Jamie Benn serait peut-être en train de pratiquer un autre sport en ce moment si les Stars de Dallas n'avaient pas sélectionné leur éventuel capitaine dans les dernières rondes du repêchage de la LNH il y a près d'une décennie.

Benn a amassé plus de points que Sidney Crosby, Patrick Kane et tout autre joueur de la LNH au cours des deux dernières saisons et il a accepté une prolongation de contrat de huit ans d'une valeur de 76 millions $US des Stars l'été dernier.

Mais la fabuleuse - et inattendue - ascension de l'un des meilleurs joueurs canadiens a failli dérailler. Bien avant qu'il ne connaisse du succès dans le circuit Bettman, Benn chérissait le baseball.

« Je crois que si je n'avais pas été repêché, le baseball aurait été mon autre option », a confié Benn lors d'un entretien avec La Presse canadienne.

Et il était très bon. Un ex-entraîneur a dit que Benn était le deuxième meilleur frappeur gaucher de l'histoire de Victoria, en Colombie-Britannique, après le joueur étoile des Blue Jays de Toronto Michael Saunders.

Benn jouait au champ centre, au premier coussin et se retrouvait parfois au monticule. Il était très rapide au champ extérieur et présentait beaucoup de puissance au bâton le genre de frappeur qui occupait le troisième rang dans une équipe. Il aimait également déposer des amortis le long de la ligne du troisième but afin de déstabiliser la défensive.

Benn est tombé en amour avec ce sport à cause de son père, Randy. Bruce Hamilton, le propriétaire, président et directeur général des Rockets de Kelowna - où Benn a joué dans les rangs juniors -, croit que Randy aurait été très fier que son fils opte pour le baseball plutôt que le hockey.

« Je crois qu'il aurait adoré que je choisisse cette voie », a admis Benn.

Benn a mentionné qu'il aimait les deux sports également, bien qu'il admette qu'il pourrait regarder du baseball à longueur de journée.

« Je connaissais très bien son père et il disait toujours que Jamie préférait le baseball », a raconté Ron Arcuri, l'entraîneur de Benn avec les Capitals de Victoria.

Puisqu'il n'enfilait pas ses patins à chaque occasion et qu'il préférait passer ses étés sur les sentiers, Benn n'était qu'un diamant brut au hockey. Son coup de patin et sa condition physique préoccupaient les recruteurs. Il n'était pas considéré comme étant un joueur paresseux, mais il ignorait tout simplement le genre de dévouement qu'il fallait pour percer dans la LNH.

Certains croient que c'est la raison pour laquelle Benn a été repêché en cinquième ronde, 129e au total, lors de l'encan de 2007.

Les Stars ont choisi quatre joueurs avant lui, et un seul a disputé un match dans le circuit Bettman. L'organisation texane était de toute évidence consciente de son potentiel, et elle ne voulait pas qu'on la questionne à son sujet.

« Nous ne voulions pas que son nom fasse partie de discussions, que des gens vérifient la disponibilité de Jamie Benn », s'est souvenu le directeur exécutif des Stars Les Jackson.

Les Stars savaient qu'ils avaient peut-être trouvé la perle rare lorsque Benn s'est illustré au camp de développement quelques semaines après le repêchage de 2007. Ce fut également une révélation pour Benn. Il a non seulement réalisé à quel point il pouvait être bon, mais a aussi compris qu'il devait modifier ses habitudes. Il devait mieux se nourrir et s'entraîner plus sérieusement, en plus de faire du hockey l'élément central de sa vie.

Puis, ce fut l'explosion. Le joueur étoile des Stars, Tyler Seguin, croit maintenant que Benn doit s'adapter à son nouveau statut de vedette.

« Il doit s'habituer au fait d'être un joueur qui sera reconnu partout où il ira et accepter la pression qui vient avec le fait d'ête considéré comme étant l'un des meilleurs joueurs de la planète, et pour y parvenir il faut qu'il adapte sa personnalité un petit peu », a expliqué Seguin.

Ce n'est pas inhabituel pour un joueur sélectionné en fin de repêchage qui excède les attentes, mais peu d'entre eux ont connu autant de succès que Benn.

Au cours des 20 dernières années, le titre de champion marqueur de la LNH a été octroyé à 13 joueurs différents. Onze d'entre eux furent des choix de première ronde. Un autre ne fut jamais repêché (Martin St-Louis) et l'autre fut Benn.

En ce moment, Benn pourrait participer à un de ses derniers matchs de baseball cette saison quelque part en Amérique, mais il jure ne pas regretter son choix d'opter pour le hockey.

« Je crois qu'au fond de moi, je savais que j'avais une meilleure chance de percer au hockey », a-t-il conclu.