St. Paul, Minnesota - Un vent de fraîcheur souffle actuellement sur Columbus. En effet, dans le vestiaire des Blue Jackets, on sent que la confiance règne à nouveau. Pour Derick Brassard, l'équipe, maintenant dirigée par le nouvel entraîneur-chef Scott Arniel, est prête mentalement et physiquement à faire oublier la saison de misère de l'an dernier pour regagner sa place en séries éliminatoires.

À l'image des Blue Jackets de 2009-2010, Derick Brassard a connu une dernière campagne assez difficile avec 36 points - dont seulement neuf buts - en 79 rencontres. De plus, le Québécois natif de Hull a montré une fiche de moins-17, soit la pire du club à égalité avec le défenseur Anton Stralman.

« J'entends faire la différence cette saison », a assuré Brassard, rencontré lors du passage des Blue Jackets au Minnesota. « Je veux avoir un grand mot à dire dans les succès de mon équipe et je vais travailler fort pour y arriver. »

Le joueur de centre avait fait écarquiller bien des yeux lors de sa deuxième saison dans la LNH. En fait, il était en tête du classement des compteurs chez les recrues, avec 25 points en 31 matchs, lorsqu'il s'est disloqué l'épaule droite au mois de décembre.

« Je veux retrouver cette touche. Depuis le début de la saison, notre trio - complété par Nikita Filatov et Jakub Voracek - n'a pas récolté beaucoup de points, mais nous obtenons une foule de chances de marquer. C'est à croire que c'est une question de temps avant de recommencer à produire sur une base régulière. »

Toutefois, ce que Brassard trouve le plus encourageant avec les Jackets, c'est l'approche utilisée par le nouveau personnel d'entraîneurs mené par Arniel. « Ce sont comme des coéquipiers pour nous; les joueurs ne voient pas la différence tellement ils sont faciles d'approche. Plus tôt cette saison, j'éprouvais de la difficulté au chapitre des mises au jeu. J'ai demandé conseil auprès des entraîneurs et les choses se sont vite replacées. En bref, ils ont réussi à acquérir notre respect assez rapidement. »

Et contrairement à Ken Hitchcock, qui était en poste à pareille date l'an dernier, les jeunes joueurs n'ont pas à se préoccuper d'un système de jeu trop sophistiqué.

« Nous n'avons pas mille choses à penser avec le système de jeu actuel. Bien entendu, il faut respecter une base, mais en général, les joueurs ont la chance d'exprimer leur talent », explique-t-il. « Arniel et ses adjoints nous enseignent à être fort sur la rondelle et de jouer avec intensité en zone défensive. Depuis le début de l'année, je peux dire que le reste suit lorsque ces deux points sont exécutés. »

Brassard revient souvent sur le fait que les Blue Jackets représentent l'une des plus jeunes équipes de la Ligue nationale et que par le fait même, il est plus facile de perdre cette fameuse confiance si importante.

« Il faut arrêter de se laisser impressionner par les joueurs vedettes qui évoluent de l'autre côté. Nous savons que nous pouvons rivaliser. Il faut juste avoir confiance en nos moyens. Nous savons également que nous comptons sur l'un des bons gardiens de la LNH, qui n'a certainement pas remporté le trophée Calder en 2008-2009 par chance. Il a le talent pour nous mener à nouveau en séries éliminatoires. »

L'expérience suédoise

Les Blue Jackets ont amorcé leur saison plus tôt ce mois-ci avec deux matchs disputés en Suède face aux Sharks de San Jose. Comme la plupart des joueurs questionnés à ce sujet, Brassard affirme qu'il a eu de la difficulté à gérer les méfaits du décalage horaire.

De plus, les matchs étaient disputés à 21 heures afin de satisfaire l'auditoire américain. Une situation qui n'aidait en rien les joueurs habitués à sauter sur la glace vers 19 heures.

« J'éprouvais beaucoup d'impatience les journées de match. Il fallait attendre toute la journée à l'hôtel et par moments, ça m'épuisait mentalement. »

Autrement, Brassard assure qu'il a adoré son expérience à Stockholm.

« C'était super bien organisé et très amusant », a affirmé le joueur québécois. « Nous comptons sur trois Suédois dans l'équipe - Kristian Huselius, Samuel Pahlsson et Anton Stralman - qui se sont fait un plaisir de jouer les guides touristiques. Cette visite de la plus grande ville de Suède a bien sûr permis de resserrer les liens. Je suis heureux d'avoir pu vivre cette expérience et par le fait même, d'avoir pu découvrir la culture suédoise »

Brassard c. Latendresse

Au moment de l'entretien, Derick Brassard se trouvait dans l'état du Minnesota pour affronter son ancien coéquipier avec les Voltigeurs de Drummondville, Guillaume Latendresse. Même s'il explique n'avoir pas gardé le plus grand contact avec le gros ailier du Wild, Brassard fait savoir qu'il apprécie toujours ce genre de rencontre.


Photo : Ghyslain Bergeron

« Veut, veut pas, Guillaume et moi avons passé beaucoup de temps ensemble dans les rangs junior. Lorsqu'il a retrouvé sa touche la saison dernière, j'étais très heureux pour lui puisque je savais qu'il était un bon marqueur. Avec les Voltigeurs, il savait toujours où se placer pour recevoir mes passes. Nous tâchons toujours de nous arranger pour se parler lorsqu'un de nous deux est en visite. »

Par ailleurs, même s'il demeure à Columbus depuis quelques années, Brassard maintient qu'il essaye tant bien que mal de conserver un certain contact avec son ancienne ville d'adoption de Drummondville.

« Je m'informe souvent de ce qui se passe avec les Voltigeurs et la LHJMQ. Par contre, vu que je suis rendu trop vieux(!), je ne connais plus personne avec qui j'ai évolué », souligne à la blague le hockeyeur de 23 ans. « Lorsque l'équipe a remporté la coupe du Président, j'ai passé un coup de fil à mon ancien entraîneur-chef Dominic Ricard - qui est maintenant directeur général - pour le féliciter. J'essaye également d'entretenir la relation que j'ai avec le conseiller pédagogique et avec ma pension à Drummondville. »

Couturier à l'image de Lecavalier

Brassard soutient également qu'il suit de près les faits et gestes de Sean Couturier, qui est considéré comme l'un des meilleurs espoirs en vue du prochain repêchage de la Ligue nationale.

« Je vais souvent voir s'il connaît du succès. J'ai joué avec lui l'été dernier dans le cadre d'un tournoi amical à Drummondville et je dois dire que j'ai été très impressionné », dit-il. « Quand j'étais plus jeune, je regardais Vincent Lecavalier jouer avec l'Océanic et Sean me fait beaucoup penser à lui. Il est grand, il possède une bonne portée et il a officiellement beaucoup de talent. Et comme Vincent, Couturier semble avoir une bonne tête sur les épaules. En somme, il a tout pour réussir. »

Même s'il ne possède pas le même physique que lui, Brassard a quand même insisté pour conseiller à Couturier de continuer à travailler fort et à ne jamais rien prendre pour acquis.

« Je lui dirais la même chose qu'à notre premier choix de cette année Ryan Johansen qui est retourné au niveau junior : en plus des matchs et des pratiques, c'est important de s'entraîner en gymnase de deux à trois fois par semaine. De cette manière, tu acquiers plus de force musculaire et tu deviens davantage prêt à affronter les joueurs développés de la Ligue nationale. »

La vie à Columbus

Le jeune homme se sent comblé à Columbus. Il apprécie la ville qui peut compter sur un bel aréna et un complexe d'entraînement répondant aux besoins des joueurs des Blue Jackets.

« Ce n'est pas une grosse ville, mais même si l'équipe perd, les partisans sont au rendez-vous pour nous encourager. »

De plus, Brassard soutient qu'il aime l'esprit de camaraderie qui habite les Blue Jackets. Étant donné que l'équipe possède le même noyau depuis deux ou trois ans, les joueurs sont devenus inséparables les uns des autres.

« Nous sommes sept à habiter dans le même complexe d'habitation. C'est donc dire que nous nous tenons toujours ensemble; c'est excellent pour l'esprit d'équipe. À chaque fois qu'il y a un nouveau venu dans l'équipe, il n'en revient pas à quel point c'est différent ici. »

Côté attention médiatique, il semble que les Blue Jackets font parler d'eux, mais ils ne représentent évidemment pas la coqueluche de la région. Car à Columbus, il est impossible de passer à côté des Buckeyes, l'équipe de football de l'université Ohio State.

Même Brassard ne peut passer à côté lorsqu'il en a la chance.

« J'essaye d'aller voir trois matchs par saison si possible. L'an dernier, j'ai invité mon père et mon oncle et ils avaient trippé. Ce n'est pas tous les jours qu'on peut assister à un match de football entouré de plus de 100 000 personnes. Je me surprends même à me promener sans raison autour du stade les jours de match pour sentir l'atmosphère. C'est réellement quelque chose d'impressionnant.»