SECTION SPÉCIALE DES SÉRIES

C’est vrai, l’Avalanche du Colorado s’est pointé le bout du nez en séries éliminatoires contre vents et marées, et ce, malgré une récolte de 90 points au classement dans la conférence de l’Ouest, mais en grande partie grâce aux 14 points acquis lors de défaites en prolongation ou en tirs de barrage.

Ce qui est encore plus questionnable dans le cas de la troupe de Jared Bednar c’est qu’elle s’est qualifiée avec seulement 36 victoires en temps réglementaires en 82 matchs; une réalité qui amène toujours son lot de questions sur le système actuel donnant accès aux séries éliminatoires.

En contrepartie, cela n'enlève rien à l’esprit de clairvoyance de Joe Sakic, directeur général de l’équipe, et de son équipe, qui sans tambour ni trompette ont su poser quelques bons gestes au cours des deux dernières années, afin de bien préparer le futur.

Cure de rajeunissement (Samuel Girard, Cale Makar, etc.), changements au niveau de la culture organisationnelle, transactions d’importance et accumulation de choix au repêchage, qui dans le hockey d’aujourd’hui représente une valeur inestimable dans la relance d’une franchise.  Voilà quelques-uns des gestes en question.

Par ailleurs, lorsqu’on parle de la banque de choix dont dispose Sakic, on parle de deux choix de première ronde et cinq choix au total au cours des trois premières rondes de la prochaine séance de sélection de la LNH (2019).

Sans pour autant négliger le court terme, l’acquisition du vétéran gardien de but de 27 ans d’origine allemande, Phillip Grubauer, ancien membre des Capitals de Washington, rapporte son pesant d’or aujourd’hui. Cette vision à la base axée sur le moyen et le long terme au Colorado semble enfin avoir redonné à cette franchise une lueur d’espoir.

Grubauer, qui a été d’abord acquis dans l’objectif de protéger les arrières de l’équipe, puisque le contrat de Semyon Varlamov (30 ans) arrive à échéance à la fin de la présente saison.

Au-delà des solides performances des joueurs de premier niveau Mikko Rantanen et Nathan MacKinnon, Grubauer a été dominant, avec une excellente moyenne de 1,90 et un pourcentage d’efficacité de ,939, tout en combinant une fiche de 4-1 depuis le début des séries.

Le portier de 27 ans a longtemps été dans l’ombre de Braden Holtby à Washington, disputant très peu de parties de séries éliminatoires par le passé, lui qui est davantage reconnu pour ses qualités athlétiques et son niveau de compétitivité. Son acquisition, même si elle a été un peu surprenante en juin dernier, renforce l’importance de la notion de la profondeur à une position aussi névralgique.

En attente de ses prochains adversaires, profitant d’un repos qui pourrait s’avérer salutaire en ce moment, qui sait jusqu’où cette formation négligée des parieurs, qui a fait tomber la meilleure formation de la Conférence de l’Ouest, les Flames de Calgary, sera en mesure de se rendre? Pourrait-elle continuer de confondre les sceptiques ?

Après avoir subi l’élimination en six parties face aux Predators de Nashville au printemps 2018, au premier tour des séries éliminatoires, Joe Sakic a su faire preuve de grande lucidité et d’éveil. Il est le grand architecte de ce redressement de situation.

Jets de Winnipeg : Un canard boiteux bien avant le début des séries !

Plusieurs auraient aimé une meilleure finalité chez les Jets de Winnipeg, surtout après avoir atteint la finale de l’Ouest la saison dernière face aux nouveaux arrivés, les Golden Knights de Vegas.

Malgré une fiche de 47-30-5 en saison régulière, la formation manitobaine, comme plusieurs autres formations de premier niveau, aura subi les affres de l’élimination face aux Blues de St.Louis, eux qui ont été transportés par leur excellent rendement de la deuxième moitié de saison et de solides performances du gardien de but Jordan Binnington.Paul Maurice

Les Jets étaient habités par une confiance des plus fragilisées, et ce, bien avant le début des présentes séries, comme en témoigne leur fiche de 14-14-3 depuis février dernier. Pire encore, ils ont présenté un dossier de 2-4-1 dans le dernier droit, avec une moyenne de deux buts marqués par partie et de 3,42 buts alloués, sans parler des difficultés rencontrées dans le département des unités spéciales, qui n’ont pas été trop spéciales.

Reconnaissons que ce manque de constance et de régularité au cours des derniers mois du calendrier régulier aura représenté le talon d’Achille de cette formation manitobaine. Cet échec pourrait apporter certains changements majeurs à la charte de profondeur de l’équipe, mais pourrait aussi être dangereux pour celui qui est à la barre de cette formation depuis 2013-2014, soit Paul Maurice.

Une réalité qui pourrait pousser le directeur général, Kevin Cheveldayoff, à aller voir ailleurs, question de changer le messager et la vocalise à l’intérieur de ce vestiaire.

Sans rien enlever aux connaissances et aux compétences de l’entraîneur de carrière qu’est Maurice, la question demeure : est-il celui qui peut amener ce groupe des plus talentueux à un autre niveau et le rapprocher davantage de la terre promise?

Une sérieuse réflexion que devra s’imposer Cheveldayoff avant de procéder à un mouvement de personnel et de le regretter. Avec un noyau d’attaquants très intéressant, dont plusieurs sont liés contractuellement pour plusieurs saisons, le portrait est encourageant en attaque, mais côté défensif, la situation soulève tout de même de grandes interrogations par rapport à ce que représente la nouvelle Ligue nationale.

La première question à laquelle devra répondre Cheveldayoff : est-ce que Paul Maurice représente toujours l’homme de la situation et de confiance pour mener cette formation à bon port?

Le DG des Jets ne pourra pas jouer à l’autruche, alors qu’il a cru bon céder certains choix au repêchage (1re, 3e ,6e et 7e rondes du prochain repêchage) question  de rajouter de la profondeur à sa formation pour le moment venu et de se donner les outils nécessaires pour un long parcours en séries.

Or, d’un point de vue extérieur, de deux choses l’une, soit que la dynamique à l’intérieur du vestiaire est toxique ou bien le manque d’équilibre entre l’attaque et la défense demeure le maillon faible de cette formation.

Ou est-ce tout simplement la communication entre Maurice et ses joueurs qui ne fonctionne plus? L’entraîneur a la responsabilité de maximiser le potentiel des joueurs qu’il a sous la main. Maurice a peut-être perdu la confiance de ses joueurs.

Entretemps, on pourra tout de même se consoler en se disant que cette introspection sera la même pour plusieurs autres formations du circuit (Tampa Bay, Calgary, etc.). Elles vont toutes chercher à expliquer l’inexplicable et surtout à apporter les correctifs nécessaires en vue de la prochaine saison.

Si à Calgary et à Tampa Bay les entraîneurs Jon Cooper et Bill Peters semblent bien en selle, je suis malheureusement loin d’être convaincu que l’avenir de Paul Maurice est assuré à Winnipeg.

À suivre !