L'envolée des Flyers
Suivez le match entre les Flyers de Philadelphie et les Canadiens de Montréal mercredi soir dès 19 h, sur RDS et sur RDS.ca.
MONTRÉAL - Après trois saisons misérables et trois exclusions consécutives des séries éliminatoires, les Flyers de Philadelphie devaient être cloués au sol encore cette année.
Les plus optimistes leur souhaitaient de non seulement rater les séries, mais de rivaliser avec les Blackhawks, les Sharks et les autres clubs moribonds de la LNH dans la course pour le tout premier choix du prochain repêchage.
L'envol des Flyers vers des jours meilleurs et un retour en séries, c'était pour demain. Demain comme dans plus tard. Comme dans... beaucoup plus tard.
Pourtant!
À un match de la mi-saison, les Flyers ont non seulement décollé en flèche, mais maintiennent une vitesse et une altitude de croisière qui pourraient leur permettre de se poser en séries éliminatoires.
Bon! Le revers de 4-1 encaissé, lundi soir, aux mains des Penguins dans le cadre d'un duel opposant les deux grands rivaux de la Pennsylvanie, les a relégués au quatrième rang de la section métropolitaine. C'est donc à titre de club repêché qu'ils se retrouvent en séries ce matin.
Mais ce sont tout de même des Flyers transformés que le Canadien croisera, mercredi soir, lors de sa première visite de la saison au Wells Fargo Centre.
Joint par RDS en fin d'après-midi lundi, Daniel Brière s'est mis à ricaner de satisfaction lorsque je lui ai demandé s'il partageait la surprise générale associée aux succès de ses Flyers.
« J'avais une petite idée qu'on serait meilleurs que ce que les observateurs prédisaient, mais je mentirais si je te disais que je nous voyais en séries », que le Gatinois a candidement reconnu.
La saison est encore jeune. La quatrième position des Flyers est loin d'être assurée. Tout comme leur place en séries. Mais après 20 victoires accumulées au fil des 40 premiers matchs – 14 en temps réglementaire, trois en prolongation et trois autres en tirs de barrage – l'échantillon est suffisant pour affirmer que les Flyers représentent la plus grosse surprise de l'Association Est jusqu'ici cette saison. La deuxième à l'échelle de la LNH, derrière les Jets de Winnipeg.
« Tout le crédit revient aux joueurs et à "Torts" – John Tortorella – qui a su les regrouper et surtout les convaincre de suivre le plan établi depuis son arrivée. J'étais adjoint quand on a embauché John comme entraîneur-chef. Ramener l'identité des Flyers, retrouver une culture gagnante au sein du vestiaire, transporter cette culture sur la patinoire pour redonner aux partisans une équipe qu'ils veulent et peuvent apprécier étaient les priorités de l'organisation. Je ne rêve pas en couleurs. Je sais qu'on est encore loin d'une coupe Stanley. Mais je peux assurer que cette équipe joue maintenant du hockey à l'image des vrais Flyers », a ajouté Brière.
Confiance récompensée
Lorsqu'il a succédé à Chuck Fletcher à titre de directeur général des Flyers, en mars dernier, Daniel Brière a été bombardé de conseils et de suggestions. Des conseils et suggestions qui allaient tous dans le même sens : celui de faire un grand ménage au sein du vestiaire et de corriger « l'erreur » commise en offrant une autre chance à John Tortorella qui en avait déjà obtenu plusieurs. Trop aux yeux de plusieurs…
Brière n'a pas bronché. Et à quelques semaines de son premier anniversaire comme patron des opérations hockey, sa patience est en voie d'être récompensée.
« C'est vrai que je n'avais pas d'expérience comme directeur général et que cela pouvait être un handicap. Mais contrairement à un DG d'expérience qui serait débarqué ici, je connaissais l'organisation de fond en comble. J'avais des liens avec les joueurs, dont certains avaient été des coéquipiers. J'avais participé à l'embauche de "Torts". J'avais appris à le connaître. À le comprendre. Quand on m'a donné le poste, j'avais déjà une très bonne idée des changements que je devais apporter pour améliorer l'équipe », que Brière a expliqué.
Le directeur général des Flyers n'a jamais identifié les « changements » qu'il avait en tête dès l'instant qu'il a été promu. Il est toutefois facile de rappeler que des joueurs importants comme Kevin Hayes et Ivan Provorov ont malgré tout été échangés aussitôt la saison terminée. Sans oublier le fait que les Flyers ont ouvert la porte aux départs des James Van Riemsdyk, Tony DeAngelo et Brendan Lemieux par le biais du marché des joueurs autonomes.
L'impact de Sean Couturier
Peu importe leur niveau d'expérience dans la LNH, les joueurs qui sont demeurés au sein de l'organisation jouissaient de la confiance de leur patron.
Un patron qui les avait identifiés comme des atouts capables de bâtir un avenir meilleur et non comme des boulets qui plombent la relance d'une équipe.
Un patron qui savait aussi que le retour en forme et en santé de Sean Couturier aiderait grandement l'ensemble des joueurs gardés au sein de l'organisation.
« Sean a raté la saison complète l'an dernier et plus de la moitié de la saison (53 matchs) il y a deux ans. Plusieurs avaient peut-être oublié à quel point il est bon. Mais pas nous! Son retour nous aide beaucoup parce que tu peux avoir toute la confiance possible à l'endroit de tes jeunes espoirs, mais c'est impossible de leur demander de rivaliser avec les McDavid, Matthews, Crosby, MacKinnon soir après soir. Sean a l'expérience et le talent pour rivaliser avec les meilleurs centres des autres clubs. C'est vers lui qu'on se tourne pour les grosses mises en jeu – il est troisième dans la LNH avec 786 mises en jeu disputées derrière Sidney Crosby (884) et Elias Lindholm (800) – et les situations cruciales lors des matchs. Son implication dans les succès de l'équipe dépasse les buts (10), les points (27) et le temps passé sur la glace (19 min 54 s en moyenne) », a défilé Brière.
Pas question d'hypothéquer l'avenir
Bien que très heureux de la première moitié de saison de son équipe, Daniel Brière n'entend pas se laisser éblouir au point de modifier le plan qu'il a établi avec le nouveau président de l'équipe et lui aussi ancien des Flyers : Keith Jones.
« Il est hors de question d'hypothéquer l'avenir de l'organisation. Nous n'échangerons pas de jeunes espoirs pour aller chercher des gars d'expérience simplement pour rester dans la course aux séries. Ça ne veut pas dire qu'on restera les bras croisés. Mais tu verras que si on conclut une transaction, ce sera pour mettre la main sur un jeune en qui nous avons confiance et que nous tenons à garder avec nous pour longtemps », a lancé Brière au fil de la conversation.
Quelques heures plus tard, les Flyers et les Ducks d'Anaheim confirmaient une transaction importante qui a permis à Daniel Brière d'ajouter Jamie Drysdale à son groupe de défenseurs.
Le directeur général et son président ont accepté de donner aux Ducks le jeune et explosif attaquant Cutter Gauthier. Cinquième sélection de la première ronde lors du repêchage de 2022, Gauthier vient de gagner la médaille d'or avec ses coéquipiers des USA au Championnat mondial junior. Un tournoi au cours duquel il a marqué deux buts et récolté 12 points. C'est un jeune promis à une belle carrière.
Mais Brière a été fidèle à la philosophie qu'il préconise puisque Drysdale, choix de première ronde des Ducks (6e sélection) en 2020, est toujours considéré comme un défenseur de premier plan en dépit une blessure à l'épaule qui l'a limité à huit matchs la saison dernière. En 10 rencontres avec les Ducks cette année, l'arrière de 21 ans, a marqué un but et ajouté quatre passes.
Malgré son manque d'expérience et celui de son complice Keith Jones, Daniel Brière ne craint pas les critiques à l'endroit du nouvel état-major des Flyers. Il balaie aussi du revers de la main, les prétentions selon lesquels les Flyers sont une fois encore tombés dans une histoire de « country club » en faisant appel à deux anciens joueurs.
« Je me considère choyé de pouvoir compter sur Keith. On apporte des bagages différents, mais on se complète bien. Nous travaillons conjointement. On se consulte. On se tient au courant de tout ce que l'on fait. Keith était un excellent analyste à la télé américaine. Le hockey a perdu un gros morceau quand il a accepté de revenir avec les Flyers. Il connait tout le monde. Il a des contacts partout et il sait les utiliser. On sait tous les deux que rien ne sera facile. Que personne ne nous fera de cadeaux. Mais on sait où on s'en va. Et on sait comment on veut s'y rendre », que Daniel Brière a plaidé en guise de conclusion à la conversation.
Il ne reste plus qu'à avoir combien de temps il faudra aux Flyers avant d'arriver à destination. Combien de détours ils devront emprunter pour l'atteindre.
D'ici là, les succès des 40 premiers matchs aideront les partisans des Flyers, qui sont loin d'être reconnus pour leur patience, à patienter un peu.
S'ils se poursuivent en deuxième moitié de saison, les succès des Flyers pourraient aussi sauver les amateurs de sports de «Philly» d'un hiver de grande noirceur alors que les Eagles soulèvent bien plus de craintes qu'ils ne génèrent de la confiance à l'aube des séries dans la LNH. Sans oublier la grande chute des Phillies en finale de championnat dans la Nationale aux mains des Diamondbacks de l'Arizona alors que le Tout-Philadelphie les voyait déjà en Série mondiale...