(RDS.ca) - Mike Keenan quitte le sud de la Floride de la même façon qu'il a quitté Vancouver et St-Louis, New York et Chicago, c'est-à-dire dans le tumulte et dans le doute. C'est ce que croit le journaliste du Sun Sentinel Dave Joseph.

On reconnaît la signature du tempérament de Keenan. Il est arrivé avec fracas et il quitte avec fracas. Il a causé beaucoup sans rien dire et il a intimidé les faibles pour ignorer les autres. À sa manière, il a été extravagant et contradictoire.

La démission de Keenan comme directeur général des Panthers n'a pas de sens. Pourquoi quitterait-il une équipe qu'il a passé trois années à construire, une équipe qu'il croyait être finalement prête pour participer aux séries éliminatoires?

Cette équipe est celle de Keenan avec une bonne dose de jeunes, hérités de l'ancien directeur général Rick Dudley. Keenan a échangé Roberto Luongo après avoir été irrité de voir le gardien aller en arbitrage en août 2005. Il a amené en Floride, le controversé Todd Bertuzzi en plus de dépenser cinq millions en mettant sous contrat Joe Nieuwendyk et Gary Roberts, deux joueurs de 40 ans. Comment Keenan pourrait-il avoir bâti cette équipe et quitter le bateau sans en récolter la gloire ou encore la honte? Comment peut-il laisser tomber une prolongation de contrat qui devait l'amener jusqu'en 2007-08 et lui permettre d'empocher quelques millions? Il aurait quitté pourquoi? Pour un poste de commentateur?

Des informations dimanche laissaient entendre que Keenan avait été forcé de démissionner et qu'il aurait perdu sa bataille avec Jacques Martin pour le contrôle de l'équipe. Martin, qui a déclaré qu'il avait discuté fréquemment avec son ancien patron, a dit qu'il ne savait pas pourquoi il avait remis sa démission. Martin a précisé qu'il n'avait pas parlé avec Keenan au cours de la dernière semaine.

En bout de ligne, ce n'est pas vraiment important de savoir si Keenan a été congédié ou s'il a démissionné. L'important, c'est qu'il est parti.

Keenan a toujours semblé tirer dans la direction opposée. Quand il est devenu entraîneur en 2001, il refusait de mener ou encore d'assister aux entraînements, préférant rester dans son bureau pour regarder les films des matchs. Comme directeur général, il a passé la première journée de chasse aux joueurs autonomes sur un bateau.

C'est peut-être la raison pour laquelle les Panthers n'ont jamais embauché Ed Jovanovski. Wayne Gretzky était sur le seuil de la porte de l'agent de Jovanovski dès la première journée dans le but de lui offrir un contrat.

Ça ne veut pas dire que Keenan n'a pas réalisé quelques bons coups comme par exemple embaucher le joueur autonome Martin Gélinas ou encore faire signer le capitaine Olli Jokinen. Mais en sous-estimant le marché des joueurs autonomes en 2004 il s'est précipité pour faire signer des contrats à Eric Cairns, Alexander Karpovtsev et Sean Hill. Cette année, il a trop versé pour les services du défenseur Ruslan Salei.

On se demande parfois si Keenan a lu les mêmes mémos que les autres employés du BankAtlantic Center. Alors que le propriétaire déclarait qu'il fallait consolider l'équipe avec de jeunes talents, Keenan a laissé partir le talentueux défenseur Lukas Krajicek dans l'échange de Luongo puis il a mis sous contrat le gardien Ed Belfour, 41 ans.

Le départ de Keenan ne survient pas vraiment à un bon moment. Martin doit maintenant assumer les fonctions d'entraîneur et de directeur général. Il est presque impossible de nos jours dans la LNH de cumuler les deux postes et de connaître du succès. C'est n'est pas le genre de situation dans laquelle un directeur général souhaite se retrouver à dix jours de l'ouverture du camp d'entraînement. Martin a avoué dimanche qu'il ne cherchait pas à devenir directeur général.

Parfois, il y a des décisions qui doivent être prises mais cette concession est toutefois hantée par une foule de mauvaises décisions. L'équipe a échoué dans sa tentative de gagner la confiance de ses partisans et il est encore trop tôt pour dire que Sunrise est devenue une ville de hockey.

Dans le fond, Keenan est le dernier lien qui unit l'équipe à plusieurs mauvaises décisions. Peut-être que les Panthers pourront finalement aller de l'avant comme le veut le propriétaire. Peut-être deviendront-ils comme ils l'ont déjà été par le passé, une concession cohérente dans laquelle les amateurs pouvaient avoir confiance de la voir prendre des bonnes décisions.