Je ne connaissais pas beaucoup Saku Koivu quand je suis devenu entraîneur du Canadien parce qu'il y avait déjà cinq parties de disputées à la saison quand j'ai été nommé à la barre de l'équipe, mais dès que je l'ai vraiment connu, je suis tombé en amour avec lui.

J'ai été son premier entraîneur dans la LNH en 1995-96. En raison de blessures, il n'a disputé que 50 parties à sa deuxième campagne et son absence nous avait fait tellement mal, qu'on avait réussi à se qualifier pour les séries que lors de la dernière semaine du calendrier.

Saku a été capitaine du Canadien pendant dix ans, tout comme l'illustre Jean Béliveau au cours de ses 13 saisons passées avec le Tricolore. Il a disputé ses cinq dernières années dans la LNH avec les Ducks d'Anaheim et il mérite qu'on se souvienne de lui comme un joueur combattif.

Quand j'ai appris à le connaître, je l'ai aimé sans bon sens. Il n'était pas le plus grand et le plus lourd des joueurs, mais il avait une détermination hors du commun et un grand talent. Il aurait défoncé un mur pour faire gagner son équipe. Il avait de la drive et il était solide. Environ deux ans après mon départ, il est devenu le capitaine du Canadien.

Il a connu une belle carrière de 18 ans dans la LNH en plus de participer sept fois au Championnat du monde, deux fois au championnat du monde junior en plus de participer aux Jeux olympiques en 1994, 1998, 2006 et 2010. Dans son pays natal, en Finlande, Saku Koivu est un héros au même titre que Teemu Selanne.

Je n'oublierai jamais une rencontre avec le père de Saku et de Mikko, alors que je dirigeais avec Jacques Lemaire au Minnesota. Près du vestiaire à la suite d'une partie, leur père, les larmes aux yeux, nous avait donné une chaleureuse poignée de main et nous avait sincèrement remerciés de ce que nous avions fait pour ses fils. Je peux vous dire que c'est une rencontre qui nous avait marqués Jacques et moi.

J'étais au Minnesota en 2001-02 quand Saku a effectué son retour au jeu après avoir combattu le cancer. J'étais avec ma femme et on regardait l'ovation qui lui avait été accordée et on pleurait comme des Madeleines. J'en reparle et j'ai encore des frissons. Je garde d'excellents souvenirs de Saku, Mikko et de toute la famille Koivu. Je peux vous assurer que son frère Mikko est fait du même moule que son frère. Il a beaucoup de drive. Ce sont des garçons fiers.

On ne peut pas dire que Saku a pris beaucoup de soirées de congé durant sa carrière. Quand vous êtes un entraîneur, comment ne voulez-vous pas être en amour avec un joueur qui se défonce corps et âme tous les soirs?

Je sais que Saku n'a pas gagné la coupe Stanley pendant la période où il a été capitaine du Canadien. Certains ont déjà cherché à lui faire mauvaise presse pour ça, mais moi je crois qu'on ne peut pas juger de la valeur d'un athlète là-dessus. Saku est juste tombé dans la mauvaise décennie.

Je crois que le Canadien doit trouver un moyen pour honorer cette belle carrière qui vient de se terminer. J'espère que Geoff Molson va saisir la chance de rendre hommage à un ancien qui mérite amplement de revenir à Montréal et de voir sa carrière être soulignée en grande.

*propos recueillis par Robert Latendresse