Je pourrais jouer au Québec
Hockey lundi, 20 sept. 2004. 17:07 vendredi, 13 déc. 2024. 03:47
Bonjour à tous, je suis bien heureux de vous retrouver. J'allais dire vous retrouver pour une nouvelle saison de la Ligue nationale de hockey mais comme vous savez, les activités du circuit sont actuellement paralysées en raison d'un lock-out qui risque de durer longtemps. Pour ma part, je suis à Edmonton où je poursuis mon entraînement.
Après la dernière saison, j'ai pris un mois de vacances avant de chausser à nouveau les patins. Avec le conflit en cours, il y a quelques options qui s'offrent à moi. J'ai été invité à me joindre à la Ligue quatre contre quatre à Toronto et j'ai aussi reçu des invitations de formations de la Ligue nord américaine de hockey. Les équipes de Laval, St-Hyacinthe, Sherbrooke et une autre dont j'ai oublié le nom, m'ont contacté.
J'ai su que Donald Brashear s'était joint au RADIO X de Québec. Moi, je n'ai pas encore décidé ce que j'allais faire. Chose certaine, si je n'y suis pas avec une équipe actuellement, c'est parce que je crains les blessures. Quand je vais me rendre à Montréal visiter ma famille, j'aimerais bien quand même disputer quelques matchs mais je ne sais pas encore quand, ni avec qui. Tout le monde connaît la réputation de ce circuit et ce serait tout un coup de marketing de retrouver Brashear et Laraque sur une même patinoire lors d'un match.
Brashear est sans aucun doute l'homme fort le plus craint de la LNH et il se retrouve dans la LNAH pour garder la forme. De plus, il est originaire de Québec, ce qui lui donnera la chance de jouer devant sa famille mais je pense qu'il ne devrait pas jeter les gants car les chances de blessures sont plus élevées que dans le circuit Bettman. Quel joueur ne voudrait pas se vanter de s'être battu avec Brashear?
Brashear y va pour jouer au hockey et je pense qu'il peut facilement marquer 50 buts dans cette ligue. Je ne crois pas qu'il soit dans ses intentions de se battre. Mais il y a des joueurs qui voudront assurément l'essayer. Il devra faire attention à lui pour éviter de tout perdre en jouant dans cette ligue.
Il y a quelques années, j'ai disputé un match hors-concours avec les Chiefs de Laval et à l'époque, tout le monde savait que je ne voulais pas me battre. Ça s'était bien passé.
Ça risque d'être long
Je ne serais pas surpris que lock-out dure deux ans et même qu'on assiste à la disparition pure et simple de la Ligue nationale. Ça fait des années que joueurs et propriétaires se préparent à cette partie de bras de fer. Si un des deux côtés avait l'intention de céder, il le ferait dès maintenant et de cette façon, ça éviterait à tout le monde de perdre des fortunes. Tout le monde reste sur ses positions et ce sera aussi le cas dans un an.
Puis, la campagne médiatique de la Ligue nationale fait mal paraître les joueurs, qui passent tous pour des épais. Comme la population est fatiguée d'entendre parler des salaires des joueurs, il est facile de la monter contre nous. Ce n'est rien pour arranger les choses.
Nous savons tous que les propriétaires sont responsables du lock-out. Ce sont eux qui ont accepté de verser des salaires importants aux joueurs. Je ne connais beaucoup de gens qui refuseraient les salaires proposés par les équipes. L'Association des joueurs est disposée à faire sa part pour aider les équipes en acceptant entre autres une diminution de salaire de cinq pour cent, ce qui représente environ cent millions de dollars. Nous sommes prêts aussi à discuter des bonis versés aux joueurs repêchés. Quant à moi, je juge que nous démontrons une ouverture d'esprit pour que les choses changent.
Pour leur part, les propriétaires ne jurent que par un plafond salarial. Leurs sept propositions présentées comprenaient toutes une forme de plafond, ce qui équivaut à quatre vingt cinq cennes pour un dollar. Après cela, la LNH nous dit qu'elle négocie alors qu'en fait, elle revient toujours avec une proposition identique ou presque. De notre côté, on le mérite d'avoir proposé une réduction de salaire.
Ce n'est pas seulement pour les joueurs actuels que nous menons cette lutte, mais aussi pour les plus jeunes qui vont un jour gravir les échelons qui mènent à la Ligue nationale. La plupart des joueurs de la LNH possèdent des contrats garantis et si on ne pensait qu'à nous, on dirait oui aux propriétaires sans se soucier des plus jeunes. Vous savez, un plafond salarial n'entrerait pas en vigueur immédiatement, du moins le temps que les ententes actuelles prennent fin, ce qui veut dire que ça ne m'affecterait pas personnellement. Si on ne pensait qu'à nous, on accepterait le plafond salarial plutôt que de nous priver de revenus importants.
Je le répète, nous luttons pour les plus jeunes. Moi, je suis reconnaissant à ceux qui ont fait la lutte en 1994-95 lors du dernier lock-out car j'ai profité de la dernière convention collective. C'est à mon tour de me battre pour les plus jeunes.
On pourrait crier que la dernière convention collective était bonne en donnant l'exemple des Flames de Calgary, une équipe à petit budget qui est venue à un match près de gagner la coupe Stanley. Puis, il y a des équipes qui font de l'argent. À Edmonton par exemple, les Oilers survivent grâce à une bonne gestion. Si les équipes qui subissent de lourdes pertes faisaient de même, on ne se retrouverait pas là où nous sommes actuellement. Nous disons plutôt, que le système doit être changé pour aider les équipes.
Sécurité recherchée
Quand on parle de plafond salarial, on cite toujours le système en place dans la NFL. Dans ce circuit, lorsqu'un joueur est blessé, l'équipe peut le retrancher sans aucune protection. Des athlètes peuvent signer des contrats de plusieurs années mais les équipes ont le loisir de le retrancher sans honorer toute l'entente. Au hockey, nous, on tient à notre sécurité.
Moi, j'ai un contrat pour les deux prochaines saisons et je peux vous dire que je préférais être sur la glace à l'entraînement mais je me trouve à me battre pour les autres.
La population n'est pas de notre côté mais si j'étais un parent et que mon jeune avait le talent pour percer chez les professionnels, je souhaiterais qu'il ait les meilleures conditions possibles.
Il y a aussi d'autres points à négocier mais tout le monde parle uniquement des salaires.
Au baseball, il y a une forme de plafond avec une taxe de luxe, ce qui n'empêche pas les équipes d'avoir une masse salariale plus haute qu'un certain montant. La plupart des équipes respectent la montant maximum permis sauf quelques formations, qui étrangement se retrouvent presque toujours dans les séries, il suffit de penser aux Yankees de New York.
Si on met un plafond, il y a quatre ou cinq équipes qui ne vont pas le respecter et ce sont elles qui vont presque toujours se disputer la coupe Stanley.
Mon poste
Je ne serais par surpris qu'il n'y ait plus de hockey de la LNH. S'il n'y a pas de hockey dans deux ans, il y a des équipes qui ne vont pas survivre. À Anaheim, les Migty Ducks jouent devant des gradins vides. Il n'y aura pas plus de spectateurs à la reprise des activités, surtout si une entente n'intervient que de dans deux ans.
Puis d'un autre côté, les amateurs vont s'habituer à vivre sans hockey et ils vont faire autres choses. Je ne suis pas convaincu qu'ils vont revenir une fois que le conflit sera chose du passé. Aux États-Unis, le hockey est loin d'être populaire et je ne suis pas convaincu que certaines équipes vont passer à travers. Les propriétaires, des gens d'affaires, vont simplement investir leur argent ailleurs.
Si lock-out s'étire plus d'un an, il y aura pleins de choses qui vont survenir et des clubs vont déclarer faillite.
Je sais que ma carrière est menacée si le conflit perdure. C'est pourquoi je pourrais envisager retourner sur les bancs d'école pour compléter des études en droit. Je me considère chanceux d'avoir pu jouer dans la Ligue nationale pendant sept ans et je serais prêt à passer à autre chose.
Sur ce, j'espère vous parler à nouveau une fois que nous serons de retour sur la glace.
Georges.
*propos recueillis par RDS.ca
Après la dernière saison, j'ai pris un mois de vacances avant de chausser à nouveau les patins. Avec le conflit en cours, il y a quelques options qui s'offrent à moi. J'ai été invité à me joindre à la Ligue quatre contre quatre à Toronto et j'ai aussi reçu des invitations de formations de la Ligue nord américaine de hockey. Les équipes de Laval, St-Hyacinthe, Sherbrooke et une autre dont j'ai oublié le nom, m'ont contacté.
J'ai su que Donald Brashear s'était joint au RADIO X de Québec. Moi, je n'ai pas encore décidé ce que j'allais faire. Chose certaine, si je n'y suis pas avec une équipe actuellement, c'est parce que je crains les blessures. Quand je vais me rendre à Montréal visiter ma famille, j'aimerais bien quand même disputer quelques matchs mais je ne sais pas encore quand, ni avec qui. Tout le monde connaît la réputation de ce circuit et ce serait tout un coup de marketing de retrouver Brashear et Laraque sur une même patinoire lors d'un match.
Brashear est sans aucun doute l'homme fort le plus craint de la LNH et il se retrouve dans la LNAH pour garder la forme. De plus, il est originaire de Québec, ce qui lui donnera la chance de jouer devant sa famille mais je pense qu'il ne devrait pas jeter les gants car les chances de blessures sont plus élevées que dans le circuit Bettman. Quel joueur ne voudrait pas se vanter de s'être battu avec Brashear?
Brashear y va pour jouer au hockey et je pense qu'il peut facilement marquer 50 buts dans cette ligue. Je ne crois pas qu'il soit dans ses intentions de se battre. Mais il y a des joueurs qui voudront assurément l'essayer. Il devra faire attention à lui pour éviter de tout perdre en jouant dans cette ligue.
Il y a quelques années, j'ai disputé un match hors-concours avec les Chiefs de Laval et à l'époque, tout le monde savait que je ne voulais pas me battre. Ça s'était bien passé.
Ça risque d'être long
Je ne serais pas surpris que lock-out dure deux ans et même qu'on assiste à la disparition pure et simple de la Ligue nationale. Ça fait des années que joueurs et propriétaires se préparent à cette partie de bras de fer. Si un des deux côtés avait l'intention de céder, il le ferait dès maintenant et de cette façon, ça éviterait à tout le monde de perdre des fortunes. Tout le monde reste sur ses positions et ce sera aussi le cas dans un an.
Puis, la campagne médiatique de la Ligue nationale fait mal paraître les joueurs, qui passent tous pour des épais. Comme la population est fatiguée d'entendre parler des salaires des joueurs, il est facile de la monter contre nous. Ce n'est rien pour arranger les choses.
Nous savons tous que les propriétaires sont responsables du lock-out. Ce sont eux qui ont accepté de verser des salaires importants aux joueurs. Je ne connais beaucoup de gens qui refuseraient les salaires proposés par les équipes. L'Association des joueurs est disposée à faire sa part pour aider les équipes en acceptant entre autres une diminution de salaire de cinq pour cent, ce qui représente environ cent millions de dollars. Nous sommes prêts aussi à discuter des bonis versés aux joueurs repêchés. Quant à moi, je juge que nous démontrons une ouverture d'esprit pour que les choses changent.
Pour leur part, les propriétaires ne jurent que par un plafond salarial. Leurs sept propositions présentées comprenaient toutes une forme de plafond, ce qui équivaut à quatre vingt cinq cennes pour un dollar. Après cela, la LNH nous dit qu'elle négocie alors qu'en fait, elle revient toujours avec une proposition identique ou presque. De notre côté, on le mérite d'avoir proposé une réduction de salaire.
Ce n'est pas seulement pour les joueurs actuels que nous menons cette lutte, mais aussi pour les plus jeunes qui vont un jour gravir les échelons qui mènent à la Ligue nationale. La plupart des joueurs de la LNH possèdent des contrats garantis et si on ne pensait qu'à nous, on dirait oui aux propriétaires sans se soucier des plus jeunes. Vous savez, un plafond salarial n'entrerait pas en vigueur immédiatement, du moins le temps que les ententes actuelles prennent fin, ce qui veut dire que ça ne m'affecterait pas personnellement. Si on ne pensait qu'à nous, on accepterait le plafond salarial plutôt que de nous priver de revenus importants.
Je le répète, nous luttons pour les plus jeunes. Moi, je suis reconnaissant à ceux qui ont fait la lutte en 1994-95 lors du dernier lock-out car j'ai profité de la dernière convention collective. C'est à mon tour de me battre pour les plus jeunes.
On pourrait crier que la dernière convention collective était bonne en donnant l'exemple des Flames de Calgary, une équipe à petit budget qui est venue à un match près de gagner la coupe Stanley. Puis, il y a des équipes qui font de l'argent. À Edmonton par exemple, les Oilers survivent grâce à une bonne gestion. Si les équipes qui subissent de lourdes pertes faisaient de même, on ne se retrouverait pas là où nous sommes actuellement. Nous disons plutôt, que le système doit être changé pour aider les équipes.
Sécurité recherchée
Quand on parle de plafond salarial, on cite toujours le système en place dans la NFL. Dans ce circuit, lorsqu'un joueur est blessé, l'équipe peut le retrancher sans aucune protection. Des athlètes peuvent signer des contrats de plusieurs années mais les équipes ont le loisir de le retrancher sans honorer toute l'entente. Au hockey, nous, on tient à notre sécurité.
Moi, j'ai un contrat pour les deux prochaines saisons et je peux vous dire que je préférais être sur la glace à l'entraînement mais je me trouve à me battre pour les autres.
La population n'est pas de notre côté mais si j'étais un parent et que mon jeune avait le talent pour percer chez les professionnels, je souhaiterais qu'il ait les meilleures conditions possibles.
Il y a aussi d'autres points à négocier mais tout le monde parle uniquement des salaires.
Au baseball, il y a une forme de plafond avec une taxe de luxe, ce qui n'empêche pas les équipes d'avoir une masse salariale plus haute qu'un certain montant. La plupart des équipes respectent la montant maximum permis sauf quelques formations, qui étrangement se retrouvent presque toujours dans les séries, il suffit de penser aux Yankees de New York.
Si on met un plafond, il y a quatre ou cinq équipes qui ne vont pas le respecter et ce sont elles qui vont presque toujours se disputer la coupe Stanley.
Mon poste
Je ne serais par surpris qu'il n'y ait plus de hockey de la LNH. S'il n'y a pas de hockey dans deux ans, il y a des équipes qui ne vont pas survivre. À Anaheim, les Migty Ducks jouent devant des gradins vides. Il n'y aura pas plus de spectateurs à la reprise des activités, surtout si une entente n'intervient que de dans deux ans.
Puis d'un autre côté, les amateurs vont s'habituer à vivre sans hockey et ils vont faire autres choses. Je ne suis pas convaincu qu'ils vont revenir une fois que le conflit sera chose du passé. Aux États-Unis, le hockey est loin d'être populaire et je ne suis pas convaincu que certaines équipes vont passer à travers. Les propriétaires, des gens d'affaires, vont simplement investir leur argent ailleurs.
Si lock-out s'étire plus d'un an, il y aura pleins de choses qui vont survenir et des clubs vont déclarer faillite.
Je sais que ma carrière est menacée si le conflit perdure. C'est pourquoi je pourrais envisager retourner sur les bancs d'école pour compléter des études en droit. Je me considère chanceux d'avoir pu jouer dans la Ligue nationale pendant sept ans et je serais prêt à passer à autre chose.
Sur ce, j'espère vous parler à nouveau une fois que nous serons de retour sur la glace.
Georges.
*propos recueillis par RDS.ca