NASHVILLE - Le dos bien appuyé contre un mur à l’extérieur du vestiaire, la tête couverte par le capuchon du kangourou aux couleurs des Ducks qu’il portait, Ryan Kesler attendait les journalistes depuis un bon moment lorsqu’ils ont obtenu le feu vert pour entrer dans la zone réservée aux joueurs.

Attendu avec une brique et un fanal à Nashville, autant par Ryan Johansen et ses coéquipiers des Predators que par leurs partisans qui l’ont identifié comme cible de prédilection dans le camp ennemi, le vétéran joueur de centre avait un message simple et clair à livrer. Le genre de message qui n’augure rien de bon pour Ryan Johansen qui a essuyé les assauts de Kesler lors des deux premières rencontres et qui a répliqué avec une mitraille de critiques acerbes.

« Il n’est pas mon ami et il ne le sera jamais. Je me fiche donc éperdument de ce qu’il peut dire à mon sujet. Nous sommes en séries, je joue de manière robuste, j’ai un travail à faire et je le ferai à tous les matchs », que Kesler a plusieurs fois en guise de réponses aux questions des journalistes.

Des questions qui portaient toutes sur la guerre des nerfs et des mots que se livrent les deux joueurs autant sur la patinoire qu’à l’extérieur. Un signe évident que Kesler dérange vraiment son adversaire et pilier de l’attaque des Predators.

ContentId(3.1232642):Ducks vs Predators : Le duel Kesler vs Johansen
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« Je ne sais pas si je le dérange vraiment, mais si c’est le cas c’est tant mieux, car cela prouve que j’ai fait mon travail. C’est mon travail de surveiller nos adversaires et ce travail je le ferai du mieux que je le peux à tous les matchs. Je joue de façon robuste. C’est clair qu’il n’aime pas ça et ça ne changera rien à ma façon de jouer », a ajouté Kesler avec un léger sourire narquois qui en disait long sur ses intentions.

« Ryan est un joueur spécial. Intense. Personne n’aime jouer contre lui et c’est normal. C’est un dur, mais c’est aussi un gars qui joue dans les limites de la légalité. Il aime déranger les adversaires. Les sortir de leur match. À mes yeux, il est clair qu’il a réussi à déranger Johansen et il me dérangerait moi aussi si je l’avais sur le dos », a admis son coéquipier défenseur Josh Manson.

Entraîneur-chef des Ducks, Randy Carlyle entend bien sûr miser sur Kesler dans sa quête de nuire au travail de Johansen. Et bien qu’il n’aura pas le loisir de profiter du dernier changement, Carlyle entend maximiser les missions spéciales de son joueur de centre. « On verra de quelle façon les Predators réagiront, mais il était clair lors des deux premiers matchs qu’ils n’ont pas tenté de soustraire Johansen à Kesler. Je m’attends donc à ce que ce soit semblable ce soir », a mentionné l’entraîneur-chef des Ducks.

Est-ce que l’attention particulière accordée à Kesler pourrait miner ses performances? « Au contraire », a répondu Carlyle. « Kesler est un professionnel. Un vrai de vrai. Sa préparation n’a pas d’égale dans la LNH. Les jeunes qui arrivent dans la Ligue devraient tous prendre exemple sur lui pour maximiser leurs chances de réussite. Je suis convaincu qu’il ne porte aucune attention à ce qui se dit ou s’écrit sur lui. Il jouera de la façon dont il doit le faire pour gagner ses batailles et aider l’équipe à gagner. De fait, Ryan a le même mandat à remplir que tous nos joueurs : c’est-à-dire de gagner les duels qui les opposent à leurs adversaires. »

Johansen dans l’ombre

Si Ryan Kesler a affronté les journalistes avec le même aplomb qu’il affiche sur la patinoire, Ryan Johansen est demeuré loin des journalistes pour une deuxième journée consécutive. Il sera intéressant de voir s’il brillera ce soir après avoir passé les deux dernières journées dans l’ombre de ses commentaires de dimanche.

Ses coéquipiers l’ont toutefois défendu. Son entraîneur-chef également.

 «Il est hors de question de demander à mes joueurs de laisser l’émotion de côté pour un match aussi important que celui de ce soir. On sait que la robustesse sera un facteur important. On ne sera donc pas pris par surprise. Et je m’attends à ce que tous nos joueurs soient en mesure de performer au maximum. Nous n’avons pas disputé une bonne deuxième période dimanche. On devra être meilleurs ce soir », a indiqué Peter Laviolette.

« Ryan sait ce qui l’attend. Et c’est normal, il est notre meilleur attaquant. Il est donc normal qu’il soit surveillé étroitement. Parce que nous sommes en séries, parce que nous sommes en finale d’association en plus, il doit composer avec plus de coups de bâton, avec plus de coups sournois, avec plus d’accrochages. Avec plus de ci et plus de ça. Il le sait et il sera prêt », a indiqué le défenseur Ryan Ellis.

P.K. Subban, à sa descente d’avion lundi, avait tenu des propos similaires à l’endroit de Johansen. « Ryan est notre meilleur joueur. C’est l’un des meilleurs joueurs de centre la Ligue. Le fait qu’il fasse l’objet d’une attention aussi étroite le démontre clairement », a indiqué Subban qui devra s’imposer devant Ryan Getzlaf de la même façon que Kesler le fait face à Johansen.

Match historique

Les médias de Nashville ont qualifié ce premier match de la finale de l’Ouest au Bridgestone Arena de match le plus important de l’histoire de la ville.

« Ce sera fantastique », a indiqué le gardien Pekka Rinne. « Cet amphithéâtre vibrera ce soir comme jamais encore. Ce sera plaisant pour nos fans, mais ce le sera aussi pour nous », a poursuivi le gardien finlandais qui a assuré avoir fait le vide après sa performance bien ordinaire de dimanche alors qu’il a été victime de quatre buts pour la première fois des séries. « Je suis prêt », a-t-il tranché en guise de dernière réponse offerte aux journalistes.

« La ville vibre en fonction de l’équipe et c’est vraiment plaisant. Plusieurs joueurs de notre formation vivent une première finale de l’Ouest. Il en va de même pour nos fans et même pour nos médias locaux. Cela explique en partie l’effervescence qu’on remarque partout en ville », a ajouté Peter Laviolette.

Comme son homologue de Predators, Randy Carlyle a tenu à souligner l’atmosphère hockey qui enveloppe Nashville. Une preuve de réussite pour cette organisation qui en est à sa 18e saison dans la LNH.

« Les Predators récoltent aujourd’hui tout le travail qu’ils ont accompli pour s’implanter ici et faire connaître le hockey. Barry Trotz – le premier entraîneur-chef de l’organisation qui n’en a d’ailleurs eu que deux jusqu’ici – a toujours insisté sur le travail et le développement des joueurs. Ses équipes ont toujours été considérées comme des clubs de cols bleus. De travaillants. Même lors des premières saisons des Preds, c’était toujours difficile de venir à Nashville. On savait qu’on aurait besoin de travailler pour gagner. Les amateurs se sont retrouvés dans cette philosophie et ils ont embarqué derrière leur club. Cet amphithéâtre est petit. Mais le jaune des uniformes et des chandails que les fans portent dans les gradins l’illumine énormément. L’acoustique particulière et l’enthousiasme des amateurs en font aussi l’un des amphithéâtres les plus bruyants de la LNH. On s’attend à ce que ce soit animé ce soir. Et ce sera tant mieux. Si nos gars ne sont pas capables de se motiver avec l’atmosphère qui va régner ici, ils n’ont pas choisi le bon travail », a indiqué Randy Carlyle.

Tous les partisans des Preds recevront un chandail jaune et un bracelet illuminé qui changera de couleur au fil du match. Ça devrait ajouter de la couleur aux décibels.

Parlant de décibels, la direction des Preds réserve une surprise à ses fans avec une interprétation particulière de l’hymne national américain.

Je n’en sais pas plus!