Lorsque le Canadien a fait escale à Denver le premier décembre dernier, Patrick Roy et ses Avalanches en arrachaient sur la patinoire et au classement.

Après une première saison de rêve marquée par les conquêtes des trophées Jack Adams pour Roy et Calder pour Nathan MacKinnon et de performances qui avaient permis à Semyon Varlamov d’être dans la course au trophée Vézina, rien ne fonctionnait pour le Colorado. «On est très conscient qu’à ce rythme, on pourrait rater les séries», m’avait répondu le coach de l’Avalanche après l’entraînement matinal de son équipe. C’est effectivement ce qui est arrivé. MacKinnon a connu la guigne de la deuxième année. Varlamov n’a pas été l’ombre de lui-même. Globalement, l’Avalanche n’a pas répondu aux attentes et Patrick Roy n’a pas été en mesure de survolter son équipe.

Moins d’un an plus tard, l’Avalanche stagne au même titre qu’il le faisait l’an dernier. Autant sur la patinoire comme le confirment ses 10 revers en 16 matchs (une défaite en prolongation) qu’au classement alors qu’il est bon dernier de sa division et deuxième dans l’Ouest avec ses 13 points.

Vrai qu’il est trop tôt pour tirer la serviette. Mais il y a de quoi être inquiet. Car non seulement l’Avalanche évolue au sein de la division (centrale) la plus forte, et de loin, de la LNH, mais il accuse aujourd’hui un recul de cinq points sur les Jets de Winnipeg qui occupent le 8e rang dans l’Ouest et la deuxième place réservée aux clubs repêchés. Lors du premier duel Montréal-Colorado, l’an dernier, l’Avalanche était justement campé à cinq points des Jets et de la dernière place disponible pour prendre part aux séries. Avec les résultats qu’on a connus.

À quelques heures de son retour au Centre Bell, Patrick Roy assurait qu’en dépit la fiche négative de son équipe et sa place au classement, les choses étaient différentes cette année. «Tout le monde nous plaçait derniers dans notre division en début de saison, mais nous avons des objectifs différents. On n’a pas obtenu les résultats désirés depuis le début de la saison, mais on joue du meilleur hockey que l’an dernier», assurait Roy après l’entraînement matinal.

Vrai que l’Avalanche joue mieux. La preuve : il est beaucoup moins souvent déclassé qu’il ne l’était l’an dernier. L’ennui, et il est de taille, c’est que l’Avalanche n’arrive pas à gagner ses matchs serrés. Ou pas assez.

«Avant de battre Boston jeudi (victoire de 3-2) nous étions 1-6-1 dans les matchs décidés par un but. On est à l’aise avec notre structure, mais il faut simplifier notre offensive. Nos victoires remportées lors des deux derniers – gains de 3-2 à Boston et de 4-0 à Philadelphie, où l’Avalanche a amorcé un voyage de sept matchs – vont nous aider à enlever un peu de pression», a poursuivi Roy.

Duchene : transaction

Rien pour aider la cause des joueurs de l’Avalanche, le directeur général Joe Sakic a déclaré la semaine dernière qu’exception faite de Nathan MacKinnon, il n’y avait pas d’intouchable au sein de son club.

Il n’en fallait pas plus pour soulever un vent de rumeurs. Le nom de Jarome Iginla a aussitôt mentionné. L’ailier droit était même vu à Montréal pour remplacer Alexander Semin à la droite d’Alex Galchenyuk. En passant, Semin revient au jeu ce soir après une absence de sept parties. On verra ce que ça donnera.

Avant que les rumeurs ne prennent trop d’ampleur, Iginla les a tues en indiquant qu’il entendait faire appel à la clause de non-mouvement figurant à son contrat pour s’opposer à toute transaction. «Pas question de faire vivre un déménagement à sa famille», a-t-il précisé par le biais d’un message envoyé sur les médias sociaux.

Une fois le dossier Iginla clôt, celui de Matt Duchene a été ouvert alors que le collègue Pierre Lebrun a assuré que le nom du talentueux joueur de centre était au centre de discussions autour de la LNH.

«C’était comme ça quand je jouais à Montréal et aussi à Denver. Quand un club ne gagne pas, il y a des rumeurs. Je n’en avais pas entendu parler avant d’arriver à Montréal. Peut-être que ces rumeurs n’avaient pas traversé Cornwall», a ironisé Patrick Roy.

Rien n’est plus faux. Car non seulement toute la LNH était au courant de la rumeur associée au nom de Matt Duchene, mais le principal intéressé l’était aussi. Est-ce que ces rumeurs expliquent, au moins en partie, son éveil offensif alors qu’il a marqué deux fois (en plus d’obtenir une passe) à Philadelphie et qu’il a ajouté un but (gagnant) et une mention d’aide à Boston jeudi ?

«C’est certain que d’être associé à de telles rumeurs t’atteint d’une façon ou d’une autre. Je sais que ça fait partie du hockey, mais je n’ai pas décidé de hausser mon niveau de jeu pour partir ou encore pour rester ici. Ce que j’espère qui arrivera. C’est simplement que les choses se sont mieux passées lors de ces deux parties», assurait Matt Duchene après l’entraînement.

Mélange jeunesse-expérience

À sa première saison avec l’Avalanche, François Beauchemin confirme que les performances de son équipe sont meilleures que leur fiche ne le laisse croire. «On a eu un bizarre début de saison. Quand on marquait des buts on en donnait trop. Quand on jouait bien défensivement, on n’arrivait pas à marquer. Il y avait toujours quelque chose qui ne fonctionnait pas. On a bien amorcé le voyage et il reste encore bien du temps pour renverser la vapeur. C’est vrai que notre division est forte – Dallas, St.Louis, Minneosta, Chicago et Winnipeg les devancent au classement – mais on doit garder espoir. C’est un cliché, mais on doit vraiment prendre les matchs un à la fois, car si on se dit qu’on doit gagner un nombre précis de parties, ça deviendra facile de se décourager.»

Avec Jarome Iginla qui complète sa 19e saison dans la LNH, le défenseur québécois assume un grand pan du leadership nécessaire au sein de cette relativement jeune équipe. «François et Jarome nous donnent exactement ce qu’on attend d’eux. Ils apportent de l’expérience. Du calme», a indiqué Patrick Roy qui lui a confié un mandat de parrainage du défenseur Erik Johnson.

L’entraîneur-chef a aussi parlé avec enthousiasme de ces jeunes joueurs : Nathan MacKinnon qui connaît une bien meilleure saison que l’an dernier avec ses six buts et 16 points en 16 rencontres, mais aussi Mikhail Grigorenko et Andreas Martinsen. Après un très bon camp d’entraînement, Martinsen a été retourné au club-école à San Antonio. L’attaquant norvégien y a très bien fait et il a été rappelé en début de voyage en raison de la blessure subie par Alex Tanguay. «Il gagne ses batailles à un contre un. Il est dynamique. Il joue comme on veut voir nos joueurs jouer», a lancé Roy en parlant de Martinsen qui disputera un 3e match consécutif ce soir.

Quant à Grigorenko, que Roy connaît très bien pour l’avoir dirigé à Québec, avec les Remparts, il obtient une chance au sein du premier trio en compagnie de MacKinnon et Duchene. «Grigo a d’excellentes mains. On le sait tous. Il n’a pas le plus gros coup de patin et doit améliorer la qualité de ses batailles à un contre un, mais on est content de ce qu’il nous donne.»

L’Avalanche s’amène à Montréal avec l’intention de freiner à trois sa séquence de revers consécutifs aux mains du Canadien. Un défi qu’il ne sera pas facile de réaliser alors que l’Avalanche sera privé de son capitaine Gabriel Landeskog qui purgera samedi la première de ses deux parties de suspension imposée pour sa mise en échec illégale assénée à Brad Marchand, jeudi soir, à Boston.