GREENBURGH, New York - Jaromir Jagr a une bonne idée de ce qui l'attend dans la Ville de l'acier, où les amateurs de hockey avaient l'habitude d'applaudir ses exploits quand il s'alignait avec les prolifiques Penguins de Pittsburgh de Mario Lemieux dans les années 1990.

Déjà qu'on le hue à chaque fois qu'il touche à la rondelle à Pittsburgh, mais le venin qu'on crachera en sa direction risque d'être encore plus acidulé lors de la série éliminatoire qui commencera vendredi entre les Penguins et ses Rangers de New York.

"Il faudra attendre de voir comment ça va se passer, a déclaré le vétéran de 36 ans, mercredi. Probablement que ce sera pire que durant la saison, mais ça ne fera aucune différence."

Jagr est toujours deuxième dans la plupart des catégories du livre des records des Penguins, derrière Lemieux évidemment. En 806 matchs entre 1990 et 2000-01, année de son échange aux Capitals de Washington, le Tchèque a récolté 439 buts et 640 mentions d'aide. Il est toutefois premier en vertu de ses 78 filets vainqueurs en carrière.

"Je ne me sens pas vieux. Je ne me comporte pas comme un vieux, a dit Jagr. Ce n'est pas une question d'âge, c'est ton comportement qui compte. Quand tu agis comme un jeune, tu te sens jeune. C'est tout ce qui importe. C'est pourquoi je me tiens avec les plus jeunes."

Ajoutez ses deux championnats de la coupe Stanley à ses statistiques et on pourrait croire que Jagr serait toujours le bienvenu à Pittsburgh, où il a encore une résidence. Mais c'est tout le contraire. Son départ s'était fait dans l'amertume et les amateurs considèrent que son désir de quitter Pittsburgh était une claque au visage qu'ils ne pourront pas facilement oublier.

Jagr a vu le venin qu'on a craché à l'endroit de Scott Gomez cette saison quand il est retourné au New Jersey pour la première fois depuis qu'il a quitté les Devils au profit des Rangers. Il sait comment il se sentait, mais il sait aussi que les huées et les sifflets ne feront pas aussi mal puisque sept années ont passé depuis qu'il a quitté les Penguins.

"Il y a un certain niveau de loyauté qui n'est plus le même au hockey compte tenu de la nature des contrats et du marché des joueurs autonomes, et le fait que les amateurs ne peuvent plus s'identifier à un joueur pour une longue période, malheureusement, a expliqué l'entraîneur des Rangers Tom Renney. C'est arrivé comme ça. C'a mené à la métamorphose d'un joueur et d'une concession dans cette ligue.

"Les amateurs peuvent faire ce qu'ils veulent et nous devons l'accepter et le comprendre, que nous soyons d'accord ou pas."

Les Penguins ont reconstruit leur équipe autour de Sidney Crosby et Evgeni Malkin, si bien qu'ils sont des aspirants légitimes au titre cette année. Jagr s'est dit impressionné par ce qu'a accompli ce duo, mais il n'est pas prêt à dire qu'ils sont la nouvelle version de la paire Lemieux-Jagr.

"Malgré tout le respect que j'ai pour Crosby et Malkin, ni un ni l'autre n'est Mario Lemieux selon moi, a affirmé Jagr. La marge entre les meilleurs et les pires joueurs dans leur équipe est beaucoup plus petite qu'avant. Le marge entre Mario et les autres, quand j'étais à Pittsburgh, était si énorme qu'il était capable de marquer 20 points dans une seule série éliminatoire. Je ne pense pas que ces jeunes-là sont capables de faire ça.

"Peut-être que je me trompe. Si c'est le cas, je vais m'excuser et les féliciter pour leur beau travail."