Quand on pense aux candidats logiques pour le trophée Norris, on ne pense pas immédiatement à Mark Giordano. Pourtant, cette saison, l’arrière des Flames de Calgary ne fait pas seulement partie de la course au précieux honneur, il la mène! Pas mal pour un arrière qui a dû passer par la Russie pour relancer sa carrière...

En 2007-2008, Giordano a en effet décidé de s’expatrier au pays de Vladimir Poutine, voyant que sa carrière avec les Flames avançait à pas de tortue. Après des saisons de 7 et de 48 matchs à Calgary, il a décidé de joindre les rangs du Dynamo de Moscou, question de retrouver, sans jeu de mots, la flamme.

« Je crois que ç’a été un moment marquant dans ma carrière, avoue Gio à l’autre bout du fil. Je ne jouais pas beaucoup à Calgary et je me demandais si j’allais, un jour, devenir un défenseur régulier dans la Ligue nationale. Je suis donc parti en Russie, j’y ai obtenu beaucoup de temps de jeu et j’y ai gagné en confiance. Si c’était à refaire, je reprendrais la même décision. »

Giordano est retourné chez les Flames en vue du calendrier 2008-2009 et depuis, il a non seulement été nommé capitaine de l’équipe, mais il a décroché une prolongation de contrat de 5 ans valant 20,1 M$, à l’été 2011. Il est en constante progression depuis ce beau vote de confiance.

À preuve : sa superbe saison de 47 points en seulement 64 matchs, l’an dernier, avec un différentiel de +12 pour une équipe qui a terminé au 27e rang du classement général.

Giordano remet ça cette saison avec une moyenne d’un point par match, lui qui joue autour de 25 minutes en compagnie du jeune T.J. Brodie. Si la saison devait se terminer aujourd’hui, les deux feraient partie des discussions pour le trophée Norris.

L’entraîneur-chef des Flames, Bob Hartley a aussi confié à Hockey Le Magazine, lors d’un récent entretien, que les deux étaient « la colonne vertébrale » de son équipe. « C’est très flatteur quand ton nom est mentionné pour le Norris, mais la saison est encore jeune, prévient Giordano. TJ et moi jouons bien depuis le début de la saison. La chimie est bonne. Oui, c’est plaisant se faire complimenter, mais le plus important pour moi demeure d’aider les Flames à faire les séries. On connaît un bon départ jusqu’ici… »

En bon capitaine, le numéro 5 bifurque l’attention sur ses coéquipiers pour expliquer ses succès. « Tous nos défenseurs jouent bien depuis le début la saison, pas seulement T.J. et moi, dit-il. [Dennis] Wideman, [Kris] Russell, [Deryk] Engelland, [Ladislav] Smid et [Raphael] Diaz ont offert de bonnes performances. Nos entraîneurs veulent qu’on s’implique dans l’attaque et qu’on bouge bien la rondelle. Le tout, en demeurant responsable en défense. Ça va bien jusqu’ici. T.J. et moi, on évolue ensemble depuis plus d’un an et nos coachs nous font jouer beaucoup. »

Considéré par Équipe Canada

Même s’il ne veut pas trop que la conversation tourne autour de lui, Giordano laisse aller un rire franc lorsqu’on lui souligne qu’il peut maintenant se sentir comme un membre à part entière du groupe des meilleurs défenseurs du circuit, aux côtés des Duncan Keith, Drew Doughty, Shea Weber et Zdeno Chara. « C’est super! À mes yeux, ces gars-là sont dans une classe à part, estime l’arrière de 6 pi et 200 lb. Doughty est, selon moi, le défenseur le plus complet de la Ligue nationale, un pas devant Keith. D’entendre mon nom être mentionné dans la même phrase qu’eux, c’est vraiment flatteur. Je me suis amélioré ces dernières années et j’espère que ça va continuer ainsi. »

Giordano s’est tellement amélioré récemment qu’il est passé bien près de percer la formation canadienne en vue des Jeux olympiques de Sotchi, en février dernier. Le directeur général Steve Yzerman et l’entraîneur-chef Mike Babcock lui ont toutefois préféré Keith, Jay Bouwmeester, Marc-Édouard Vlasic et Dan Hamhuis, du côté gauche.

« Simplement d’avoir été considéré pour faire Équipe Canada m’a donné une grosse dose de confiance, dit celui qui n’a jamais été repêché par un club de la LNH. Je n’avais même pas été invité au camp d’orientation à l’été 2013, alors je ne pensais pas que les dirigeants allaient penser à moi. Mais quand Steve Yzerman m’a appelé pour me dire que j’avais passé bien près de faire l’équipe, j’ai trouvé ça vraiment cool. »

Depuis, Giordano a repris son poste à la ligne bleue des Flames et il devrait, s’il ne se blesse pas, disputer son 500e match dans la Ligue nationale dès cette saison. Une étape qu’il n’aurait jamais cru possible, dit-il, lorsqu’il s’est expatrié en Russie.

Les Flames en séries?

À 31 ans, Giordano pourrait également prendre part aux séries pour la première fois depuis 2007 ; les Flames ont participé aux séries pour la dernière fois en 2009, mais il n’y avait joué aucun match.

Au moment d’écrire ces lignes, Calgary occupe le troisième rang de la division Pacifique, avec une fiche de 14-8-2. « C’est excitant! Les Flames n’ont pas fait les séries depuis longtemps et j’espère que ça va changer cette année. Nos jeunes joueurs n’obtiennent pas tout le crédit qui leur revient. [Johnny] Gaudreau, [Josh] Jooris et [Markus] Granlund, entre autres, jouent bien depuis le début de la saison et d’autres jeunes tentent de demeurer à temps plein à Calgary. Si on est en si bonne position au classement, c’est entre autres grâce à eux. »

Ça va donc bien pour les Flames et leur capitaine. Reste à voir maintenant si celui-ci sera en mesure d’imiter ses idoles, Brian Leetch et Nicklas Lidstrom, et de voir son nom être inscrit sur le trophée Norris. « Plus jeune, j’étais fan des Maple Leafs, alors quand ils ont acquis Leetch [en 2004], j’étais très content, conclut celui qui a grandi à Brampton, en Ontario. Leetch excellait pour déplacer la rondelle. J’ai toujours aussi aimé Nick Lidstrom, que j’ai eu la chance d’affronter à plusieurs reprises au cours de ma carrière. Il était tellement constant et intelligent. Il ne prenait jamais de risque non calculé. »

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