Avoir le momentum est primordial dans les séries de la LNH. Si vous l’avez, vous devez vous y accrocher. Et c’est ce que les Canadiens de Montréal ont fait vendredi soir en gagnant 3-2 en prolongation contre les Sénateurs d’Ottawa, au Centre Bell. L’an passé, Montréal avait non seulement quitté Tampa avec une avance de 2-0 au premier tour, mais il l’a aussi quitté avec le momentum nécessaire pour éventuellement balayer la série jusqu’à une apparition en finale d’association.

Le blanchissage de Montréal n’était pas typique de l’allure des séries en 2014. Cinq équipes ont eu un départ de 2-0, mais la domination s’est dissipée dans tous les cas à l’exception de celui des Habs. Les Stars ont égalé leur série face aux Ducks en remportant les deux matchs à Dallas. Au moins, Anaheim a tout de même réussi à passer à la ronde suivante. Les trois autres formations n’ont pas été aussi chanceuses. St Louis a baissé pavillon contre Chicago après quatre défaites consécutives. Colorado et Minnesota ont alterné des gains à la maison avant que le Wild brise la tendance en triomphant sur la route en prolongation lors du match no 7. Puis il y a les Sharks de San Jose. Après avoir dominé les Kings dans les rencontres 1 et 2, et après avoir triomphé de peu dans la troisième, les Sharks sont devenus seulement la quatrième équipe dans l’histoire de la LNH à perdre une série après avoir eu une avance de 3-0.

Est-ce que 2014 était une anomalie? Est-ce que la nécessité de mener 2-0 n’est que mythique? Quelles conclusions faut-il en regardant l’historique en séries éliminatoires?

Depuis 1994, 80 équipes ont amorcé leur parcours à 2-0 en première ronde. Nous avons analysé ce que chacune des 80 équipes ont accompli à partir de ce moment dans les séries. Le premier graphique de droite montre le taux de succès de chaque formation (celles qui ont perdu leur série après une avance de 2-0, puis celles qui l’ont emporté). Nous avons aussi divisé les résultats selon le nombre de matchs que cela a pris pour déterminer un vainqueur.

La portion en rouge représente les équipes qui ont laissé filer leur avance de 2-0. Conséquemment, 81 % des équipes ont fini par triompher et la majorité l’a fait en six matchs. Nous avons aussi relevé les données concernant les équipes qui ont pris l’avance de 2-0 à la maison comparativement à celles qui l’ont fait à l’étranger.

On aurait pu croire qu’en connaissant un bon début sur la route, les équipes auraient terminé la série plus rapidement une fois revenues à la maison, mais ce n’est pas le cas. Seulement 13 % des équipes qui sont retournées à domicile avec une avance de 2-0 ont éventuellement baissé pavillon.

Ces résultats sont représentatifs de la LNH, mais moins dans le cas du CH. Dans les 20 dernières séries éliminatoires, Montréal a amorcé son parcours à 2-0 en cinq occasions en quart de finale dans l’Est. Les loyaux partisans du Bleu-blanc-rouge se souviennent de la victoire contre Tampa Bay en 2014 et celle contre Boston en 2008, mais n’ont pas digéré la défaite contre les Rangers (1996), les Hurricanes (2006) et les Bruins (2011). Ils seraient cependant heureux d’apprendre que les Sénateurs ne sont jamais parvenus à combler un tel déficit dans les quatre occasions où ils pouvaient le faire. En fait, Ottawa a été balayé à trois reprises.

Est-ce que prendre une avance de2-0 a un impact bénéfique à long terme dans les éliminatoires? Est-ce que le momentum, la confiance et le repos en avril portent leurs fruits une fois en juin? Le prochain graphique analyse le parcours des équipes ayant remporté leurs deux premières rencontres de premier tour.

Tel qu’indiqué dans le précédent graphique, 81% (65/80) des équipes à 2-0 ont remporté la première ronde. Mais leur succès ne s’arrête pas là. Près de la moitié ont aussi atteint la finale d’association. Et ça continue. Depuis 1994, 22 des 44 finalistes de la Coupe Stanley (55 %) avaient eu une avance de 2-0 au premier tour. Ce ratio est aussi similaire pour les grands champions, alors que 11 d’entre eux ont commencé les séries 2-0.

Les deux premiers matchs des séries sont seulement une marche vers l’objectif suprême, et les Canadiens de Montréal doivent toujours remporter 14 autres victoires avant de l’atteindre. C’est toutefois deux de moins qu’Ottawa, et c’est ce qui compte le plus présentement.