au colloque de hockey à De Mortagne

Daniel Lacroix, Daniel Jacob, Jean-François Mouton, Stéphane Robidas et André Tourigny Daniel Lacroix, Daniel Jacob, Jean-François Mouton, Stéphane Robidas et André Tourigny. - RDS
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BOUCHERVILLE, Qc – À peine trois semaines après avoir mené le Canada à la médaille d'or au Championnat du monde et avec l'actualité peu agréable qui gravite autour des Coyotes de l'Arizona, André Tourigny aurait bien pu se la couler douce, samedi dernier.

 

Passionné jusqu'au bout des doigts, Tourigny était plutôt l'un des conférenciers à un colloque d'entraîneurs de hockey organisé à l'école De Mortagne, à Boucherville.

 

Il y avait d'ailleurs quelque chose de fort inspirant à entendre Tourigny décrire, avec une grande humilité, son approche et son évolution comme entraîneur.

 

On pourrait en dire autant en voyant Stéphane Robidas dessiner des concepts défensifs sur un tableau tenu par un entraîneur de l'audience. Ou bien en constatant que Daniel Lacroix soit demeuré sur les lieux afin de répondre à plusieurs questions même si sa conférence lançait la journée. Et également en apercevant les grands efforts déployés par Daniel Jacob pour orchestrer une conférence très bien étoffée d'exemples vidéos de joueurs professionnels et de l'équipe pee-wee qu'il dirigeait cette saison.

 

À ce sujet, Jacob avait très bien saisi le ton amical de la journée en disant qu'il avait eu le temps de filmer son club car il était l'entraîneur pee-wee le mieux payé du Québec cette année. Rappelons que Jacob a été congédié, en compagnie de Joël Bouchard et Maxime Talbot, après une seule année derrière le banc des Gulls de San Diego dans la Ligue américaine de hockey.

 

Mais la meilleure réplique a été envoyée par Jean-François Mouton, l'organisateur de la journée et entraîneur réputé au Québec, qui a taquiné Tourigny sur le plus que modeste domicile improvisé des Coyotes.

 

Le réflexe évident aurait été de questionner Tourigny sur l'avenir incertain des Coyotes ou le concours de circonstances, quelque peu frustrant, ayant mené les Blackhawks de Chicago à obtenir le privilège de repêcher Connor Bedard.

 

On a cru bon lui accorder un répit car il a déjà abordé ces dossiers et surtout parce que le contenu de sa conférence semblait encore plus intéressant à exposer.

 

Tourigny ne s'en cache pas, il a beaucoup évolué par rapport à son comportement avec ses protégés quand il se compare à son premier mandat comme entraîneur-chef dans la LHJMQ, en 2002-2003, avec les Huskies de Rouyn-Noranda. Il admet sans détour que ses joueurs le respectaient, mais qu'ils ont probablement eu moins de plaisir à cette époque.

 

Son côté « sergent Tourigny » a laissé place à un entraîneur qui s'adapte nettement mieux à la personnalité de ses joueurs.

 

Un tournant significatif est survenu depuis qu'il collabore avec Marc Guevremont, un spécialiste du leadership. Tourigny a adopté le concept d'identifier le type de personnalité prédominant de ses joueurs. À l'aide d'un questionnaire étoffé, les joueurs de Tourigny sont classés dans le spectre des quatre volets de personnalité : déterminé et compétitif, influenceur et amusant, stratégique et perfectionniste ainsi que loyal et relationnel.

 

« Ça fait 100 ans que je suis entraîneur et on dit toujours qu'on doit peser sur les bons boutons », a exposé Tourigny.

 

Ainsi, cette démarche l'aiguille pour mieux adapter son approche avec chacun de ses joueurs et connecter avec eux. Même que derrière le banc, lors de chaque match, Tourigny ne s'éloigne pas du carton de sa formation sur lequel la personnalité de chaque joueur est identifiée.  

 

C'est un peu simpliste de le dire ainsi, mais il sera un peu plus doux dans son discours avec quelques joueurs. Il comprend aussi mieux pourquoi certains athlètes ne peuvent pas s'empêcher d'avoir un peu de plaisir même après une défaite. Ça nous fait penser à l'un de ses anciens attaquants, aimé de ses coéquipiers, qui raffole des hot-dogs. 
 

Sa plus grande humilité se manifeste également par l'implication de ses joueurs, et bien sûr de ses adjoints, dans le plan afin que tous « embarquent dans le bateau ».

 

« Dans la culture du hockey, on vient d'une époque durant laquelle l'entraîneur-chef était LE boss et décidait tout. On demande pourtant à nos joueurs de laisser leur ego de côté, mais nous, les entraîneurs, on a de la misère avec ça », a ciblé Tourigny.

 

L'entraîneur des Coyotes a proposé, à titre d'exemple, de démontrer une ouverture d'esprit si un joueur critique, de manière appropriée, un élément de son système de jeu. Il a poussé l'idée plus loin en suggérant d'adopter une modification venant d'un joueur et de nommer celui-ci devant tout le groupe.

 

Inculquer sa méthode avec Hockey Canada
 

Tourigny a choisi d'implanter sa vision collaboratrice lors de ses mandats avec Hockey Canada. Pour le dernier Championnat du monde, il a donc proposé à ses adjoints de « s'enfermer » dans un local pour discuter de la philosophie hockey de chacun.

 

À ses yeux, c'est la meilleure façon de véritablement se connaître comme entraîneur de hockey et déterminer les incontournables de chacun.

 

Et, par la force des choses, l'approche élaborée devient « notre système et non mon système » comme le souhaite Tourigny pour maximiser l'investissement de chaque entraîneur dans le tournoi.

 

Tourigny se rappelle quand Dave Cameron, qui était entraîneur-chef pour le Canada, lui avait confié l'entière responsabilité du jeu de puissance.

 

« Je n'avais pas vraiment dormi de la nuit ensuite. J'ai tout regardé ce que je pouvais faire pour que notre avantage numérique puisse marquer », a-t-il lancé, en souriant, alors qu'il avait apprécié cette confiance.

 

Surnommé « The Bear », Tourigny dégage de la prestance, mais surtout de l'authenticité sur scène. Il a répondu à une panoplie de questions avec ouverture, humour et aplomb.

 

Et au dîner, quand on a pu partager - avec lui, Robidas et Lacroix - une fameuse boîte de poulet, comme à la belle époque du junior, c'était intéressant les écouter échanger sur leurs préoccupations respectives comme entraîneur et les nombreuses décisions qu'ils doivent prendre sans que ça puisse plaire à chacun.